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  • Le grand défi du recyclage des déchets électroniques

    En Inde, la récupération des métaux est incitée à adopter des méthodes plus respectueuses de l'environnement


    New Delhi Correspondance

                Asif Pasha a quitté les bidonvilles de Bangalore il y a quatre ans. Il faisait partie des deux cents recycleurs informels de Gowripalya, un quartier de cette ville de l'ouest de l'Inde. Dans sa petite échoppe, les employés triaient les déchets électroniques, les mains nues, à même le sol. Ils sont aujourd'hui équipés de masques, de gants, et travaillent dans un petit local ventilé, installé dans une zone industrielle. Asif Pasha n'est plus un recycleur comme les autres. Il est désormais " président-directeur général " d'une petite entreprise, E-WaRDD, qui a pignon sur rue.

    Dans un pays où 95 % des déchets électroniques sont recyclés par le secteur informel, Bangalore, avec ses six ateliers de traitement agréés par le gouvernement, fait figure de pionnière. S'il n'est pas réalisé dans les règles de l'art, le traitement des déchets électroniques nuit à l'environnement et menace la santé des travailleurs.

    Dans le quartier de Gowripalya, les circuits électroniques sont brûlés à l'air libre et les solutions à base d'acide utilisées pour nettoyer les métaux récupérés sont rejetées dans la nature sans être traitées. Les travailleurs, payés entre un et deux euros par jour, souffrent de problèmes respiratoires et de maladies cutanées.

    A Bangalore, capitale indienne de l'informatique, le sort des déchets électroniques ne pouvait laisser indifférentes les 1 200 sociétés du secteur des nouvelles technologies, pour la plupart soucieuses de leur image d'entreprises responsables. Certaines d'entre elles cèdent ainsi leurs déchets à des prix inférieurs à ceux pratiqués généralement dans le secteur informel, contre la garantie d'un recyclage respectueux de l'environnement et de la santé. " La perspective de gros contrats d'approvisionnement m'a convaincu de sortir du secteur informel ", reconnaît Asif Pasha. Il a dû investir 15 000 euros dans l'achat de nouveaux équipements et, surtout, apprendre à rédiger des présentations sur Powerpoint, à envoyer des devis chiffrés et à négocier des contrats. Ses quinze employés ont reçu une formation. Le projet a reçu le soutien technique du Laboratoire fédéral des essais de matériaux et de recherche (EMPA), basé en Suisse, et de l'Agence allemande de coopération technique dans le développement durable (GTZ).

    Après quatre ans d'efforts, le bilan est mitigé : " Les gros clients ont encore du mal à nous faire confiance, peut-être parce que nous venons du secteur informel. Et le marché est encore trop petit ", regrette Asif Pasha. Son usine, qui a une capacité mensuelle de recyclage de 60 tonnes, fonctionne seulement à 10 % de sa capacité. Depuis qu'il a surpris ses ouvriers en train de faire la sieste, faute de travail, il a réactivé ses vieux réseaux dans le secteur informel afin de recycler davantage de déchets électroniques.

    " Si le gouvernement n'oblige pas les entreprises à confier leurs déchets à des ateliers agréés, comment voulez-vous qu'on s'en sorte ? ", demande Peetambaram Parthasarathy, directeur de E-Parisaraa, une usine de recyclage installée à Bangalore. Contrairement au secteur informel, E-Parisaraa ne revend pas les composants trouvés dans les appareils électroniques, mais se contente d'en extraire les métaux précieux ou le plastique. M. Parthasarathy a dû lui-même construire ses machines, afin de limiter les dépenses. Et le tri se fait manuellement. " Grâce à une main-d'oeuvre à bas coût, le tri manuel nous offre un rendement maximal, ce dont nous avons crucialement besoin ", explique-t-il.

    Pour encourager l'activité des ateliers agréés, certains industriels plaident en faveur d'une interdiction du secteur informel. " Mais celui-ci fait vivre en Inde environ 25 000 personnes, et ne disparaîtra pas, de toute façon ", remarque Wilma Rodrigues, directrice de Sahaas, une organisation non gouvernementale basée à Bangalore, qui soutient le développement d'une filière officielle de traitement des déchets électroniques.

    " Il faut plutôt aider les travailleurs à sortir petit à petit du secteur informel ", estime-t-elle. Pour cela, son organisation a installé des collecteurs de déchets électroniques dans 150 entreprises, résidences et écoles de la ville. Plus de 400 kg de batteries usées et de portables défectueux sont ainsi redistribués chaque mois aux ateliers agréés.

    Malgré la création, en 2005, d'une agence indépendante chargée de promouvoir une filière de recyclage organisée, EWA (E-Waste Agency), seulement neuf ateliers ont été agréés à ce jour dans le pays, à Bangalore et Chennai. " Nous devons améliorer à la fois notre assistance technique et le cadre réglementaire, pour encourager les recycleurs à sortir du secteur informel ", estime un de ses responsables, Jagannadha Rao, avant de reconnaître que " la question de la viabilité du modèle économique reste encore floue ".

    Julien Bouissou


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  • Il paraît que Goldman Sachs spéculerait sur la faillite de la Grèce après l'avoir aidée à camoufler son endettement, et ce, à l'insu de l'Union européenne tout entière. Et l'instrument diabolique qui aurait permis ce camouflage ne serait rien d'autre qu'un simple swap de devises, dont le mécanisme est pourtant compréhensible par n'importe quel homme politique, même de mauvaise foi ! On en aura entendu, pendant ces presque trois années, des énormités toutes plus grosses les unes que les autres. Mais, c'est bien connu, le ridicule ne tue pas.

    Depuis trois ans, l'objet de toutes les tromperies porte sur la spéculation. Pas un politique, en France, ne la fustige, sans d'ailleurs expliquer ce en quoi elle consiste et son utilité. La spéculation serait la mère de tous les maux dont souffrent les marchés financiers. On doit donc la « kärcheriser ». Tel est le discours de ceux qui nous gouvernent comme de ceux, pas plus avisés, qui miment une faiblarde opposition. Mais les Français, ceux qui ne sont pas au fait de ce qui se passe dans la sphère financière, savent-ils que les pouvoirs publics soutiennent, pour ne pas dire promeuvent, ceux qui jouent, ceux qui se livrent à des paris financiers ? La loi les protège même contre toute attaque judiciaire. Pour s'en rendre compte, il suffit de faire un peu d'histoire et de lire la loi.

    En principe, la loi française n'accorde aucun droit aux parieurs : ils ne peuvent aller en justice ni pour réclamer leur gain ni pour demander le remboursement des sommes perdues. C'est une façon bien hypocrite que d'interdire les paris, en les privant d'effets ; c'est ce qu'on appelle « l'exception de jeu ». La loi anglaise, elle, plus radicale, frappe les paris de nullité.

    Dès 1881, la question s'était posée de savoir si certaines opérations financières n'étaient pas, en réalité, de vulgaires paris. Les juges avaient alors considéré qu'il n'y avait pas pari lorsqu'il est possible de penser que l'opération financière ne se solde pas par le paiement d'une différence entre deux actifs, mais par la livraison de ces actifs. En clair, une opération purement financière est un pari si aucun actif n'est livré. Quand on sait que la quasi-totalité des produits dérivés dans le monde se règle par le paiement d'une différence, et non par une livraison, une telle jurisprudence supprimerait tous les marchés financiers à terme. Ce n'est pas un hasard si, lorsqu'un nouveau produit dérivé arrive sur le marché, les professionnels demandent un avis juridique pour s'assurer que ce nouveau produit ne risque pas d'être qualifié de pari. Ce fut le cas en 1997 lorsque les premiers CDS (« credit default swap ») ont vu le jour.

    Ce n'est pas un hasard, non plus, si l'article L. 211-35 du Code monétaire et financier dispose que « Nul ne peut, pour se soustraire aux obligations qui résultent de contrats financiers, se prévaloir de [l'exception de jeu], alors même que ces opérations se résoudraient par le paiement d'une simple différence ». En d'autres termes, un contrat financier qui ne serait rien d'autre qu'un pari échapperait à l'exception de jeu qui frappe les paris non financiers ! Pourquoi une telle dérogation en faveur de la finance ? Tout simplement parce que les pouvoirs publics craignent que les produits dérivés soient requalifiés en paris, ce qui serait la mort des marchés à terme. Pourtant, si les produits dérivés étaient toujours économiquement justifiés, ce risque n'existerait pas. Mais il faut croire que tel n'est pas le cas : il suffit de surfer sur le Net pour se rendre compte que des sites financiers proposent au public de parier sur des indices boursiers et autres actifs financiers. Et l'on ne peut s'empêcher de rapprocher cette loi pousse-au-crime aux cris d'orfraie des politiques face à la spéculation financière. Les pouvoirs publics doivent, d'urgence, se soigner de cette schizophrénie : fustigeant la spéculation en public, ils l'enfantent en coulisses.
    Point de vue Alain Gauvin Avocat, Lefèvre Pelletier & Associés

    OUI, Mais quant nos hommes politiques auront-ils le courage de le dire.


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