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  • A quand la voiture qui dépollue l’atmosphère ?

    Les entreprises japonaises misent plus que jamais sur l’innovation technologique. Car c’est leur principal atout pour s’imposer sur les marchés mondiaux.

    Nihon Keizai Shimbun

    De l’acier produit en quelques minutes au lieu des huit heures habituellement nécessaires. Une moto qui contrôle elle-même son équilibre et évite les chutes. Un livre électronique ultrafin, incassable et pliable. Ce ne sont pas des rêves d’ingénieurs, mais quelques-uns des atouts de la technologie de pointe japonaise.

    Au bout de quinze ans de travail, Kobe Steel a en effet réussi à développer un procédé ultrarapide de fabrication de l’acier [baptisé ITmk3, Ironmaking Technology Mark Three]. Il consiste à introduire du minerai de fer et du charbon dans un four de forme circulaire, et de faire chauffer le mélange à haute température pour obtenir de la fonte. Cela va quarante-huit fois plus vite que la méthode classique, laquelle recourt aux gigantesques hauts-fourneaux. La première usine de ce type vient d’entrer en service à la mi-janvier dans le Minnesota, aux Etats-Unis.

    Durant la période de forte croissance [1955-1973], l’industrie sidérurgique japonaise s’était dotée de gigantesques aciéries. Un demi-siècle plus tard, le contexte international a totalement changé. Avec la montée en puissance des Chinois et le succès d’ArcelorMittal, dont le patron d’origine indienne [Lakshmi Mittal, naturalisé britannique] est réputé pour ses acquisitions d’entreprises [en difficulté], plusieurs pays produisent aujourd’hui plus d’acier que le Japon. “Il faut se battre avec des technologies originales, inimitables”, explique Hiroshi Sato, 64 ans, PDG de Kobe Steel. Si son nouveau procédé n’est pas adapté à la production de masse – il ne permet de produire que 500 000 tonnes par an –, il permet en revanche l’utilisation d’une matière première de mauvaise qualité et dégage 20 % de dioxyde de carbone de moins qu’un haut-fourneau classique. Des sidérurgistes des pays émergents et des compagnies minières se montrent déjà intéressés. L’exportation de cette technologie permettra de réaliser des profits partout dans le monde.

    De son côté, Honda s’est lancé dans le développement d’une moto qui ne se renverse pas. Le groupe disposait de la base technologique : Asimo, le robot bipède. Son système de contrôle d’équilibre a déjà permis la mise au point d’un monocycle électrique, le U3-X, qui se déplace dans toutes les directions [même latéralement] en suivant l’inclinaison du corps de l’utilisateur assis sur le siège. Honda veut aujourd’hui aller plus loin en proposant des motos offrant un maximum de sécurité. L’équipe responsable du projet est bien décidée à révolutionner le secteur de la moto, domaine d’activité initial de l’entreprise.

    Quant au livre électronique souple [et en couleur], il a été mis au point par Bridgestone. En intégrant le papier électronique et un circuit imprimé, le premier fabricant de pneumatiques de la planète est parvenu à créer le lecteur le plus fin du monde, avec une épaisseur de 5,8 mm. L’univers du papier électronique paraît a priori très éloigné de celui des pneumatiques. Mais, comme l’explique Itsuo Tanuma, directeur du département recherche-développement, ce produit “est le résultat de l’accumulation des connaissances dans le domaine des matériaux”. Bridgestone envisage la construction d’une usine spécialisée.

    Des entreprises qui innovent, et d’autres qui vulgarisent

    Après la Seconde Guerre mondiale, les entreprises japonaises ont longtemps connu une croissance constante et continue. Elles en ont profité et se sont diversifiées, rivalisant entre elles par l’étendue de leurs champs d’activités. Cette politique a toutefois fini par brouiller leur gestion et leur stratégie en matière d’innovation. Aujourd’hui, il leur faut définir leur point fort et la manière d’être plus compétitives. Dans la prochaine décennie, elles vont devoir affronter non seulement la concurrence occidentale mais aussi celle des pays émergents. Pour survivre, elles devront disposer de technologies porteuses d’avenir et se montrer suffisamment dynamiques pour s’imposer sur les différents marchés.

    Selon le tableau de bord annuel de l’Union européenne sur les investissements en recherche et développement industriels publié en 2009, Toyota – qui consacre de plus en plus d’argent à l’innovation en faveur de l’environnement – arrive en tête du classement mondial [avec 7,61 milliards d’euros], devant Microsoft [6,48 milliards d’euros]. Si, dans le secteur européen de la voiture électrique, les Français sont passés à l’attaque en premier, “Peugeot emprunte la technologie de Mitsubishi, et Renault celle de Nissan”, remarque un responsable d’un constructeur automobile japonais. Tous les composants du moteur hybride de la Prius de Toyota sont en revanche fabriqués au Japon. La supériorité des constructeurs japonais en la matière n’est plus à démontrer.

    Le monde de l’automobile emploie au Japon plus de 1 million de personnes, de la fabrication des véhicules à celle des pièces détachées en passant par les matériaux utilisés. La pyramide que forme l’industrie de la voiture propre constituera pour le pays une source de compétitivité internationale. Si tous les constructeurs travaillent dans le même sens, leur capacité à réaliser des profits au niveau mondial augmentera prodigieusement. Ils ont d’autant plus le vent en poupe que les Nations unies envisagent d’adopter les normes de sécurité japonaises pour les véhicules écologiques comme standard international.

    L’attachement quasi obsessionnel des Japonais à la qualité et à l’originalité de leurs produits a souvent suscité des réactions ironiques. On a ainsi qualifié de “phénomène Galápagos” ces technologies de pointe qui n’ont pas su s’exporter [notamment les téléphones portables, dont l’évolution s’est faite en totale déconnexion avec les marchés extérieurs]. Cependant, quand l’archipel est sur la même longueur d’ondes que le reste du monde, ses technologies peuvent alors brusquement porter leurs fruits. Ainsi, les téléphones mobiles japonais équipés de multiples fonctions complexes commencent à avoir du succès en Chine, en raison précisément de leur sophistication et de leur excellente qualité.

    Dans les dix prochaines années, estime la Development Bank of Japan, le nombre de foyers dont le revenu annuel sera supérieur à 5 000 dollars [3 500 euros] va doubler en Chine et en Inde pour s’établir à 600 millions, ce qui va dynamiser la consommation. Les entreprises japonaises doivent donc observer de près les marchés en constante évolution et se préparer à affronter la concurrence mondiale.

    Chaque entreprise peut choisir sa propre voie. Pour être à la pointe de la technologie, on doit pousser la sophistication à l’extrême et faire preuve d’ingéniosité. Mais la maîtrise technique et l’ingéniosité peuvent aussi permettre de fabriquer des produits à moindre coût. Il existe deux types de sociétés : celles qui innovent et celles qui vulgarisent. Il leur suffit d’être compétitives dans leur domaine respectif. Nous ne sommes plus au temps de la compétition interne sur le territoire national. Le marché mondial s’ouvre à nous. Au fur et à mesure que le nombre de consommateurs aisés augmentera, les occasions de faire des affaires se multiplieront. La grande bataille qui se livre dans le secteur de l’environnement est plutôt favorable aux Japonais. Arriveront-ils à concevoir des voitures qui dépolluent l’air en roulant ?

     


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    A Analyser et re........


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  • Le regard sur le monde de  Dominique Moïsi

    Au milieu des années 1980, les performances économiques supérieures de l’Allemagne par rapport à la France étaient pour de nombreux analystes la résultante directe des choix stratégiques faits par l’Allemagne. Elle n’était pas une puissance nucléaire et, sur le plan militaire, fidèle allié de l’Amérique, elle ne s’était pas dotée de capacités d’interventions indépendantes. Elle se consacrait à la croissance de son économie. La Chine n’est pas l’Allemagne et les Etats-Unis ne sont pas la France, mais, toutes proportions gardées, la force de la Chine tient au fait qu’elle poursuit de manière quasi obsessionnelle, un seul et unique objectif. La poursuite de la croissance économique est la clef de la légitimité et sans doute de la survie même du régime. La Chine voit dans les derniers développements intervenus aux Etats-Unis tant sur le plan interne que sur le plan externe, de la défaite du Parti démocrate dans l’Etat du Massachusetts à l’enlisement de l’Amérique et de ses alliées en Afghanistan, comme une confirmation de la justesse de ses choix. Pour elle, la démocratie conduit à la paralysie et une responsabilité internationale majeure à la dispersion de ses efforts. Et que dire de sa lecture de l’évolution de l’Union européenne ? D’après elle, sûrement, si les Européens prenaient au sérieux les ambitions qu’ils affichent ils se seraient dotés de nouveaux dirigeants plus « charismatiques » à la tête des nouvelles fonctions créées par le traité de Lisbonne.Pour Pékin, afin de continuer à progresser sur le plan écono mique, il faut à tout prix maintenir le statu quo sur le plan politique, quitte à entamer un bras de fer avec Google et les Etats-Unis sur la question de l’accès à Internet. Il y a du Guizot chez les dirigeants chinois : « Enrichissez-vous et pour le reste faites-nous confiance. » Une plaisanterie vaut parfois toutes les analyses pour résumer une situation. Celle-ci qui m’a été rapportée par des Chinois de Taiwan est semble-t-il, très populaire en Chine.« En 1949, le socialisme a sauvé la Chine. En 1979, le capitalisme a sauvé la Chine. En 2009, la Chine a sauvé le capitalisme. »Le regard des Taïwanais sur l’évolution de la Chine continentale est de ce point de vue éclairant. Ils sont partagés entre appréhension et fierté. Comme le reste de l’Asie, ils se demandent comment « équilibrer » la Chine, une question qui revient lancinante de Tokyo à Singapour jusqu’à New Delhi et qui présuppose le maintien de l’Amérique comme « puissance asiatique ».Mais les Chinois de Taiwan ne sont pas seulement soucieux de la préservation de leur « originalité démocratique », ils sont de plus en plus fiers des succès économiques de la Chine continentale, qu’ils attribuent certes au choix fait du capitalisme, mais un capitalisme qui n’est pas une importation de l’Occident, mais une réalité profonde de la culture chinoise. Ils vont même jusqu’à défendre les  dépenses militaires de Beijing. La Chine, dans son histoire millénaire, a toujours eu des armées importantes, mais, à l’exception de la période des empereurs mongols, elle n’a pas eu de tradition d’expansion militaire. Pourquoi en serait-il autrement aujourd’hui ? La Chine n’a rien à voir avec l’Allemagne de Guillaume II !Equilibrer ou contenir la Chine aujourd’hui n’a pas seulement une signification économique ou stratégique, mais a également une dimension idéologique. Le déclin relatif de l’Occident par rapport à la Chine et la montée irrésistible de la puissance chinoise en Asie pose le problème de l’attractivité sinon de l’universalisme du modèle démocratique occidental. Il y a quelques semaines s’est produit un événement d’une portée symbolique considérable. Le directeur d’un institut de recherche sur les sciences de la vie à l’université de Princeton a décidé d’abandonner les extraordinaires facilités dont il disposait en Amérique pour accepter une offre de son pays d’origine, la Chine.« Je peux faire la différence là-bas plus qu’ici »,a-t-il simplement expliqué pour justifier sa décision. Autrement dit sa  culture profonde l’a emporté sur sa culture politique d’adoption. Si de nombreux Chinois qui ont réussi en Occident confirment ce choix, l’Amérique et l’Europe ont du souci à se faire. Face au défi chinois, il nous faut tout simplement être meilleurs, bien meilleurs.

    Dominique Moïsi est conseiller spécial à l’Ifri.

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  • Bizarre, ils ont des idées quand ils ne sont plus au pouvoir.et quand il était ministre : Non, il à rien fait.


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