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    Par Martine Orange

    «Nous avons changé», soutenait Baudoin Prot, directeur général de BNP Paribas lors de la présentation des résultats, mardi 4 août. «Plus rien ne sera comme avant», entonnait en chœur la profession bancaire au plus noire de la crise bancaire de l'hiver 2008, au moment où elle tendait la sébile pour obtenir des milliards de l'Etat. «Je n'hésite d'ailleurs à dire que les modes de rémunération des dirigeants et des opérateurs doivent être encadrés. Il y a eu trop d'abus, il y a eu trop de scandales. Alors ou bien les professionnels se mettent d'accord sur des pratiques acceptables ou bien le gouvernement de <st1:personname productid="la République" w:st="on">la République</st1:personname> réglera le problème par la loi avant la fin de l'année», tonnait Nicolas Sarkozy lors de son discours de Toulon le 25 septembre 2008. «La seule loi du marché, c'est fini; l'autorégulation, c'est fini; les rémunérations excessives, c'est fini», insistait-il

    Et puis, tout a continué. Mais faut-il s'en étonner? L'Etat, en dépit des déclarations, n'a rien fait pour que cela change. Porté par une reprise des marchés (+12,6% en six mois pour le Cac 40), bien déconnecté de la réalité de l'économie, le monde bancaire a donc retrouvé ses bonnes vieilles habitudes: primes et bonus à tous les étages. Comme l'a révélé Libération, BNP Paribas a provisionné 1 milliard d'euros au deuxième trimestre pour assurer les bonus de ses traders à la fin de l'année. La banque essaie de nuancer la portée de l'information: il ne s'agit que des provisions, les bonus ne seront acquis qu'au vu des résultats annuels.

    Derrière, les autres banques se font toutes petites. Des bonus, elles en distribueront peut-être mais il faut attendre la fin de l'année pour vraiment savoir. Aucune transparence n'existant sur le sujet, il est difficile d'évaluer la réalité des bonus qui se préparent, d'autant qu'un certain nombre de banques ont converti une partie des rémunérations variables en fixe, afin de «conserver les meilleurs».

    BNP-Paribas, en tout cas, n'est pas la seule à se préparer à augmenter les bonus, à en juger par les résultats publiés par <st1:personname productid="la Société" w:st="on">la Société</st1:personname> générale ce mercredi. Son activité banque d'investissement et de financement, celle qui emploie le plus d'opérateurs de marché, a vu son produit net bancaire baisser de 3,7 % à 2,1 milliards d'euros au premier semestre. Elle affiche une perte nette de 426 millions d'euros sur la même période, en raison de nombreuses dépréciations d'actifs. Pourtant, ses frais de gestion –composés des salaires, des frais opérationnels comme l'informatique mais aussi des provisions pour les bonus– ont continué à augmenter de 6% à plus de 2 milliards d'euros. Pour le seul deuxième trimestre, période faste sur les marchés, les frais de gestion ont progressé de 18% pour retrouver des niveaux comparables à ceux de deuxième trimestre 2007, où les marchés nageaient en pleine euphorie. Les autres banques n'ont pas encore publié leurs comptes mais les comportements risquent peu de diverger par rapport à leurs concurrents.

    • ·  Opacité entretenue

    La critique fondamentale d'Andrew Cuomo, procureur général de New York, sur les pratiques de Wall Street s'applique à merveille aux banques françaises. «Quand les banques vont très bien, les salariés sont très bien payés; quand leurs résultats sont médiocres, les salariés sont encore bien payés; quand elles sont au bord de la faillite et ont besoin d'être sauvées par les contribuables, ils sont toujours bien payés». L'ennui est qu'il n'y a aucun Andrew Cuomo en France qui ait envie de faire la lumière complète sur les agissements des banques et de mettre en regard les aides versées par l'Etat et les rémunérations et primes versées aux salariés bancaires, de contrôler l'utilisation de l'argent public. Et l'opacité la plus complète est soigneusement entretenue par les banques sur le sujet.

    Car, même si elles ne le disent pas, elles ont continué à verser des bonus, même au pire moment de la crise à leurs opérateurs de marché, tout en recevant d'une autre main 20 milliards de fonds propres de la part de l'Etat, et plus de 60 milliards d'euros pour de refinancements de crédits à des taux privilégiés. Natixis, la filiale commune des Caisses d'épargne et des Banques populaires, a ainsi versé 90 millions d'euros à ses traders. Anné historique, il est vrai: la banque a perdu 2,6 milliards d'euros en 2008 et ses deux actionnaires principaux ont accepté plus de 5 milliards de l'Etat. Calyon, la banque de marché du Crédit agricole a enregistré une perte annuelle de 2,9 milliards d'euros. Mais ses frais de gestion ont continué à augmenter à 2,6 milliards d'euros. Le Crédit agricole a reçu 3 milliards d'euros de fonds publics.

    La banque d'investissement et de financement (CIB) de BNP-Paribas a accusé une perte de 1,18 milliard d'euros en 2008. Ses frais de gestion «notamment grâce à une forte réduction des bonus» note le rapport annuel de la banque, ont diminué de 22,4%. Ils représentaient encore 3,7 milliards d'euros. Quelle est la part des bonus? Le chiffre est confidentiel, selon la banque. BNP Paribas a obtenu 5 milliards d'euros sous forme d'actions privilégiées de la part de l'Etat. La banque d'investissement de <st1:personname productid="la Société" w:st="on">la Société</st1:personname> générale a perdu 235 millions d'euros en 2008. Mais les frais de gestion, malgré une forte baisse des rémunérations variables, comme le note le rapport annuel, ont augmenté de 5,3% à 3,4 milliards d'euros.

    Selon une étude de l'Agefi publiée en avril 2009, les bonus des traders ont diminué en moyenne de 40% à 50% l'an dernier. La baisse a affecté tous les métiers. Certains n'ont bénéficié même d'aucun bonus. Mais cela n'a pas remis en cause le fonctionnement du système. En moyenne, la part variable représente entre 100 et 150.000 euros pour les traders, qui vient s'ajouter à un salaire moyen compris entre 55.000 et 78.000 euros. Il y a bien sûr les super stars qui touchent bien au-delà du million d'euros de bonus par an. Les banques se montrent très discrètes sur leur cas, «au nom de la concurrence».

    • ·  Ethique bancaire

    Au printemps dernier, le premier ministre François Fillon avait répété que le gouvernement ne resterait pas inactif face à certaines pratiques bancaires. Après la rémunération des dirigeants d'entreprises aidées, un décret allait être pris «visant à interdire toute distribution de stock options, tous les bonus dans les entreprises aidées». Le projet a été oublié.

     Le code éthique mis en place par la profession est censé largement suffire pour mettre un terme aux abus. Celui-ci prévoit de prendre en compte dans le calcul des rémunérations variables les coûts liés des opérations jusqu'à leur terme et d'étaler les bonus en tenant compte des résultats à moyen et long terme. Aller plus loin, expliquèrent les banquiers, revenait à faire courir un risque de déclassement pour les banques françaises, les meilleurs traders fuyant vers des lieux plus compréhensifs. A terme, ce serait toute <st1:personname productid="la Place" w:st="on">la Place</st1:personname> de Paris qui serait pénalisée. Le pouvoir s'inclina donc devant cet argument massue, demandant toutefois, un code de bonne conduite pour les entreprises aidées.

     Dans un rapport publié en juin sur les aides au monde bancaire, <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> des comptes dresse un premier constat de ce code de bonne conduite. Les banques aidées se sont engagées, note-t-il à «présenter à <st1:personname productid="la Commission" w:st="on">la Commission</st1:personname> bancaire, dans les six mois suivant la conclusion de la présente convention, une politique adaptée de rémunération des opérateurs de marché, permettant à <st1:personname productid="la Commission" w:st="on">la Commission</st1:personname> bancaire d'en apprécier l'impact sur le profil de risque du Groupe. Il s'agit donc d'un engagement limité à l'obligation de présenter un rapport à <st1:personname productid="la Commission" w:st="on">la Commission</st1:personname> bancaire, de surcroît assez flou: aucune disposition ne précise même les grandes lignes de ce que doit être une politique adaptée de rémunération. En outre, le manquement éventuel à cette obligation n'est assorti d'aucune sanction directe. »

    Bilan: les banques qui ont répondu à <st1:personname productid="la Commission" w:st="on">la Commission</st1:personname> bancaire semblent avoir des interprétations très différentes de leurs engagements. Certaines prennent toutes les activités, d'autres non, incluent de façon variable les risques, s'engagent à ne pas verser de nouveaux bonus mais maintiennent ceux qui existaient au préalable. Bien sûr, les filiales étrangères ne sont pas incluses dans le périmètre ce qui donne une plus grande latitude d'action.

    La provision de 1 milliard faite par BNP Paribas pour honorer le versement à venir des bonus illustre en tout cas la relativité de la prise en compte du long terme pour les rémunérations variables. Tout reste calculer trimestre par trimestre, comme au bon vieux temps.

    L'impuissance organisée de l'Etat

     Sans doute est-ce l'été. Mais le gouvernement est jusqu'à présent resté muet sur l'affaire des bonus. Il découvre comme tout le monde ce qui se passe dans les banques. Et les exhortations de Christine Lagarde, qualifiant la culture des bonus garantis comme une «honte absolue» n'ont pas suffi à mettre un frein à ces pratiques.

     En renonçant à prendre la moindre disposition contraignante à l'égard des banques aidées, il s'exposait à se retrouver dans une telle situation. A maintes reprises, des économistes comme des députés l'ont mis en garde contre cette excessive confiance à l'égard des banques. L'utilisation de l'argent public, ont-ils rappelé, devait au moins être contrôlée. Sans aller jusqu'à des interdictions ou des textes législatifs contraignants, le pouvoir s'est même privé d'avoir au moins un rôle de modération, en refusant de siéger dans les conseils d'administration des banques aidées. En présence de ses représentants, les directions des banques auraient-elles eu la même facilité à accorder des bonus? En tout cas, il leur aurait au moins fallu s'expliquer de façon approfondie sur les modes de rémunération qu'elles entendaient mettre en œuvre. Là, rien, aucun contrôle, aucune demande.

     Ce refus d'exercer le moindre rôle dans les banques aidées est critiqué, y compris par <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> des comptes. «Dans la position où il se trouve, l'Etat supporte les mêmes risques qu'un actionnaire normal: il peut être amené, comme tout actionnaire, à supporter le coût de mauvaises décisions de gestion. Mais n'étant pas représenté dans les organes de gouvernance, il ne peut émettre d'opinion sur ces décisions de gestion et se prive ainsi d'une source d'information de première importance. L'Etat, pour protéger au mieux ses intérêts patrimoniaux, doit donc se donner les moyens d'être informé des décisions prises au sein des établissements bancaires, qui sont susceptibles d'affecter la valeur de sa participation», insiste-t-elle. «Par conséquent, ajoute-t-elle, si les concours publics devaient être significativement accrus ou prolongés dans le temps, le dispositif actuel devrait être revu, afin d'envisager la nomination par l'Etat de représentants au sein des banques.»

     Depuis, la suggestion de <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> des comptes semble avoir été enterrée. Nicolas Sarkozy veut bien continuer à parler de la réforme du capitalisme, faire de grandes déclarations dans toutes les instances internationales. Le prochain sommet du G20 aux Etats-Unis en septembre va lui donner l'occasion de reparler abondamment du sujet. Mais lorsqu'il s'agit seulement de veiller à la bonne utilisation de l'argent public, d'imposer un minimum de contreparties aux aides publiques, plus rien n'est exigé, même pas la transparence. Le hold up du monde financier peut continuer en toute impunité.

     

    Je publie cet article car il retrace vraiment ce qui se passe, mais il est Largement trop gentil. Maintenant il faut réagir et c’est à nos politiques de le Faire.
    De plus si ces messieurs les banquiers et/ou Traders se trouvent pas assez bien payés mais qu’ils partent qu’ils aillent ailleurs. Je pense qu’ils y aura des déçut. Cette histoire de l’excellence pour certain j’aimerais bien que l’on juge sur pièce (car après tout ils ont réussit un sacré festival).

    Le marché des matières premières est exposé aux caprices des traders 

    Je mets cet article qui finalement tombe assez bien , pour montrer les "dégats"  que font les traders. Le coté pervers des choses. c'est pas les rémunérations, mais les conséquences sur la vie "réelle" et les gens qui produisent, autre chose que du virtuel.

    La question est la.



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  • Le point de vue de l'agence économique et financière Breakingviews. com





    La récession n'a pas fini de sévir, et pourtant le pétrole est passé en peu de temps de 34 à 72 dollars le baril. Les cours du cuivre, du sucre et du minerai de fer sont eux aussi en forte hausse. Faut-il y voir le résultat d'une collusion entre les traders, les spéculateurs et les banques d'affaires ? <st1:personname productid="La Financial Services" w:st="on">La Financial Services</st1:personname> Authority (FSA), l'instance de régulation financière britannique, a souhaité se pencher sur cette question, dans le sillage de son homologue américaine.

    Le débat est houleux. D'un côté, il y a ceux qui s'en tiennent au bon sens. Les fonds placés en matières premières et les spéculateurs sont à la fois à l'affût et à l'origine des fluctuations du marché. Ils ont tendance à amplifier les variations nées du jeu naturel de l'offre et de la demande des entreprises industrielles. De l'autre, il y a les avocats qui défendent les intérêts d'un secteur très lucratif, et une masse d'informations équivoque. On peut en effet trouver des données démontrant que ce sont les " fondamentaux " qui déterminent les prix, surtout si l'on prend en compte les paramètres financiers et les anticipations des producteurs.

    Les autorités de régulation sont en train de mettre au point toute une série de réformes, dont l'axe central est le principe de transparence. On voit bien qu'une plus grande transparence limiterait les possibilités de manipulation, mais on a en revanche du mal à imaginer comment on pourrait encadrer des marchés souvent vastes et liquides.

    Or, ce n'est pas en pourchassant les spéculateurs que l'on atténuera la volatilité des cours. Les marchés des matières premières sont fortement influencés par les données financières : l'argent bon marché les fait flamber, la raréfaction du crédit les fait plonger. Tant qu'il en sera ainsi, ils resteront un terrain de jeu privilégié pour les traders. Même si l'on arrivait à en déloger certains sur un marché donné, on en verrait aussitôt apparaître d'autres ailleurs.

    Réduire la volatilité

    Il existe deux méthodes efficaces pour réduire la volatilité du cours des matières premières, mais elles ne relèvent pas de la compétence des autorités de régulation. L'une est de lutter contre l'argent bon marché. Une inflation basse, des taux d'intérêt réels suffisamment élevés et stables, une offre de crédit serrée modéreraient la convoitise des spéculateurs. L'autre consiste à prendre comme référence les coûts de production plutôt que les cours instantanés. La plupart des matières premières sont extraites de mines et de puits qui produiront pendant plusieurs décennies, et sont destinées à des clients qui ont besoin d'un approvisionnement régulier et qui gagneraient à ce que les prix soient stables. Pourtant, en quelques dizaines d'années, on a pris l'habitude de laisser des marchés volatils fixer les cours, marchés qui sont maintenant eux-mêmes soumis aux aléas de la finance, et non de ceux de l'industrie.

    Si l'on trouve une solution pour renverser ce processus, alors il ne sera plus nécessaire d'organiser la chasse aux sorcières dans les milieux spéculatifs.

    Edward Hadas

    (Traduction de Christine Lahuec)

     

    Je mets cet article qui finalement tombe assez bien , pour montrer les "dégats"  que font les traders. Le coté pervers des choses. c'est pas les rémunérations, mais les conséquences sur la vie "réelle" et les gens qui produisent, autre chose que du virtuel.

    La question est la.
    Bonus des traders 


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  • Une vidéo a regarder et a reregarder. Tout s'y trouve. Si aprés cela .............Enfin !!!


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  • L'indice ISM services vient de sortir. Il est beaucoup moins bon qu'attendu, et en plus en baisse. L'économie américaine est beaucoup plus sensible aux services qu'a l'industrie manufacturiére. ( environ 70/30).L'ISM manufacturier lui était en forte hausse.

    Cependant il reste sous les 50 ce qui signale toujours la récession. attention un premier signal s'allume

     

    ISM indicateurs Avancés juillet 2009 


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