• Reconsidérer la richesse - Patrick Viveret Par Vincent Verschoore

    Reconsidérer la richesse - Patrick Viveret

    20 Octobre 2009 Par Vincent Verschoore

    Ceci est le compte-rendu d'une conférence donnée le 15 octobre par Patrick Viveret à Cluny, organisée conjointement par  l'Université Rurale du Clunisois et le réseau COOPERE 71.

     

    Patrick Viveret, philosophe et essayiste, a participé à de nombreuses études portant sur l’évaluation des politiques publiques (1988), le développement durable, la notion de richesse (rapport « Reconsidérer la richesse », 2000/2002, commandité par le gouvernement Jospin).

     

    La méthode actuelle de comptabilisation de la richesse au niveau des nations est issue d’une logique de production industrielle développée après la seconde guerre mondiale. La comptabilité nationale valorise la production industrielle, par définition ce qui est quantifiable en numéraire, ce qui a une valeur marchande. Elle ne différencie pas entre les productions intrinsèquement bénéfiques et les productions qui sont la cause de destructions préalables (par exemple les nettoyages après marées noires, les réparations d’accidents, etc..). Ce qui a pour conséquence qu’une forte augmentation du PIB peut n’avoir aucune corrélation avec un indice de satisfaction de la population (les catastrophes naturelles ayant un impact positif sur le PIB).

     

    P. Viveret parle de « l’obsession quantophrénique » pour illustrer la surabondance d’information quantitative que génèrent les indicateurs classiques, avec en même temps un déficit d’information qualitative et un manque d’informations quantitatives pertinentes permettant de mieux approcher la réalité de la situation. Par exemple la question du « hors-bilan » au cœur des grands scandales (Enron, World Com, Parmalat…).

     

    Il constate également que le système monétaire et bancaire est devenu « systémiquement instable » avec, selon le FMI, 167 crises monétaires et 96 crises bancaires depuis 25 ans.

     

    Ce constat mène au développement de nouveaux indicateurs de richesse, non uniquement basés sur des flux monétaires. Il est nécessaire, par exemple, d’illustrer les découplages suivants :

    - richesse monétaire et richesse sociale

    - économie spéculative et économie réelle

    - impact écologie et croissance

     

    Une nouvelle approche doit remettre la question démocratique au centre du débat, doit pointer les alternatives possibles, et doit reconnaitre le double droit de compter autrement, ou de ne pas tout compter.

     

    Exemple de nouvel indicateur : l’indicateur de développement humain, qui est la moyenne de trois indicateurs : PIB par habitant en équivalent parité de pouvoir d’achat, espérance de vie à la naissance et niveau d’instruction.

     

    Autres exemples parmi ceux cités par P. Viveret :

    - Iph : pauvreté humaine (variantes pvd et pd incluant probabilité de décès avant 60 ans, illettrisme, %de personnes en dessous du seuil de pauvreté, % chômeurs de longue durée)

    - Indice de santé sociale, basé sur 16 variables élémentaires relatives aux enfants (mortalité, maltraitance, pauvreté), aux adolescents (suicide, drogues, abandon études, mères adolescentes), aux adultes (chômage, salaire, couverture assurance maladie), aux personnes âgées (espérance vie à 65 ans, pauvreté des plus de 65 ans) et aux délits violents, accidents routes, logement, inégalités revenus

     

    La comparaison de l’indice de santé sociale et du PIB montre un net découplage à partir de 1975, le PIB grimpant et l’ISS descendant en effet miroir.

     

    P. Viveret présente ensuite un « tableau de bord du développement soutenable » permettant de visualiser les différents indicateurs pays par pays, et le début des indicateurs territoriaux tel que l’Indice de Développement Humain appliqué au Nord Pas de Calais et en Belgique.

     

    De nouvelles approches voient le jour au niveau national et international, telles que le colloque du Conseil de l’Europe sur l’implication des citoyens, le réseau des villes soutenables brésiliennes ou l’expérience de Mulhouse.

     

    Reconsidérer la richesse implique de reconsidérer la monnaie, et notamment les travaux d’experts tels que Bernard Lietaer (ancien directeur de la banque centrale belge) qu’illustre le projet « Terra » pour une monnaie mondiale de développement durable, à intérêt négatif pour privilégier les investissements à long terme.

     

    Au niveau local, P. Viveret cite quelques exemples parmi les nombreuses expériences en cours aujourd’hui :

    - Aux Etats Unis : des monnaies locales comme Ithaca

    - Des systèmes d’échanges à base temps

    - Le fureai kippu au Japon

    - Des monnaies régionales en Allemagne

     

    En France, le projet SOL expérimenté dans cinq régions (Bretagne, Ile de France, Nord Pas de Calais, Rhône Alpes, Alsace) se compose de trois sous-éléments :

    - Le SOL Coopération, monnaie fondante d’achat et d’échange au sein d’un circuit d’entreprises et de personnes qui partagent des valeurs communes. 

    - Le SOL Engagement, pour des échanges de temps sur des activités répondant à des besoins sociaux sur un territoire (proche SEL ou Time Dollars)

    - Monnaie SOL, émise par les collectivités territoriales, CCAS …Outil d’aide sociale portant des valeurs de développement humain et soutenable.

     

    Les monnaies sociales régionales et la monnaie mondiale type Terra permettent de contourner, par le bas et par le haut, les blocages inhérents au système monétaire actuel et de faire ressortir les « richesses invisibles » telles que le capital social de la vie associative, le patrimoine naturel, les activités domestiques et la qualité du vivre ensemble.

     

    Le mieux-être sur lequel cette nouvelle approche doit déboucher peut se décliner comme le passage du travail au métier, de l’éducation distincte de la formation, de la retraite à l’activité choisie. Elle doit s’accompagner de politiques publiques du « temps de vie » et d’une qualité démocratique non réductible à une simple délégation de pouvoir mais basée sur l’intelligence collective.

     

    Merci à Vincent ( pour beaucoup de choses), je publie ici un article de son blog ( avec son autorisation ), sur son blog vous avez aussi un débat sur cet article, et d'autres articles. Bonne lecture

    Liens vers une viédeo sur mon blog : Patrick Viveret : reconsidérons la richesse 

    Lien vers :  Ze Rhubarbe Blog 

     

  • Commentaires

    1
    Vincent Verschoore
    Mercredi 21 Octobre 2009 à 09:01
    Je viens seulement de lire ta doc. Excuse moi pour l'ordre.
    La tribune libre te reste ouverte quand tu veut ( j'espère assez régulièrement). Aussi a des personnes que tu estime, dans la "ligne rédactionnelle".
    Merci
    2
    emile11111 Profil de emile11111
    Mercredi 21 Octobre 2009 à 09:05
    Je viens seulement de lire ta doc. Excuse moi pour l'ordre.
    La tribune libre te reste ouverte quand tu veut ( j'espère assez régulièrement). Aussi a des personnes que tu estime, dans la "ligne rédactionnelle".
    Merci
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    3
    artilleur
    Lundi 12 Juillet 2010 à 15:09
    Pourquoi un pseudo: je me nomme François TATARD 78 ans et je connais les propriétés du CO2 pour les avoir étudiées, experimentées et mise en pratique. Pas plus qu'Allégre, Hulot ou tout le GIEC vous n'êtes dans ce cas. Tapez mon nom sur le WEB vous m'y retrouverez et envoyez-moi votre Email si vous voulez les originaux. Vous pourrez alors en moins de mots parler objectivement du CO2, du méthane....
    tatardflr@orange.fr
    4
    emile11111 Profil de emile11111
    Lundi 12 Juillet 2010 à 15:23
    Ok,
    mais si vous voulez en parlez sur mon blog pas de pb non plus, vous m'envoyez un article je le publie.
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