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  • La crise a relancé le débat sur l'immigration aux États-Unis

     


     

    À l'aube du scrutin du 2 novembre, les partisans d'une ligne dure contre l'immigration illégale ont marqué des points. Obama tente de conserver le soutien de l'électorat hispanique.

    We will remember in November » : cette menace, nombreux sont les électeurs américains qui l'ont brandie à la veille des législatives du 2 novembre. Mais les Hispaniques et les immigrants en général en ont sans doute fait usage les premiers. S'ils ont massivement voté pour le candidat démocrate à l'élection présidentielle, il y a deux ans, c'est parce qu'ils avaient l'espoir de voir le sort de leurs compatriotes - 11 millions de personnes entrées illégalement sur le sol américain - s'améliorer. George W. Bush avait bien initié une régularisation des clandestins en 2004, alors pourquoi pas les démocrates, censés être encore plus favorables à une amnistie ?

    Mais la crise est passée par là. Le président Obama a dû privilégier un plan de relance, puis s'est battu pour faire adopter la réforme de la santé. Les immigrants ont été oubliés. Pas par tout le monde, cependant. Comme dans toutes les périodes de fort chômage et d'insécurité économique, des voix se sont élevées, largement relayées par certains animateurs de télévision, pour non seulement refuser l'idée d'une amnistie, mais demander le rapatriement forcé des clandestins ainsi qu'une protection accrue des frontières.

    Débat emblématique

    Si le plan de sauvetage des banques, puis celui de l'économie tout entière, ont cristallisé la grogne des Américains moyens, dont certains se sont regroupés dans le mouvement des « tea parties », le débat sur l'immigration est emblématique du virage à droite opéré par l'électorat républicain en particulier. Ainsi, le sénateur John McCain, ancien candidat de ce parti à la présidentielle et favorable à cette époque à une régularisation des immigrants illégaux, a dû, afin de rester dans la course pour les législatives de 2010, tourner casaque lors des primaires et épouser les thèses des tenants du tea party. Alors qu'il avait été, en 2007, à la pointe d'un projet de réforme de l'immigration, auquel il avait travaillé de concert avec des élus démocrates, il a défendu la loi sur l'immigration de son État, l'Arizona - si féroce qu'elle a été depuis rabotée par la justice - et fait l'apologie d'un mur qu'il avait condamné dans le passé. Mais les Hispaniques et les autres immigrants n'ont pas l'intention d'en rester là. Et Obama le sait. Du coup, il a, ces derniers jours, multiplié les appels du pied en direction de cet électorat, crucial pour limiter les dégâts aux législatives. Interview sur la chaîne hispanique Univision, visite à Los Angeles, où la communauté est fortement représentée, promesse de réforme migratoire : il a tout tenté. Difficile, cependant, de convaincre, chez lui comme à l'étranger. Lors d'un prochain voyage en Inde, il devra ainsi faire face à la fronde des patrons de la high-tech, d'Infosys à Wipro, qui ont déjà annoncé leur intention de lui dire tout le mal qu'ils pensent de l'augmentation du prix des visas pour les ingénieurs informatiques indiens travaillant aux États-Unis.

    En fait, c'est peut-être la crise économique qui résoudra le problème de l'immigration. Selon les dernières estimations du département de la Homeland Security, elle rebute les candidats au départ. Et certains immigrants sont rentrés chez eux, faute de travail, dans la construction ou d'autres secteurs, laminés par la crise. De 11,6 millions en 2008, les clandestins n'étaient déjà plus que 10,8 millions en 2009.

    Par Lysiane J. Baudu


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  • La Commission européenne devrait adresser aujourd’hui un avis motivé à Paris pour lui demander d’étendre le bouclier fiscal aux contribuables domiciliés ailleurs qu’en France, en particulier s’ils y perçoivent l’essentiel de leurs revenus.


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  • LA CRISE N'EST PAS FINIE - 2007-2010: voici trois ans que notre économie est en crise. Jean-Hervé Lorenzi, président du Cercle des économistes étudie la période récente et nous livre son diagnostic: pour en sortir, il va falloir régler des problèmes structurels graves.

     


    Un trader de la Bourse de Frankfort, le 17 août 2007. REUTERS/Kai Pfaffenbach -

    Les débats économiques sont parfois simplistes et décalés par rapport à la réalité. C’est ainsi que nous avons passé les six derniers mois à écouter des débats stériles pour savoir si nous étions confrontés à une reprise franche, à une reprise molle, ou à une rechute (le fameux «double-dip»). Les analystes, en début d’année, regardaient avec optimisme la forte croissance aux Etats-Unis et les signes d’accélération de l’Allemagne, et évoquaient le risque d’inflation; aujourd’hui ils se concentrent sur le freinage de la croissance américaine et le risque de déflation. Ceci illustre la confusion qui est faite entre un cycle économique normal et la crise que nous vivons, c’est-à-dire un certain nombre de dérèglements fondamentaux de l’économie mondiale.

    L'économie est toujours déréglée

    En réalité, un certain nombre d’évolutions sont du domaine du prévisible. La crise est loin d’être finie, comme le montrent l’insolvabilité croissante des ménages aux Etats-Unis ou en Espagne, la taille des déficits publics, le niveau du chômage, etc., et ceci implique que le scénario le plus probable est celui d’une croissance molle et durable dans les pays de l’OCDE.

    Mais sortir de cette croissance molle imposerait d’être capables de résoudre un certain nombre de problèmes structurels graves (le surendettement des ménages et des Etats, la recherche de rendements anormalement élevés du capital, les transferts massifs d’activités et des capacités de production des pays de l’OCDE vers les pays émergents) et d’éviter les dangers liés aux faux remèdes qui ont été mis en place (l’expansion non maîtrisée des liquidités à l’échelle mondiale, conduisant à la volatilité dramatique, à nouveau, des prix des matières premières, aux flux de capitaux déraisonnables vers les pays émergents).

    Alors, on peut dire aujourd’hui sans risque de se tromper que nous sommes encore dans des dérèglements de l’économie mondiale qui sont le synonyme de crise. Pour cela, parmi de nombreux autres, un indicateur permet de comprendre à quel point il y a comme une impossibilité de réguler l’économie mondiale. En effet, les bilans des banques centrales attestent de ces difficultés rémanentes. En janvier 2007, le bilan de la BCE était de 900 milliards d’euros tandis que celui de la FED approchait les 1.200 milliards de dollars. En 2010, le bilan des deux banques centrales majeures ont doublé pour atteindre 1.971 milliards d’euros pour la BCE et 2.300 milliards de dollars pour la FED, comme le montre le graphique ci-dessous.

    Source: Bloomberg

    Jusqu’à mi-septembre 2008, l’allocation des actifs des banques centrales avait progressivement évolué vers des opérations de refinancement de maturité croissante. Le 15 septembre 2008, la faillite de Lehman Brothers amorce une seconde phase, dont nous ne sommes pas réellement sortis, avec la reprise d’actifs financiers complexes non liquides par les banques centrales. Pourquoi? Parce que les actifs financiers au bilan des banques apparaissaient difficiles sinon impossibles à évaluer. Des milliards d’euros de produits structurés ne valant plus rien grevaient les bilans des banques qui ne se prêtaient plus entre elles. La titrisation avait aggravé la situation en réunissant au sein de mêmes produits structurés, des actifs  de qualité et d’autres dépréciés, empêchant la lecture transparente des bilans des banques.

    La principale inquiétude réside aujourd’hui dans le fait que le bilan des banques centrales n’a presque pas évolué depuis cette défaillance. L’intervention des banques centrales fut d’abord une solution d’urgence pour soutenir un secteur financier indispensable au financement de l’économie. Or, ces interventions n’ont que partiellement relancé la liquidité interbancaire. Les banques centrales n’ont encore d’autre alternative que de conserver les actifs dépréciés. Cela nous montre que la crise risque de se prolonger, car les banques, une fois leurs fonds propres reconstitués, devront apurer leur passif auprès des banques centrales pour que l’activité interbancaire reprenne. Or, ceci est une condition sine qua none à la reprise d’une croissance vigoureuse. Plus fondamentalement, la logique des évènements 2007-2010 fut unique, liée à un déséquilibre de l’économie réelle. Certes, les chocs financiers furent divers, mais ils procédaient tous d’une même raison, l’abondance de liquidités et sa conséquence: le surendettement des ménages et des Etats. 

    Jean-Hervé Lorenzi

    La suite dans les jours à venir :

    1. Nous sommes au cœur d'une crise de l'économie réelle

    Lorsque, dans quelques années, l'on réexaminera cette période, on s'apercevra que jamais le monde ne fut confronté à un tel transfert d'activités des pays de l'OCDE vers les pays émergents. Pourquoi une telle brutalité dans ces mouvements, source de tensions macro-économique insoutenables?

    Nous sommes au cœur d’une crise de l’économie réelle (1/5)

    2. Une crise déclenchée et entretenue par l'excès de liquidité 

    Le mot important est «inutile». Il est impossible de comprendre l'origine de la crise bancaire, l'incroyable créativité en termes de produits financiers totalement désolidarisés de l'économie réelle si nous n'avons pas en perspective cette masse inconnue jusqu'alors, par son ampleur de liquidités auxquelles les banquiers ont trouvé des usages purement financiers.

    Une crise déclenchée et entretenue par l’excès de liquidité (2/5)

    3. La dérive des processus et produits financiers

    Pour bien comprendre les crises financières telles qu’elles ont pu se développer dans ces trois dernières années, tant celles des subprimes que des dettes souveraines, il faut en prendre le produit le plus emblématique, le plus discutable car il présente des aspects négatifs mais également positifs de cette période d’explosion de la finance. Il s’agit évidemment de la titrisation.

    La dérive des processus et produits financiers (3/5)

    4. Les conséquences des dérives financières 

    Le résultat de ces excès, de ces risques inutiles, de ces erreurs de conception, ne s’est pas fait attendre. Un monde sans liquidités organisées fait peur, crée ce qui est le cœur de toute crise financière, c’est-à-dire la perte de confiance. 

    Les conséquences des dérives financières (4/5)

    5. Trois points d'inquiétudes 

    Partie d’un déséquilibre majeur entre l’offre et la demande de biens à l’échelle mondiale, d’un excès d’épargne et d’une explosion de liquidités, la crise n’est aujourd’hui pas finie.

    Trois points d'inquiétude (5/5)


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