•  Les habitants de Mouroux, dans <st1:personname productid="la Seine-et" w:st="on">la Seine-et</st1:personname>-Marne, vivent à la campagne et pourtant ils ne trouvaient pas de produits locaux. La mairie a demandé à un agriculteur de cultiver ses terres afin que la population puisse bénéficier de fruits et légumes sains

     





    Il y a des communes où l'on veut garder son bureau de poste, d'autres son boulanger, son médecin ou même son curé. Mouroux, 4 700 habitants, veut avoir " son " agriculteur. Un maraîcher, plus précisément, qui fournira fruits et légumes de saison, plutôt bio et, si possible, bon marché. Elle croit l'avoir trouvé en la personne de " Christophe ", comme tous l'appellent déjà sans pour autant le connaître.

    Car pour beaucoup, c'est bien un comble de vivre entourés de champs dans cette Seine-et-Marne restée agricole, et de ne pas trouver de produits locaux. Des exploitants, il en reste une dizaine à Mouroux, mais ils alimentent le marché national, voire international. Pis, ces " indécrottables " polluent sols et rivières avec leurs produits chimiques, s'inquiètent leurs voisins.

    L'idée de trouver un agriculteur à son goût vient de la mairie. " Il y a <st1:metricconverter productid="4,5 hectares" w:st="on">4,5 hectares</st1:metricconverter> de terres en friche au centre de la commune et qui lui appartiennent, on s'est dit qu'on allait les prêter à qui voudrait les cultiver ", raconte Jean-Louis Bogard, adjoint à l'environnement (sans étiquette) et commercial chez Orange. L'équipe municipale décide donc, en janvier, de proposer la création d'une Association pour le maintien d'une agriculture paysanne (AMAP), un partenariat entre des consommateurs, qui reçoivent des fruits et légumes toutes les semaines, et un agriculteur, dont le revenu est garanti par le préachat de sa production.

    Lancé au Japon, adopté aux Etats-Unis, le système est victime de son succès en France. Les groupes de consommateurs doivent s'armer de patience pour dégoter un producteur. Surtout en Ile-de-France, où le foncier vaut de l'or. L'avantage, avec le prêt des terres, c'est que les choses seront plus faciles.

    Informés par la presse municipale ou le panneau lumineux communal, 130 habitants sont venus à la première réunion, séduits par l'idée de consommer mieux. Apparemment, l'idée a fait son chemin. Au bord de <st1:personname productid="la RN" w:st="on">la RN</st1:personname> 34, qui relie Coulommiers à Paris et coupe le bourg en deux, Intermarché et Hyperprimeur viennent de se mettre à vendre du bio. Chez le second, dans la " barquette ratatouille ", l'oignon vient des Pays-Bas, le poivron d'Espagne et les tomates du Maroc. " Ils n'ont pas compris notre démarche ", persifle M. Bogard. Lui, veut du local. Il veut un agriculteur pour Mouroux.

    Les céréaliers du village ont décliné sa proposition de cultiver les terres communales, puis le réseau AMAP a suggéré de contacter un lycée agricole bio. Deux candidats étaient partants. Mais Mouroux a vite déchanté. Avoir des terres ne suffit pas, il faut de l'argent pour investir dans les bâtiments et le matériel. Et il aurait fallu deux ans avant de pouvoir déguster le premier légume.

    Or, désormais, les habitants sont pressés. Alors que la mairie s'apprêtait à procéder par petite annonce, certains ont pensé à Christophe. Ce maraîcher n'avait pas été contacté. Il habite Mouroux, mais ses terres sont à Coulommiers, à <st1:metricconverter productid="3 kilom│tres" w:st="on">3 kilomètres</st1:metricconverter>. Vendant sur les marchés, il hésitait à abandonner. Avantage de l'opération : il pouvait fournir, dès juin, une large gamme de produits. Inconvénient : il n'utilisera pas les terres de la mairie, il a ce qu'il faut.

    Va donc pour Christophe. Mais Jean-Louis Bogard ne perd pas espoir : " Un jour, notre parcelle sera cultivée ", lâche l'élu. Déjà, il pense préempter des terrains dans les bois, pour des vergers. Et voit loin : " Nous pouvons servir d'exemple. Des communes qui ont des terres, il y en a plein. "

    Parmi les " Amapiens ", il y a Linda Hengy. Jamais elle n'avait entendu parler du réseau, mais aussitôt elle y a vu des similitudes avec sa " philosophie ". " Au Canada, il y a des magasins de producteurs. En France, on trouve ça rétrograde, il faut que les mentalités évoluent ", juge-t-elle.

    D'origine algérienne, cette mère de cinq enfants a quitté la proche banlieue il y a cinq ans pour vivre là, à <st1:metricconverter productid="50 kilom│tres" w:st="on">50 kilomètres</st1:metricconverter> de Paris. Son mari est " responsable maintenance chez un sous-traitant de Citroën Aulnay ". Les Hengy vivent chichement. Linda n'a rien d'une militante et, chez elle, il n'y a pas de bio à table - " une arnaque ". En fait, elle veut seulement bien nourrir ses enfants et ne plus " être prise pour une imbécile ". Jusque-là, elle achetait tout chez Leclerc. " Michel-Edouard parle beaucoup, mais il fixe les prix qu'il veut. Or ils ne dépendent pas des producteurs, mais de jusqu'où le client est prêt à aller ", s'énerve cette abonnée à la newsletter de 60 millions de consommateurs.

    Comme sa famille, celle de Nadia Ayadi-Boukrourou n'appartient pas aux privilégiés, du moins financièrement parlant. Ancienne directrice de la communication d'un groupe d'édition, cette jeune femme a arrêté de travailler en arrivant à Mouroux, après la naissance de ses enfants, il y a quelques années. Son mari, prof de maths, a décidé de ne plus dispenser que des cours particuliers. " On me dit : "T'es riche pour manger bio". Non. Mais je n'ai pas d'écran plat, ma télé a 15 ans et je pars en vacances dans ma famille ! ", énumère-t-elle. Chez elle, plus de plats cuisinés, quasiment pas de médicaments non plus, et une lecture régulière du Canard enchaîné, notamment pour ses articles sur les pesticides.

    Son mari, pourtant, s'inquiète qu'elle s'engage à payer, même s'il n'y a rien dans le panier. " Quand il sera peu garni, j'irai compléter ailleurs sans rien lui dire ", rigole-t-elle. Et elle sait que ce sera le cas s'il grêle ou s'il gèle. Le prix fixé est de 15 euros par semaine, pour 6 à 7 kilos de légumes, afin que le producteur gagne 2 000 euros brut par mois.

    Sophie Lecoeur adhère à l'idée de lui garantir un revenu, mais veut en avoir pour son argent. " Je compte que cela me revienne moins cher que le marché, car tout le monde doit s'y retrouver ", insiste cette professeure de vente en lycée professionnel. Surtout, elle veut du bio, rien que du bio.

    Vu les attentes et les intérêts des uns et des autres, Michel Saint-Martin, le président de l'AMAP, sait que sa tâche sera difficile. C'est son expérience qui a poussé ce retraité à se présenter. Ce militant écologiste avait, un temps, cultivé un " jardin communautaire " avec des amis. " Moi qui suis là-dedans depuis trente ans, j'ai été surpris par l'engouement des gens. Je n'avais pas saisi la montée de la sensibilisation aux méfaits des pesticides, du besoin de contrôler ce qu'on mange et de s'impliquer ", avoue-t-il.

    Ce qui l'a séduit, aussi, c'est le " lien social ". " Cette AMAP ne sera pas un groupe de copains bobos ", dit-il calmement. Comme le projet est initié par la mairie, il y a un vrai brassage, même si, il faut le dire, les plus défavorisés et les plus aisés sont plus rares. La volonté de la mairie de réserver quelques paniers au centre communal d'action sociale le réjouit. Lui habite un hameau chic, Coubertin, havre de paix pourtant tout proche de <st1:personname productid="la RN" w:st="on">la RN</st1:personname> 34 fréquentée par 20 000 véhicules par jour.

    Il sait bien qu'il va devoir refréner les enthousiasmes : déjà certains voudraient étendre le projet aux fromages, oeufs, voire à la farine bio pour faire du pain. Mais aussi les exigences : d'autres aimeraient que " Christophe " aide des jeunes à s'installer sur les terres communales, ou qu'il accepte une deuxième AMAP et ne produise ainsi plus que pour le réseau, donc exclusivement bio.

    " Il y en a qui ne se rendent pas compte du travail que cela représenterait pour lui. Il faudra en discuter ", prévient le président. En tant qu'ancien chef d'entreprise, il sait qu'il va falloir jouer serré pour que le projet soit viable. S'il proscrit le recours à certains produits chimiques, il ne dit pas non à tous, car il estime que le prix doit rester raisonnable et la récolte assurée.

    Et Christophe, il en pense quoi ? " Cela va être sympa. " Pas très bavard, timide peut-être, ce qui détonne avec les futurs adhérents, le maraîcher, la trentaine, imagine qu'il sera plus disponible pour sa famille. Il se réjouit aussi à l'idée qu'il n'y aura plus d'invendus, donc pas de gâchis. Si la greffe prend, dans un an, il arrêtera les marchés et se consacrera aux AMAP, " en plein boom ".

    Mais il lui semble évident que tout ne sera pas simple. " C'est un métier, pas du jardinage du dimanche. Je sais que certains risquent de ne pas m'aimer. " Il sera à l'écoute, promet-il, mais il faudra aussi qu'on lui fasse confiance. Le bio ? " C'est cher parce que cela demande trop de main-d'oeuvre. Cela me dérangerait qu'il n'y ait que trois ou quatre légumes dans les paniers ", dit-il, pensant aux moins aisés. Mais déjà il n'utilise quasiment plus de produits chimiques. L'aide des adhérents pour désherber, justement ? " Il faut être réaliste. Après une demi-journée une binette en main, ils auront des ampoules. Mais ils seront les bienvenus, il n'y aura pas de clé au portail. " Le choix des légumes ? " Je ne ferai pas des panais pour cinq ou des navets pour dix, il faudra qu'ils s'accordent. " Et s'ils veulent des asperges, il s'y mettra, mais ils devront attendre deux ans pour en obtenir en quantité.

    Surtout, l'idée d'avoir à faire à une clientèle avertie le ravit. Il imagine qu'elle raffolera de ses salades abîmées, de ses tomates tachées et ne demandera pas de courgettes pour la soupe en décembre, comme sur les marchés. S'il ne pipait mot, il pensait très fort : " Autant rajouter de l'eau. "

    Laetitia Clavreul

     


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  • Les monnaies complémentaires se multiplient. Elles prennent la forme de crédits mutuels, de SEL (système d'échange local), de SOL (abréviation de solidaire), de devises régionales, ou encore de bons de réduction. Une volonté de renouveler la finance

     

     

    Ne dites pas à Richard Canonica qu'il contribue à changer le monde, il croit qu'il est banquier... Et c'est d'un ton placide, avec un bel accent helvète de Neuchâtel, qu'il explique au journaliste français étonné que <st1:personname productid="la Banque Wir" w:st="on">la Banque Wir</st1:personname> existe depuis 1934, et que, oui, elle gère sa propre monnaie, et que, ma foi, ça marche bien : 60 000 entreprises participent au système. Bien sûr, on a été un peu prudents, on visite tous les clients avant d'ouvrir un compte. Ah, un détail, les wirs ne rapportent pas d'intérêts.

    Si M. Canonica est très heureux que vous l'appeliez, il n'est pas du genre à vous promettre que sa banque se pliera en quatre pour vous, et qu'il multipliera vos économies par miracle. " On vise le long terme ", dit-il. Et, en passant : " C'est une opportunité pour résister à la mondialisation. " En fait, <st1:personname productid="la Banque Wir" w:st="on">la Banque Wir</st1:personname>, dont M. Canonica se présente comme " le technicien ", est un archétype des systèmes monétaires indépendants que de plus en plus de groupes divers veulent créer à travers le monde : elle crée et gère sa propre monnaie.

    Elle est née en Suisse en 1934, au cœur de la crise économique, de l'union d'une quinzaine de petites entreprises : celles-ci voulaient pouvoir s'échanger leurs produits, alors même que, faute d'argent, le commerce était au point mort. L'idée était de s'ouvrir des crédits mutuels au sein d'un Wirschaft Ring (" cercle économique "). Ils seraient comptabilisés en une unité spécifique, le wir, de valeur égale à un franc suisse.

    Comment cela fonctionne-t-il ? Quand l'entreprise A achète quelque chose à B, A reçoit un crédit et B enregistre le débit correspondant. Le débit en wir sera compensé par les ventes de B à un participant C, ou réglé en francs suisses, avec lesquels la convertibilité est totale.

    Le système a fait ses preuves, de nombreuses autres entreprises s'y sont agrégées, l'organe de comptabilité a obtenu le statut bancaire. Mais cette banque présente une caractéristique remarquable : elle ne cherche pas à gagner de l'argent, juste à faciliter les transactions entre les participants. " Nous pratiquons un taux de 0,8 %, pour couvrir les frais, dit M. Canonica d'un ton détaché. C'est beaucoup moins qu'ailleurs. " Le système prospère : soixante-quinze ans après sa création, il fait circuler chaque année plus de 1,7 milliard de francs suisses (1,1 milliard d'euros), et il est cité en exemple par un des meilleurs spécialistes mondiaux des monnaies complémentaires.

    " Vous l'aimez cuit comment, votre saumon ? - Euh, comme vous voulez, ça ira. " Bernard Lietaer reçoit très gentiment dans son grand appartement de Bruxelles, décoré de masques africains et asiatiques et de centaines de livres. Plutôt que de vous retrouver dans un restaurant, il prépare - avec talent, il faut le dire - le repas, tout en poursuivant la conversation.

    Son amabilité recouvre une longue et originale expérience de financier. Au sein de <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">la Banque</st1:personname> royale de Belgique, il a appartenu à la petite équipe qui a conçu le système monétaire qui a conduit à l'euro ; puis, il est devenu gérant d'un des premiers fonds spéculatifs, le Gaia Fund, au début des années 1990. Il était alors un des plus gros acheteurs " d'options " à <st1:personname productid="la City" w:st="on">la City</st1:personname> de Londres. Mais, aussi étrange que cela paraisse, il a quitté ce jeu qui ne répondait pas à ses aspirations, et a commencé à se passionner en intellectuel sur le phénomène monétaire, avant de promouvoir les monnaies complémentaires.

    Pour comprendre sa démarche ou celle de <st1:personname productid="la Banque Wir" w:st="on">la Banque Wir</st1:personname>, il faut se rappeler un fait, si contraire au sens commun : la monnaie n'est pas fabriquée par une autorité centrale qui l'adosse à des réserves d'or ou d'argent ; elle est créée par les banques privées à partir des promesses de remboursement des emprunteurs. Et durant les dernières décennies, les banques se sont émancipées de toute autorité - avec les résultats que l'on sait.

    " L'homogénéisation monétaire, dit M. Lietaer, a incontestablement facilité les échanges à chacune des étapes historiques, le passage à l'Etat-nation, puis la mondialisation. Mais elle a aussi pénalisé la capacité de gérer les problèmes qui se manifestent dans les économies locales. En même temps, la puissance financière a tendance à se concentrer dans un nombre sans cesse plus réduit de centres de décision de plus en plus éloignés du citoyen ."

    Les conséquences sont néfastes. La monnaie est indifférente à la finalité de l'échange, et se moque de servir à enfouir des déchets toxiques ou à dispenser des cours d'alphabétisation. Elle pousse à des activités susceptibles de détruire l'environnement : " Quand une banque prête 300, il faut lui rendre 600. La croissance est nécessaire pour créer les 300 supplémentaires ", explique Bernard Lietaer. La création monétaire étant aux mains des banques, elle conduit à la concentration d'argent d'un côté et à la sous-monétarisation d'une partie de la population mondiale de l'autre : " Cette rareté, écrit un autre spécialiste, Patrick Viveret, oblige les dominés à n'utiliser qu'une faible partie de leur potentiel d'échange et d'activité. " Et puis, comme l'expérience actuelle le montre, le système financier est intrinsèquement instable.

    La solution de Bernard Lietaer à tous ces maux ? " Il faut de la diversité monétaire, comme il y a de la biodiversité dans une forêt, afin d'amortir les chocs. Les sociétés matriarcales ont toujours eu un système de double monnaie : une pour la communauté dans laquelle on vit, l'autre pour les échanges avec l'extérieur. Il nous faut créer des monnaies complémentaires qui permettent aux communautés de satisfaire leurs besoins d'échange sans dépendre d'une autorité extérieure. "

    Le plus étonnant est que déjà, nombre de monnaies s'émancipent du système dominant : les bons de réduction dans les supermarchés, les " miles " des compagnies aériennes ou les chèques-déjeuner sont si courants qu'on n'y prête plus attention. A une échelle plus impressionnante, les " marchés d'émissions de gaz à effet de serre " mis en place par les Nations unies ou par l'Union européenne afin de parer au changement climatique ne créent rien moins qu'une nouvelle monnaie, la monnaie carbone.

    Partout dans le monde, des communautés créent de nouvelles monnaies : les SEL (système d'échange local) permettent aux individus d'échanger leurs compétences, comptées en unités de temps. Les SOL (abréviation de solidaire), expérimentés en France par une dizaine de communes, fonctionnent sur carte à puce comme une carte de fidélité dans un magasin - sauf que c'est tout un réseau de magasins et d'institutions qui participent au système.

    En Allemagne, plus d'une trentaine de monnaies régionales (appelées regio) ont cours. L'Argentine a passé le pire moment de sa crise financière, entre 1998 et 2002, avec des systèmes privés d'échange qui ont impliqué jusqu'à six millions de personnes. Au Brésil, dans un bidonville de Fortaleza, <st1:personname productid="la Banco Palmas" w:st="on">la Banco Palmas</st1:personname> délivre depuis dix ans des microcrédits avec le palma , sa monnaie, qui présente un taux d'intérêt très faible. Elle a ainsi créé 3 200 emplois. D'autres villes brésiliennes commencent à imiter cette démarche.

    Le mouvement est stimulé par l'affaissement du système financier capitaliste, et va prendre une autre ampleur grâce aux nouvelles technologies. Les téléphones portables deviennent un moyen de paiement électronique. Une possibilité de plus en plus appréciée en Afrique, où le système bancaire est défaillant : au Ghana, par exemple, TradeNet permet d'effectuer les transactions des matières premières agricoles sur le téléphone.

    Internet pourrait permettre à des communautés autonomes de créer leur propre monnaie. Un réseau discret prépare cette mutation, dont Jean-François Noubel, cocréateur en son temps du serveur AOL, est un prophète : " La philosophie d'Internet peut s'appliquer à la monnaie comme elle l'a fait avec les médias, où l'on passe d'un système centralisé à un système où chacun est producteur et transformateur d'information. Il y aura ainsi des millions de monnaies, comme il y a maintenant des millions de médias. Il s'agit maintenant de fabriquer les outils d'interopérabilité, les protocoles permettant de mettre en réseau ce qui est fait. "

    Concrètement, des groupes expérimentaux commencent à définir des règles d'échanges et des registres de crédit, avec deux caractéristiques essentielles : les monnaies ne peuvent générer de phénomène spéculatif, et elles peuvent être pondérées par des paramètres définis en commun, comme par exemple la bonne réputation que s'attire chaque membre du réseau. De la même manière qu'Internet repose sur des protocoles tels que HTML (format de données conçu pour représenter les pages Web), le réseau " Metacurrency project " (projet monnaies libres) achève d'élaborer un protocole pour des monnaies libres.

    Les banquiers qui tiennent les rênes des institutions monétaires laisseront-ils ce bouleversement arriver ? Jean-François Noubel ne s'en inquiète pas : " Le processus est énorme, il est dans l'air, il est en train d'arriver. On va déposséder les banques du pouvoir de faire la monnaie. "

    f Sur le Web :

    Hervé Kempf
    Et si on essayait ? 

     


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  • Publié par Slate.fr

    La dégringolade de <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname> de Shanghai montre que l'économie chinoise, trop fragile, ne peut pas être le moteur de la croissance mondiale.

    Fin 1996, Alan Greenspan, le patron de <st1:personname productid="la Federal Reserve" w:st="on">la Federal Reserve</st1:personname> américaine (Fed), observait une «exubérance irrationnelle» sur les marchés boursiers mais décidait qu'il n'y pouvait rien. La  banque centrale de Chine se retrouve aujourd'hui dans la même situation. La croissance revient nettement mais elle s'accompagne d'une encore plus nette flambée du prix des «actifs», comme les actions et les logements. Que faire? Crever la bulle risque de ralentir la reprise. La laisser gonfler risque de nourrir l'inflation et, surtout, laissant s'installer l'exubérance, de déboucher sur un krach faisant perdre aux autorités la maîtrise de la situation.

    A Shanghai, subissant la crise mondiale, les valeurs en Bourse ont d'abord chuté de 70% par rapport à leur pic de la fin 2007 pour se reprendre de 80% ensuite. Les actions se vendent actuellement plus de 30 fois les profits ( PER ou price earning ratio) soit le double des autres pays émergents (The Economist du 13 août).

    Cette flambée s'explique simplement. Face à la crise mondiale qui touche <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> puissance exportatrice, le gouvernement de Pékin, assis sur des réserves considérables de dollars, a décidé d'un plan de relance qui est en volume relatif le plus important du monde. Ce plan a marché plutôt bien si on en croit la reprise amorcée dès le début 2009 et le retour d'une croissance nationale autour de 9% cette année, selon Goldman Sachs. Mais une partie des liquidités dont il a arrosé le pays (un cinquième, selon certaines estimations), a été soustraite et détournée des investissements réels pour se mettre en bourse tirant les indices vers le haut. La hausse a ensuite provoqué la hausse en attirant les investisseurs chinois lesquels n'ont en vérité pas de véritable alternative, les autres marchés financiers restant étroits et contraints. S'est constitué une bulle, avec une surévaluation des cours de 50 à 100%, selon l'économiste indépendant Andy Xie. Le même phénomène, plus limité, se retrouve sur le marché foncier, avec une forte remontée du prix des habitations.

    Que doit faire <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">la Banque</st1:personname> centrale de Chine? Des rumeurs de resserrement du crédit par les autorités monétaires ont provoqué une chute brutale des cours depuis plusieurs jours. Le recul atteint 20% depuis le 4 août. Du coup, <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname> de Shanghai a plombé toutes les autres places mondiales. Et si on s'était enthousiasmé trop vite et trop sur la vigueur asiatique et sur sa capacité à devenir le nouveau moteur du monde? La joyeuse hausse des places boursières cet été, au son du clairon de la reprise générale, s'est cassée d'un coup sur la découverte que les nouvelles venant de la merveilleuse Chine n'étaient peut-être pas si roses. Et si le dragon avait soufflé la prochaine bulle? Et si le gouvernement allait la crever?

    Bien malin qui sait en vérité où en est Pékin dans ses considérations sur la politique économique et monétaire à tenir dans les mois qui viennent. Comment le gouvernement peut-il s'y prendre? Il ne devrait pas inverser sa politique générale de relance pour l'instant, la politique de crédits faciles reste à l'ordre du jour. Seule le retour d'une forte inflation pourrait le contraindre à changer cette ligne. Mais Pékin va néanmoins «gentiment» resserrer les conditions de crédit (Barclays Capital Global Economic Weekly, 7 août). Exiger par exemple des apports plus importants lors d'un achat immobilier (40% du prix).

    <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">La Banque</st1:personname> de Chine ne peut guère aller plus loin car si l'économie repart vite tandis que l'Amérique peine encore, si la croissance se «découple» comme disent les économistes, il n'en est pas de même de la politique monétaire qui reste «collée» à celle de <st1:personname productid="la Fed. A" w:st="on">la Fed. A</st1:personname> cause de l'accrochage du yuan sur le dollar, Pékin ne peut pas avoir des taux d'intérêt plus fort que Washington sans attirer immédiatement des milliards de capitaux internationaux, or les capitaux sont déjà surabondants comme en témoigne la flambée de <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname>!

    On notera que ce découplage milite pour un abandon de l' «arrimage» au dollar et une réévaluation du yuan. Si les économies occidentales restent moroses pendant plusieurs années, <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> et l'Asie avec elle, pourraient voir leur modèle exportateur remis en cause. Pour prendre leur autonomie et redevenir durablement une zone de croissance forte, il faut que la consommation interne prenne le relais des exports. Un yuan élevé était un inconvénient dans la période exportatrice, un yuan élevé enrichirait aujourd'hui utilement les habitants nourrissant  leur consommation.

    Mais nous n'en sommes pas là. <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">La Chine</st1:personname> n'est pas encore l'Amérique. Elle n'a pas encore consolidé son nouveau modèle comme les yo-yo de la bourse de Shanghai l'indiquent. Ensuite les ordres de grandeur n'y sont pas. La consommation privée chinoise ne représente que 35% du PIB (Produit intérieur brut) contre 61% dans les pays de l'OCDE. La consommation asiatique totale ne pèse qu'un gros tiers de celle des Etats-Unis. Le dragon n'a pas la taille de l'aigle.

    Mark Leonard, ancien conseiller de Tony Blair explique que «l'Etat chinois est sorti des rails qui semblaient le mener vers une situation économique et politique de type occidental» (Que pense la Chine? ). « Le fil d'argent qui relie entre elles les nouvelles idées de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> sur la mondialisation, poursuit-il, c'est la recherche du contrôle. Les penseurs chinois veulent créer un monde où les gouvernements nationaux soient maîtres de leur destin sans être soumis aux caprices de la finance globale ou de la politique étrangère américaine». Cette thèse est sûrement très contestable. Mais en tous cas, Pékin tire une leçon de la crise: toujours éviter le laisser-faire à <st1:personname productid="la Greenspan." w:st="on">la Greenspan.</st1:personname>

    Eric Le Boucher


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  • Vous ne le savez certainement pas, mais je suis un enfant de Mai 68 (j’avais 17 ans an, et on ma donnée le bac cette année la).Aujourd’hui on fête les 40 ans de Woodstock des musiques qui ont bercé ma jeunesse.

    Alors j’ai rêvé, et ma vision c’est précisé en lisant le monde. Oui.

    Si on essayait.
    Vous le savez certainement si vous êtes un lecteur (un temps soit peut assidu de ce blog- j’en profite pour vous remercier et aussi la bonne dizaine de vrai personnes que ce blog m’a permis de rencontrer), vous savez que notre égoïsme est aussi un des éléments (très important) de cette crise. Oui notre manière de consommer, de toujours vouloir le dernier modèle, etc.…

    Et si on essayait de ce « changer ».

    Alors j’ai commencé à chercher et à travailler  :

    Les SEL (Système Echanges Locaux-  www.chez.com/sel) existent depuis très longtemps.

    Les CIGALES (Clubs d'investissement pour une Gestion alternative et Locale de l'Epargne -  http://www.cigales.asso.fr/) aussi, j’en sais quelques choses. J’y aie participé.
    Le microcrédit à la mode c’est derniers temps.

    Mais aussi d’autres choses, ACTION BLEUE HANDICAP (dont le lien est sur mon blog) en fait partie.

    Je compte sur toutes vos initiatives et commentaires pour enrichir cette page.

    Je mettrais des exemples, de ce qui existe, de ceux qu’on peut faire, etc…


    Et si on essayait ?

    1. Avoir un agriculteur près de chez soi 
    2.Créer des monnaies par millions 
    3. Et si on essayait : Une ville sur mesure 
    4. Et si on essayait ?Tous salariés tous patrons
    5.Feneyrols. Les jardins de cocagne fêtent leur dix ans
    6.Mon quartier, ma monnaie 


    Je mets a jour au fur et a mesure à bientôt


    8 commentaires
  •  

    Par Stéphanie Salti, à Londres

    le 18/08/2009

     

     

     

    De janvier à juin, les transactions ont reculé de 80 % dans le monde, laissant présager une fin d’année 2009 difficile

     

     

    Le private equity poursuit cette année le ralentissement entamé en 2008. Selon une étude publiée par l’IFSL (International Financial Services London), un institut indépendant assurant la promotion des établissements financiers britanniques, les investissements en matière de private equity ont décliné de 80 % dans le monde à 24 milliards de dollars au cours des six premiers mois de l’année 2009, soit la performance la plus médiocre enregistrée depuis douze ans.


    Dès lors, les transactions soutenues par les fonds de private equity n’ont représenté de janvier à juin que 3,5 % du volume de l’ensemble des opérations de fusions-acquisitions enregistrées au niveau mondial. A titre de comparaison, ce pourcentage était de 7 % en 2008, soit le niveau le plus bas depuis 2001.


    Les niveaux de levées de fonds sont également fortement en baisse : alors que 2008 avait enregistré un déclin de 8 % à 450 milliards de dollars, moins de 100 milliards de dollars ont été levés au cours du premier semestre 2009. Durant cette période, 30 projets de levées de fonds ont été abandonnés, soit le même nombre qu’en 2008 et deux fois plus qu’en 2007 (14).


    Dans un secteur en proie aux difficultés, les fonds secondaires, qui se spécialisent dans l’acquisition des positions détenues par des institutionnels dans des fonds de capital-investissement, parviennent à tirer leur épingle du jeu : selon l’IFSL, près de 15,6 milliards de dollars ont été levés sur ces marchés entre janvier et juin cette année, marquant ainsi déjà un nouveau record annuel (7,4 milliards de dollars en 2008). Mais en dépit du montant de ces levées de fonds, la valeur des opérations sur ces marchés secondaires n’a atteint que 2 milliards de dollars jusqu’à présent, « les vendeurs potentiels devant encore s’adapter aux prix bas que les acheteurs offrent actuellement » selon l’IFSL.


    Dans l’ensemble, le cabinet d’études table sur la poursuite du ralentissement des investissements au deuxième semestre : « Bien que les banques resteront les plus gros prêteurs des sociétés de capital-investissement, d’autres participants pourraient entrer sur ce marché dans la mesure où quelque 500 milliards de dollars de prêts sur les transactions existantes devront être refinancés au cours des prochaines années », conclut Marko Maslakovic, auteur de l’étude.


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