• Les stress tests ne sont pas pris pour argent comptant

    Presseurop


    Distributeur de billets de l'Eurobank, Athènes, juillet 2010

    Les résultats des tests de résistance des banques publiés le 23 juillet sont très positifs. Trop, pour la plupart des journaux européens, qui craignent que la volonté politique de rassurer les marchés ne produise l'effet inverse.

    91 banques testées, 84 approuvées par les superviseurs. Les résultats des tests de résistance (stress tests) menés par les autorités bancaires européennes et nationales, publiés le 23 juillet, dressent le tableau d’un paysage bancaire européen stable et en bonne santé.

    "Tout le monde a été surpris par le bon état des banques", souligne le directeur adjoint d’El Mundo, Casimiro García Abadillo, qui s’étonne que les tests aient révélé un besoin de financement de "seulement 3,5 milliards d´euros !". Pourtant, malgré la satisfaction affichée par la Banque centrale européenne, la Commission européenne et les divers gouvernements de l’UE, l’opération ne semble pas avoir rassuré les observateurs. 

    Les pays européens ont obtenu l’inverse de ce qu’ils souhaitaient", note De Volkskrant. "Au lieu générer la confiance et le calme, les tests de résistance ont apporté de la méfiance et un nouveau stress dans le secteur financier européen. Car tant que la qualité de ces tests ne fait pas l'unanimité, il n’y aura pas de certitude sur la stabilité des banques européennes. De l’autre côté de l’océan, cela fait sourire les Américains”.

    Un exercice cynique

    "Des tests sans le stress ou comment les banquiers gonflent leur moral", ironise Gazeta Wyborcza, pour qui les tests ne sont rien d’autres qu’un “succès de propagande”. Le quotidien de Varsovie considère que les critères retenus (baisse des euro obligations grecques de 20%, chute de 20% des indices boursiers) n'étaient pas réalistes et qu’il est clair que les superviseurs européens ont fixé des conditions visant à “ne pas faire de mal aux banques européennes”. S’ils espéraient que les investisseurs mordraient à l’hameçon et commenceraient à acheter des titres des banques, ils se trompent : la crédibilité des banques ne va pas augmenter. "Pire, prévient le journal, certains investisseurs pourraient penser que si les responsables européens ont fait tant d’efforts pour organiser ce show, c’est qu'il doit y avoir de vilains squelettes dans les placards des banques européennes."

    Dans le Financial Times, Wolfgang Münchau est encore plus sévère. "Le but de cet exercice cynique était de prétendre que l’UE est en train de résoudre un problème, alors que ce n’est pas le cas", écrit le chroniqueur, qui reproche aux superviseurs d’avoir exclu des tests certaines institutions financières et surtout de pas avoir fixé de critères stricts. En particulier, Münchau, comme beaucoup de commentateurs, observe que les tests n’ont pas assez pris en compte l’hypothèse, pourtant réaliste, d’un défaut de paiement de la part d’un Etat.

    "Les tests suivent un schéma évident depuis le début de la phase aigue de la crise financière en septembre 2008, ajoute le journaliste du FT. La démarche de l’UE envers le secteur financier est resté du bricolage – un renflouement général, quelques plans de recapitalisation pas très sérieux, plus des tas de liquidités – elle n'a pas résolu de problème (…) Tandis qu’à Madrid, les tests font partie d’un engagement politique pour répondre aux difficultés des banques, ce n’est pas le cas ailleurs. Un test de résistance sans une stratégie pour dénouer les problèmes, comme c'est le cas hors d’Espagne, est totalement vain." De fait, Casimiro García Abadillo remarque dans El Mundo que "dans ce scénario positif de sincérité, la Banque d´Espagne a élargit le striptease demandé par les gouvernements des différents pays à la totalité du secteur bancaire espagnol, tandis que la BCE ne demandait qu’un topless."

    Reste à voir la réaction des marchés

    Si le stress s'est fait sentir dans les autorités bancaires, c’est parce que “messieurs les contrôleurs en chef européens se sont vu imposer par la politique un test dont la valeur de preuve est limitée et dont ils ne voulaient pas”, constate de son côté le Handelsblatt. Le quotidien économique allemand fait remarquer que seuls des contrôles individuels et ciblés en particulier sur une banque permettent d’évaluer sa capacité d’affronter les risques. Les banques allemandes sont d’ailleurs depuis longtemps surveillées de cette manière. D’où l’espoir du Handelsblattque cette initiative restera isolée et ne s’imposera pas comme un rituel annuel”.

    Au bout du compte, même si "la publication des tests de résistance a sans doute apporté aux marchés autant de questions que de réponses", La Tribune reconnaît toutefois leur intérêt. Car ils fournissent aux investisseurs des informations extrêmement détaillées sur 91 banques européennes, notamment en ce qui concerne leur niveau d'exposition aux différentes dettes souveraines. Ainsi, affirme le quotidien économique français, "les investisseurs feront la différence entre ceux qui ont passé les tests haut la main et les autres". Et désormais, conclut le Jornal de Negócios, "c’est la réaction des marchés dans les jours qui viennent qui dira si les tests ont contribué à la tendance à la reprise qui émergeait en Europe."


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  • Les contrôles fiscaux ont rapporté 14,7 milliards d’euros en 2009

    Dans son rapport annuel, la Direction générale des finances publiques observe une hausse des demandes gracieuses des contribuables. Les redressements ont diminué de près de 2 milliards en deux ans.

     

    C’est en toute discrétion que le ministère du Budget a publié, la semaine dernière, le rapport d’activité de la Direction générale des finances publiques (DGFiP). Un texte fort intéressant pourtant, qui comprend, entre autres, le bilan chiffré des contrôles fiscaux réalisés en 2009. Les polémiques suscitées par l’affaire Bettencourt ont peut-être dissuadé le gouvernement de communiquer davantage sur le sujet.Le bilan 2009 des contrôles fiscaux n’a pourtant rien de polémique. Le rapport de la DGFiP indique qu’ils ont permis de récupérer 14,7 milliards d’euros, un chiffre en baisse par rapport à 2008 (15,2 milliards) et surtout 2007 (16,4 milliards). Mais les 700 millions d’euros de droits et pénalités générés au 31 décembre par la cellule de régularisation pour les évadés fiscaux, mise en place suite à l’affaire HSBC, s’ajoutent à ce total. Le montant final récupéré par la cellule, à fin mai, dépasse 1 milliard d’euros, avait précisé le ministre du Budget, François Baroin, à la fin du mois dernier.La tendance n’est pas la même selon les types de contrôles. Ceux réalisés sur pièces ont rapporté 4,8 milliards d’euros en 2009, contre 5,6 milliards en 2008, soit un recul de près de 15 % (particulièrement marqué pour les remboursements de crédit de TVA et les droits d’enregistrement). Une baisse qui peut aussi être interprétée positivement : le ministère souligne les bienfaits des déclarations préremplies (dont le contenu s’élargit).Les contrôles sur place, de leur côté, ont rapporté 9,9 milliards d’euros de droits et pénalités, contre 9,6 milliards en 2008. Le nombre d’opérations de contrôles sur place est quasi stable, à 51.615 (contre 52.010). Elles concernent surtout les entreprises (près de 48.000 contrôles). Pour les particuliers, le fisc a procédé à 3.912« examens de situation personnelle » (contre 4.166 en 2008), qui ont occasionné néanmoins un peu plus de droits et pénalités (557 millions). Le ministère a engagé 939 plaintes pour fraude fiscale au pénal.

    966.000 demandes gracieuses

    Sur les relations entre l’administration et les contribuables, le rapport fait état d’une nette progression des demandes gracieuses, formulées par les redevables quand ils rencontrent des difficultés financières, à 966.000 en 2009 (+ 9 %). La hausse concerne surtout la taxe d’habitation et la redevance, impôts qui concentrent plus de la moitié des demandes gracieuses, et elle est à mettre en lien avec la crise. On compte par ailleurs 3,8 millions de réclamations contentieuses, en légère hausse.Au-delà des bilans chiffrés, la DGFiP met en avant la poursuite de la lutte contre les paradis fiscaux, la création de la procédure d’enquête fiscale (qui permet désormais au ministère du Budget de déposer une plainte et de saisir le parquet en cas de présomption de fraude fiscale complexe), la lutte contre l’économie souterraine (lire encadré). Sans oublier la coordination des contrôles entre administrations : 4.600 contrôles fiscaux sur place ont donné lieu à une transmission de données à l’Urssaf« pour des faits susceptibles d’avoir une incidence sur les cotisations sociales ».Inversement, les autres administrations ont transmis 1.700 dossiers au fisc, débouchant sur 400 contrôles fiscaux terminés et des rappels de droits et pénalités de 71 millions d’euros.

    étienne Lefebvre

    Le rapport de la DGFiP indique que les contrôles fiscaux ont permis de récupérer 14,7 milliards d’euros,en baisse par rapport à 2008.

    Intéressant d'analyser : bizarre qu'ils ne rapportent pas plus, il n'y a que les recours gracieux qui augmentent


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  • Dans la norme mais cher


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  • Faut-il sauver l'économie ?


    L'être humain déteste le changement.

    Il me semble qu'un des principaux moteurs du progrès vise à un but majeur : empêcher les changements de s'accomplir : la médecine pour rester éternellement en bonne santé dans un corps jeune... les technologies pour communiquer avec le monde sans changer d'endroit...

    A l'échelle individuelle, c'est déjà assez marqué. Et lorsqu'on passe à l'échelle mondiale -- les structures économiques, financières et géopolitiques ou les gouvernements -- cette phobie de l'inconnu atteint des sommets.

    Normal, me direz-vous : entre la difficulté de maintenir l'équilibre de systèmes complexes (gérer une famille est déjà difficile, alors gérer un pays !) et les intérêts personnels de nos dirigeants -- dont la carrière dépend de leur réélection --, pas étonnant qu'on s'effraie du moindre frémissement annonciateur d'une évolution.

    Mais -- pour reprendre une analogie chère à Bill Bonner -- les systèmes économiques sont un peu comme des bateaux ; à force de ne pas bouger, ils s'encrassent. Des coquillages viennent se fixer sur la coque. Le sel et le calcaire attaquent et encroûtent les mécanismes. Des algues poussent sur l'hélice. Et en quelques décennies, le fier vaisseau est parfaitement paralysé.

    Nous en sommes là actuellement. Bill le disait lui-même : "les paniers percés insistent sur le fait qu'il faut plus de dépenses pour protéger le système. Les fourmis affirment, au contraire, que c'est en les réduisant qu'on le préservera. Aucun ne doute que le système vaille la peine d'être sauvé".

    Bill s'expliquait plus en détail avec un exemple concret -- la crise du Japon dans les années 80 :

    "'La situation aurait été pire si les autorités japonaises n'avaient pas agi', disent les néo-keynésiens.

    "Comment le savent-ils -- voilà qui reste un mystère. Il s'avère qu'au final, en termes de richesse nominale, les investisseurs japonais ont perdu l'équivalent de trois années entières de PIB. Et l'économie nippone, aujourd'hui, ne s'est pas développée depuis 17 ans, pas plus qu'elle n'a créé un seul nouvel emploi".

    "La dette n'a pas été réduite non plus. Au lieu de permettre au secteur privé de détruire et rembourser sa dette, le secteur public a lutté... empruntant lourdement pour essayer de déclencher une reprise. Résultat : pas de reprise... et presque exactement la même quantité de dette. Et tandis que le secteur privé remboursait sa dette, le secteur public a pris le relais de l'emprunt. A présent, c'est le gouvernement qui doit de l'argent un peu partout".

    ? La situation est désormais la même pour les Etats-Unis... et cette semaine, les choses ont pris un tour décidément inquiétant, comme l'expliquait Jérôme Revillier, analyste en chef du service FxProfitTrader, il y a quelques jours dans L'Edito Matières Premières & Devises  :

    "Le billet vert n'est plus un refuge. Et l'euro ne monte pas uniquement grâce au retour de l'appétit pour le risque".

    "Il semble que la mentalité des citoyens américains ait changé ; pénalisant inéluctablement le mode de consommation et de croissance outre-Atlantique. Les Américains qui le peuvent épargnent, c'est nouveau et c'est très inquiétant. 70% du PIB américain venant de la consommation"...

    "Si les plus gros consommateurs de la planète se mettent à épargner alors même qu'ils gagnent moins, l'impact sur la croissance américaine, et mondiale par ricochet, va être démultiplié".

    "Ajoutez à cela, que bon nombre de ces anciens consommateurs sont maintenant au chômage et doivent rembourser des prêts bien trop gros pour eux. Vous avez ici à la fois un problème de consommation immédiat, et un problème de croissance future, car ceux-là ne peuvent pas encore épargner aujourd'hui et ne pourront donc pas alimenter le monstre économique dans les années futures".

    A force d'imposer des contraintes pour éviter le changement... c'est le changement qui finit par s'imposer -- et c'est généralement peu plaisant !

    Meilleures salutations,

    Françoise Garteiser
    La Chronique Agora
     


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