• Le 22 mars, Google a décidé de cesser de censurer la version chinoise de son moteur de recherche : les internautes qui tentent de consulter google.cn sont désormais redirigés vers google.com.hk, son site de Hong Kong. L'entreprise menaçait depuis janvier de passer à l'acte, se disant victime de hackers chinois. Certains voient dans cette décision un geste fort contre la censure. D'autres rappelent qu'à Hong Kong, les censeurs du régime chinois poursuivent leur œuvre.

    Dessin de Stavro


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  • Surévalué, l’euro?

    Martin Feldstein

    CAMBRIDGE – A Paris ou à Berlin, les prix ne laissent pas de surprendre le touriste américain. Aujourd’hui, le taux de change est au désavantage du touriste, et une chambre d’hôtel, un simple repas ou une chemise pour homme, sont plus chers dans ces villes qu’à New York ou à Chicago. Il faudrait, pour que ces biens et services coûtent le même prix qu’aux Etats-Unis, que l’euro cède autour de 15%, à 1,10 dollar l’euro environ.

    Sur la base de cette arithmétique, on a tôt fait de conclure que l’euro est surévalué et que la baisse amorcée en décembre par cette monnaie va sûrement s’accentuer, mais ces conclusions seraient erronées. Certaines perspectives indiquent plutôt que l’euro va certainement repasser à 1,60 dollar, son niveau de 2008.

    Trois raisons expliquent les écarts d’appréciation de notre touriste. Première raison, les prix qu’il peut voir sont généralement augmentés du montant de la TVA (taxe sur la valeur ajoutée), appliquée partout en Europe et inexistante aux Etats-Unis. Ôtez le taux de la TVA – ordinairement de 15% ou davantage – et vous retrouvez les prix américains.

    Deuxième raison, les biens et services qu’achète le touriste ne sont qu’une part infime de l’assortiment de biens et services qui s’échangent au niveau international. La gamme des biens exportés par l’Europe comprend les équipements, les produits chimiques et une infinité de produits qu’un consommateur n’achète pas directement. Pour être en mesure de savoir si ces prix sont “trop élevés” par rapport au cours du change du moment, il faut se pencher sur la balance commerciale.

    L’Allemagne, premier exportateur européen, enregistre, au niveau mondial, un excédent commercial record. Pour les acheteurs étrangers, l’attractivité de son exportation par rapport au cours du change est telle, qu’en 2009, ce pays a pris la deuxième place du classement des exportateurs mondiaux (après la Chine). L’excédent de ses exportations sur ses importations au cours des douze derniers mois, avoisine les 200 milliards de dollars et équivaut à près de 6% de son PIB. Et dans l’éventualité d’une forte appréciation de l’euro par rapport à sa valeur actuelle, la solidité des exportations nettes allemandes ne risque pas de se démentir.

    Au cours du change d’aujourd’hui, les autres pays de la zone euro sont loin d’avoir la compétitivité de l’Allemagne. Tout de même, l’ensemble de la zone euro a enregistré, pour la période des douze derniers mois, un excédent commercial de plus de 30 milliards. Et avec un euro très bas par rapport à bien d’autres monnaies sur l’année écoulée, la balance commerciale européenne peut encore progresser dans les mois qui viennent. Pour limiter cette progression, l’euro doit remonter.

    Ce qui m’amène à la troisième raison, la plus décisive du point de vue d’un renforcement considérable de l’euro par rapport à son niveau actuel: la conjoncture économique mondiale exige de la zone euro qu’elle accuse un vrai déficit de ses comptes courants, afin qu’elle devienne un grand importateur net de fonds en provenance du reste du monde.

    Deux facteurs interviennent ici. Primo, les pays producteurs de pétrole et la Chine continueront à exporter plus largement qu’ils n’importent. Ils chercheront à investir leurs bénéfices étrangers nets sur les places financières étrangères. Une grande part de ces investissements ira sûrement s’écouler vers les Etats-Unis, mais les pays excédentaires voudront diversifier l’investissement de ces nouveaux gains sur l’exportation nette, et la zone euro est la seule, en dehors des Etats-Unis, à pouvoir leur offrir un marché de capitaux à la hauteur de tels investissements.

    La zone euro ne pourra cependant multiplier les influx de capitaux étrangers que si ses comptes courants sont déficitaires, c’est à dire si ses importations augmentent par rapport à ses exportations. Et cela demande un euro moins compétitif – plus élevé par rapport au dollar et aux autres monnaies. L’arrivée dans la zone euro des bénéfices nets des exportateurs, de pétrole ou autre, va faire monter la valeur de l’euro et favoriser les transferts de fonds.

    Secundo, les pays détenteurs de masses énormes de réserves en dollar se déferont d’une bonne part de ces réserves pour des euros. La tendance des Banques centrales d’Asie et du Moyen-Orient à garder intactes leurs réserves en dollar – tendance motivée par le besoin qu’elles avaient de réserves d’une grande convertibilité pour parer à d’éventuels déficits – n’a plus de raison d’être. Leurs fonds de roulement, en tant que réserves d’urgence, dépassent largement le niveau requis.

    La Corée du Sud et Taiwan, par exemple, détiennent respectivement 250 milliards de dollars de réserves de change, tandis que celles de la Chine s’élèvent à plus de 2000 milliards de dollars. Dotés de fonds de roulement très conséquents, ces pays, ainsi que d’autres, entreprennent une diversification de leurs avoirs de réserve sur des titres libellés en euros. Ils illustrent une tendance appelée à durer et nécessairement synonyme d’une hausse de l’euro face au dollar.

    Alors chaque fois que je serai amené à voyager en Europe, je continuerai sans doute à me plaindre des prix, tout en gardant à l’esprit que les prix qui comptent pour le commerce sont plus compétitifs que ceux que je vois en réglant la note d’un déjeuner. Et je sais également que les pressions complémentaires, destinées à pousser l’Europe à importer des fonds, et à engager les pays excédentaires à diversifier les placements de leurs avoirs de réserve, contribueront à rendre les voyages en Europe plus chers en termes de dollars.

    Martin Feldstein, a professor of economics at Harvard, was Chairman of President Ronald Reagan's Council of Economic Advisors and President of the National Bureau for Economic Research

    Copyright: Project Syndicate, 2010.
    www.project-syndicate.org
    Traduit de l’anglais par Michelle Flamand
    For a podcast of this commentary in English, please use this link:


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  • Le vrai-faux problème des dettes des autorités locales chinoises

    Une grande partie du plan de relance a été financé par les gouvernements locaux qui se sont endettés en contrepartie.

    Finances publiques

    L'autoroute à 10 voies qui relie Hangzhou, une ville de sud de la Chine, au « lac des 1.000 îles » est vide. Autour du lac, tout est prêt : appartements du week-end, hôtels, magasins Mais il manque les clients : la classe moyenne de Shanghai. De tels scénarios sont communs en Chine, où les gouvernements locaux investissent massivement dans des projets d'infrastructure sans souci de rentabilité : le client finira bien par venir et entre-temps la province crée de la richesse et des emplois.

    Mais d'où vient l'argent ? Le gouvernement central ne finance qu'une faible part des projets. En 2009, sur les 4.000 milliards de yuans investis dans ces projets, seuls 20 % étaient financés par Pékin. Les pouvoirs locaux, qui ne peuvent pas émettre d'obligations, contournent la loi en créant des sociétés d'investissement. Celles-ci empruntent en offrant des terrains en contrepartie. En cas de problème, le gouvernement central intervient et émet des obligations. Il le fait chaque année. Mais le problème s'est aggravé en 2009 lorsque les banques ont multiplié les crédits pour faire face à la crise. Il existerait aujourd'hui 8.000 entreprises d'investissement.

    La question pour Pékin est de connaître le niveau des dettes des gouvernements locaux car elles ne sont pas comptabilisées dans le budget. Victor Shih, professeur à l'université de Northwestern, les estime à 3.500 milliards de dollars à la fin de 2011, soit 97 % du PIB. Pour l'instant, les intérêts sont financés par d'autres prêts et la vente de terrains, le tout soutenu par une hausse constante des prix de l'immobilier. Mais il existe des effets secondaires : une bulle immobilière et la vente de terrains qui inclut la relocation de population. Victor Shih estime que la ville de Pékin devra vendre 100 km2 de terres en 2010 pour honorer ses seuls intérêts. De leur coté, les relocations entretiennent la bulle car les personnes expropriées empruntent à leur tour pour acheter.

    RESERVES DE CHANGE

    Que va-t-il donc se passer si les taux d'intérêts augmentent, que la bulle spéculative éclate et que les banques se retrouvent paralysées par des prêts non-performants (estimés entre 15 %-25 % du total) ? Pas grand chose. Comme le rappelle Andy Xie, économiste indépendant basé à Shanghai : « Toutes les banques appartiennent à l'état. Les prêts sont donc garantis par le gouvernement. » Et dans un pays comme la Chine il est impensable de voir le gouvernement laisser tomber en faillite ses banques.

    Le schéma le plus probable sera celui utilisé à la fin des année 1990 : l'absorption des prêts non-performants par des organismes d'états (AMC) et une recapitalisation massive des banques. « La question est de savoir si le gouvernement a de l'argent et si il peut le dépenser », s'interroge Andy Xie. à ces deux questions, il répond oui, car la Chine a accumulé 2.400 milliards de dollars de réserves de change dont beaucoup d'économistes pensent qu'elles serviront à financer les dettes cachées des gouvernement locaux. n

    par Virginie Mangin, à Pékin

    On continue ailleurs !!!


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  • Le psychodrame est fini – pour le moment

    Publié le 26 mars 2010  |   Presseurop


    Ouf ! Nicolas Sarkozy, José Luis Zapatero, Georges Papandréou et Angela Merkel à l'issue du Conseil européen du 25 mars 2010, à Bruxelles (AFP)

    Avec l'accord conclu le 25 mars au soir sur le plan de sauvetage de la Grèce, les pays de la zone euro ont mis un terme à une tragédie qui durait depuis des mois. Pourtant, la solution trouvée est loin d'être idéale et la fracture qui s'est ouverte au sein de l'Union mettra du temps à se refermer, note la presse européenne.

    Avec l'accord conclu le 25 mars au soir sur le plan de sauvetage de la Grèce, les Vingt-sept ont mis un terme à une tragédie qui durait depuis des mois. Pourtant, la solution trouvée est loin d'être idéale et la fracture qui s'est ouverte au sein de l'Union mettra du temps à se refermer, note la presse européenne.
    "On est arrivé à l'épilogue de ce long hiver qui a tenu en haleine les gouvernements, les marchés, les banquiers centraux, les diplomates et les économistes, aux prises avec le spectre d'un événément jusqu'à présent inconcevable : la première faillite d'un pays d'Euroland, le défaut de paiement de la Grèce", écritIl Sole 24 Ore, selon lequel "à la fin, Angela Merkel et Nicolas Sarkozy, comme à l'époque d'une Europe plus ambitieuse et moins divisée, ont apposé le sceau franco-allemand" à l'accord obtenu le 25 mars en marge du Conseil européen de Bruxelles.


    
Cet accord prévoit que l'aide accordée à la Grèce pour faire face à sa dette publique "prendrait la forme de prêts bilatéraux coordonnés par la Commission et la Banque centrale européenne (BCE), auxquels s'ajouterait une intervention 'substantielle' du Fonds monétaire international (FMI)",explique Libération.  "L'intervention du FMI sera minoritaire", note encore le quotidien parisien, "mais - et c'est là où l'on peut se demander si ce plan est sérieux -, il a été convenu que cette aide combinée n'interviendrait qu'en 'dernier recours'. Bref, si la Grèce est menacée d'insolvabilité...". "Même ceux qui auraient préféré une solution européenne, comme l'Espagne, reconnaissent que l'intervention d'un organisme international est positif",remarque EL Mundo, pour qui "l'accord est un matelas de secours important pour Athènes, même s'il est plein de conditions".

    
 En fait, Libération se demande s'il ne s'agit pas "d'un simple habillage visant à dissimuler un désaccord profond et persistant entre les deux rives du Rhin". "Berlin, à mots couverts, s'inquiète du penchant français pour une croissance française fondée sur la consommation et l'investissement public", note à ce sujet son confrère Le Figaro, pour qui, "à l'inverse, Paris a ouvertement critiqué un modèle allemand fondé sur l'épargne et l'exportation qui vient nourrir les déficits des voisins."
 Pour le Premier ministre grec Georges Papandréou, "la pilule s'annonce amère", commente encore Le Figaro : "Il attendait de l'Europe qu'elle l'aide à se refinancer à moindre coût. Athènes doit trouver 15 miliards d'euros d'ici à début mai et 50 milliards avant la fin de l'année. Les conditions posées par Angela Merkel font du soutien conjoint de l'UE et du FMI un recours très dissuasif."

    Côté allemand, après des semaines de rangs serrés derrière Angela Merkel, la presse (toutes tendances confondues), est au revirement: alors que le Spiegel Online se demande si "la chancelière de fer" a rendu service à l'Allemagne, dont l'image en Europe à beaucoup souffert, Handelsblatt titre sur "la victoire amère de la chancelière", qui a dû "casser beaucoup de porcelaine". "La revanche viendra", estime le quotidien économique, qui doute que Berlin puisse abtenir une majorité en faveur d'un président allemand à la BCE ou encore l'adoption d'un traité instituant le Fonds monétaire européen.



    L'accord est critiqué également en Pologne par Rzeczpospolita, selon laquelle "les pays de la zone euro ont pris la même décision controversée que Washington il y a deux ans" : ils ont décidé d’aider "les escrocs". Controversée car cette décision augmentera leurs difficultés pour réduire leurs déficit publics tandis que les "escrocs" resteront impunis. En Roumanie, Gândul relève que "la solidarité européenne ne semble pas exister vraiment"/ Et de citer un récent sondage effectué en Allemagne, France, Grande Bretagne, Espagne et Italie, selon lequel "58 % des Européens interrogés se sont prononcés  contre l'idée d'aider financièrement la Grèce 'au nom de la solidarité européenne'".
     


     


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