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Sortie de crise : les Français attendent des vrais changements
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Sortie de crise : les Français attendent des vrais changements
La croissance verte, la solidarité, les petites entreprises et le retour à certaines valeurs sont plébiscités par les Français pour sortir de la crise. Voilà quelques enseignements de la troisième enquête sur les « mots de la crise » de l’Institut Médiascopie et de la Fédération française des sociétés d’assurances pour « Les Echos », France Inter et iTélé.
Plus d’un an après son déclenchement, la crise taraude toujours les Français. Et s’en extirper nécessitera, selon eux, une profonde remise en question du système en place. Telle est l’une des grandes conclusions de la troisième enquête sur « les mots de la crise » de Médiascopie et de la Fédération française des sociétés d’assurances (FFSA), pour « les Echos », France Inter et iTélé. Comme en décembre 2008 et en juin dernier, l’institut a demandé entre le 1eret le 4 novembre à un échantillon représentatif de plus de 300 Français de classer 180 mots sur une double échelle de proximité et d’intensité du vécu de la crise. Avec des résultats relativement proches de ceux obtenus il y a six mois. Ce qui est déjà en soi un enseignement.Les mois ont passé depuis la faillite de Lehman Brothers, mais la crise inquiète toujours autant. Les mots « licenciements » et « chômage » sont encore perçus par les personnes interrogées comme les plus menaçants. Avec le « stress au travail » et les « suicides en entreprise ».« Les Français ne voient pas le bout du tunnel et n’ont pas le sentiment que la situation s’améliore, contrairement aux experts économiques, qui notent une timide embellie »,souligne Denis Muzet, le président de Médiascopie. Les sondés« sont encore les deux pieds dans la crise ».Et ils la ressentent d’autant plus durement que s’y ajoute une nouvelle dimension : le mal-être au travail, en raison notamment de la pression mise sur les salariés.
Pour une régulation forte
Conséquence,« toutes les réformes qui, dans l’opinion publique, ne sont pas directement liées à la crise suscitent de l’inquiétude », poursuit Denis Muzet. Qu’il s’agisse de la suppression de la taxe professionnelle, du changement du statut de La Poste ou de la création de la taxe carbone. Pour une majorité de Français, ces changements sont craints« parce qu’ils pourraient conduire à une aggravation des inégalités ou renforcer les difficultés économiques actuelles ».Les déficits sont, de ce point de vue, l’une des sources de préoccupation majeures des personnes interrogées par Médiascopie. Les mots « augmentations des impôts » et « dette publique » inquiètent autant que « chômage » ou « licenciements ».Fait notable, si la menace, du côté des entreprises, se cristallisait au printemps sur les noms des quelques grands groupes industriels en détresse tel Continental, elle se focalise aujour-d’hui sur les banques. Et non parce qu’elles risquent de nouveau la faillite, mais« parce qu’elles font de nouveau des bénéfices, parfois insolents »,explique Denis Muzet. Curieux paradoxe, mais seulement en apparence.En fait, les Français interrogés par Médiascopie sont très demandeurs de régulation forte, de retour aux règles et aux valeurs. Les efforts de gouvernance mondiale, dont le récent sommet du G20 de Pittsburgh,« n’ont pas convaincu »les sondés, affirme Denis Muzet. « Transparence des marchés », « levée du secret bancaire », « limitation des bonus », « moralisation de l’économie » ou « suppression des paradis fiscaux » sont des mots plébiscités par les sondés (voir le graphique ci-dessus centré sur la sortie de crise). Tout comme ceux qui touchent à la croissance verte ou à la solidarité, déjà perçus comme très rassurants lors de l’enquête de juin (voir « Les Echos » du 17 juin). Testées pour la première fois, les mesures de soutien au PME et surtout aux TPE, ainsi que les technologies du futur se positionnent aussi très bien. Mais le grand emprunt, censé préparer l’avenir en mettant l’accent sur le développement de ces dernières, est, pour les sondés, une source de préoccupation, état des finances publiques oblige.
STÉPHANE DUPONT
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