• Le nouveau visage de la coopération internationale

    "Rethink, redesign, rebuild" : repenser, redessiner, reconstruire. C'est autour de ces trois impératifs qu'ouvre aujourd'hui le forum économique mondial de Davos. Dans un texte publié par La Tribune en exclusivité pour la France, le fondateur du WEF livre ses réflexions sur la transformation du monde. Selon lui, la sortie de crise sera semée d'embûches avec l'apparition de nouvelles bulles qui imposent plus que jamais coopération et intégration.

    La récente crise économique et financière a mis en exergue le fait qu'après avoir découvert les joies de la "mondialisation des opportunités", nous faisons face actuellement à une "mondialisation des problèmes". Ce tournant illustre l'étendue de la transformation du monde d'aujourd'hui et reflète notamment dans quelle mesure il est bien plus interconnecté, interdépendant et complexe qu'auparavant, en mettant en scène de nombreux nouveaux acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux.

    Les effets de la crise semblent s'atténuer. Et malgré une reprise qui demeure fragile, une certaine satisfaction s'est désormais installée. L'élan vers les réformes globales qui prévalait auparavant est partiellement retombé et l'attrait de la coopération internationale s'est estompé ; la Conférence de Copenhague en a récemment fait la preuve.

    Les enseignements de la crise nous indiquent en toute clarté que cette année sera jalonnée de nombreuses difficultés. Les mesures fiscales et monétaires mises initialement en place en vue d'atténuer les secousses économiques mondiales font craindre désormais la formation de nouvelles bulles économiques.

    De plus, dans un contexte de surcapacité persistante de nombreux secteurs économiques, les évolutions démographiques, comportementales et technologiques induites par l'effondrement de la demande mondiale menacent la solidité de la reprise qui vient de s'amorcer. De surcroît, les risques planétaires tels que le changement climatique, la prolifération nucléaire et les pandémies n'ont jamais été aussi menaçants.

    En limitant notre action uniquement sur la gestion de la crise, nous ne ferons qu'alimenter la spirale descendante. Le déni de certaines vérités gênantes ou politiquement dérangeantes nous a incité à nous reposer sur des systèmes irréalistes et intenables dès le départ. Il est certain que les périodes de crise sont l'occasion de mettre en oeuvre des idées plus efficaces et de modifier le système mondial dans le bon sens, en s'appuyant sur la participation des principaux acteurs de l'ensemble de la société à l'échelle universelle.

    Sans aucun doute, 2010 constitue un tournant de l'histoire mondiale, et par conséquent, pour prendre en main notre avenir, il va nous falloir repenser avant tout notre système de valeurs, puis redessiner nos structures internationales, et reconstruire nos institutions.

    Repenser notre système de valeurs requiert de multiples conditions préalables : d'une part la garantie d'un ancrage à la responsabilité sociale et au développement environnemental durable, mais également une assurance à la réduction des inégalités. Ceci nous permettrait d'instituer les fondations qui adapteraient nos structures internationales aux besoins de la société du XXIème siècle. Ce remodelage doit être mis en oeuvre à tous les niveaux, et tout particulièrement au niveau mondial, par le biais de la mise en place d'un cadre indispensable, applicable notamment aux flux financiers et aux échanges internationaux. Pour y parvenir, une vision commune doit émerger, conjuguée à une innovation collaborative et des partenariats publics-privés afin de garantir le succès à long terme de la mise en oeuvre.

    Repenser nos valeurs et repenser nos structures internationales conduira naturellement à la reconstruction de nos institutions, en vue de les rendre plus proactives et plus stratégiques. Plus inclusives, elles renforceraient la participation de l'ensemble des acteurs. Elles seraient aussi plus fidèles aux nouvelles structures géopolitiques et géoéconomiques et plus soucieuses de la responsabilité envers les générations futures.

    Pour reconstruire le monde après la crise, il nous est possible de recourir à de nouveaux concepts qui se fondent sur une plus grande participation citoyenne et des partenariats engagés entre les instances publiques et les acteurs non-gouvernementaux. Il nous appartient de faire appel davantage à l'expertise et au savoir dans le cadre de nos processus de décision. Nous devons aussi accentuer le recours aux réseaux sociaux en tant qu'outil de renforcement de la responsabilisation, puiser plus efficacement dans notre capital numérique, et être plus à l'écoute de la génération à venir.

    S'il existe déjà de nombreuses institutions en mesure de prendre en considération certains aspects spécifiques des défis auxquels le monde fait face, aucune d'entre elles n'a aujourd'hui la charge d'examiner la situation mondiale en suivant une approche intégrée et globale. De plus, elles ne disposent pas non plus des acteurs et des moyens nécessaires pour garantir l'exécution adéquate d'une telle tâche.

    Intégration et coopération. Voilà clairement ce dont le monde a le plus besoin aujourd'hui. On ne relève pas ce genre de défi en solitaire. Il nous faut sortir de nos retranchements et créer des liens avec le reste du monde et les autres organisations qui nous entourent. Tout progrès à accomplir au XXIème siècle est caractérisé par la complexité et la rapidité d'évolution. Il requiert une capacité à comprendre les motivations de l'ensemble des parties prenantes de la société et à obtenir des informations pertinentes quant à la nature des problèmes. Cela ne peut se faire qu'à travers un dialogue entre ceux qui ont la responsabilité d'établir l'ordre du jour mondial. Cet échange est une condition préalable à une prise de décision éclairée et juste. La seule contribution que Davos puisse offrir au monde à chaque début année est de fournir les conditions permettant un tel dialogue, complet et authentique.

     

    Klaus Schwab, fondateur et président exécutif du World Economic Forum


    votre commentaire
  • Barack Obama recadre ses objectifs, l'emploi devient prioritaire

    Reuters28.01.10 | 08h00

                Par Caren Bohan et Ross Colvin

    WASHINGTON (Reuters) - Barack Obama a promis mercredi de consacrer cette année tous ses efforts à la création d'emplois et de ne pas renoncer à sa réforme de la santé malgré les difficultés rencontrées lors de sa première année de mandat.

    Le président américain a profité de son premier discours sur l'état de l'Union, prononcé devant les deux chambres du Congrès, pour recadrer ses objectifs après une série de revers subis ces dernières semaines, "dont certains étaient mérités" a-t-il dit.

    "L'emploi sera notre priorité numéro un en 2010", a déclaré le président américain alors que le taux de chômage reste bloqué à plus de 10% et que l'économie s'annonce comme le thème dominant de la campagne des élections de mi-mandat, en novembre.

    S'il a admis des erreurs au cours de l'année écoulée, Barack Obama a souligné qu'il ne renoncerait pas à ses efforts pour changer le fonctionnement de la politique à Washington.

    "Je ne renonce pas", a-t-il lancé aux législateurs, qui se sont fréquemment levés pour l'applaudir. "Saisissons ce moment pour repartir à zéro, pour porter le rêve plus avant et pour renforcer notre union une fois de plus."

    Comme il l'avait annoncé le 21 janvier, Barack Obama a promis d'imposer de nouvelles règles strictes aux grandes banques de Wall Street. Si son gouvernement a injecté massivement des dollars pour sauver le système financier en 2009, c'était pour éviter des fermetures d'entreprises et des licenciements encore plus nombreux, a-t-il dit.

    "J'ai détesté (le plan de sauvetage). Vous l'avez détesté, mais lorsque je suis arrivé au pouvoir, j'ai promis non seulement de faire ce qui est populaire, mais aussi ce qui est nécessaire", a-t-il ajouté.

    MESURES SOCIALES

    Barack Obama s'est aussi engagé à sortir le pays d'un "gouffre budgétaire massif" et de recourir à son veto pour veiller à la discipline budgétaire.

    Mais le président américain a insisté avant tout sur le besoin de soutenir une économie encore chancelante et de réduire le taux de chômage. "Les gens n'ont pas de travail. Ils souffrent. Ils ont besoin de notre aide. Et je veux sans tarder une loi sur l'emploi sur mon bureau", a-t-il déclaré.

    Dans ce discours retransmis à une heure de grande écoute, le chef de la Maison blanche a insisté sur des mesures sociales destinées à rassurer son électorat populaire.

    Promettant de puiser dans le remboursement des aides aux banques 30 milliards de dollars pour relancer les crédits aux PME, il a dévoilé une série de mesures d'aide aux classes moyennes et prédit que les plans de soutien à l'économie devraient permettre la création de 1,5 million d'emplois supplémentaires en 2010. Il a également annoncé l'objectif d'un doublement des exportations américaines dans les cinq ans.

    Sur les déficits, il a proposé comme prévu un gel pendant trois ans d'une partie des dépenses gouvernementales et demandé la création d'une commission bipartite chargée de réfléchir aux défis budgétaires à long terme.

    Le déficit budgétaire américain a atteint 1.400 milliards de dollars pour l'année fiscale 2009 et devrait être de 1.350 milliards en 2010, selon la commission du budget du Congrès.

    CONTRE LES LOBBIES

    Ce discours intervient huit jours après un cuisant revers électoral, les républicains ayant ravi aux démocrates le poste de sénateur du Massachusetts détenu pendant 47 ans par le défunt Edward "Ted" Kennedy.

    Cette défaite a fait perdre à Obama sa majorité qualifiée de 60 sièges au Sénat, qui empêchait les républicains de bloquer les débats par leurs manoeuvres d'obstruction systématique - le "filibustering".

    Ce bouleversement risque d'avoir de lourdes conséquences pour une réforme du système de santé dont une partie des démocrates commencent à se lasser à quelques mois des élections de mi-mandat. Mais Barack Obama a souligné qu'il n'abandonnerait pas ce chantier emblématique de sa présidence.

    "Quand j'aurai fini de m'exprimer ce soir, d'autres Américains auront perdu leur assurance-santé. Des millions la perdront cette année. Je ne laisserai pas tomber ces Américains, comme personne dans cette salle ne le devrait."

    A propos de Wall Street, Barack Obama a critiqué "les mauvais comportements" et réclamé au Congrès une "vraie réforme" du système financier. "Nous ne pouvons pas les laisser gagner ce combat", a-t-il dit à l'adresse des lobbies bancaires.

    Barack Obama a demandé aussi au Congrès de limiter les contributions électorales des lobbyistes. Obama ne décolère pas depuis la suppression par le Cour suprême à majorité conservatrice, jeudi dernier, du plafonnement des dons des entreprises dans les campagnes électorales, qui selon lui "ouvre les vannes à l'injection dans la démocratie américaine de montants illimités venant d'intérêts privés".

    Il a déploré un "déficit de confiance" et les "doutes profonds" de la population vis-à-vis de Washington en déclarant que le pays ne pouvait s'offrir que les divisions partisanes continuent de bloquer la mise en oeuvre des projets de loi, notamment sur la lutte contre le réchauffement climatique.

    Comme attendu, la politique étrangère des Etats-Unis n'a occupé qu'une faible place dans son discours. Barack Obama s'est dit confiant dans le succès de sa politique en Afghanistan malgré des jours difficiles qui s'annoncent et il a réaffirmé sa détermination à mener à bien le retrait des troupes de combat américaines d'Irak d'ici la fin août.

    Il a également promis de travailler avec le Congrès pour mettre un terme aux restrictions qui pèsent sur l'engagement des homosexuels au sein de l'armée américaine.

    Version française Guy Kerivel et Jean-Stéphane Brosse


    votre commentaire
  • Une petite réduction ?

    Dessin de Bertrams paru dans Het Parool


    votre commentaire
  • A Porto Alegre, Lula encourage les altermondialistes à passer à l'action

    Avant d'aller à Davos, le président brésilien s'est rendu, mardi, au Forum social mondial, où il est comme chez lui


    Porto Alegre (Brésil) Envoyé spécial

                Le président brésilien, Luiz Inacio Lula da Silva, aura bien mérité du Forum social mondial (FSM). Lui seul pouvait sans doute attirer, en soirée, quelque dix mille personnes, en majorité des militants et syndicalistes, comme il l'a fait, mardi 26 janvier, dans un grand gymnase couvert de Porto Alegre. Une foule chauffée à blanc l'a ovationné comme une rock star en scandant " Lula, guerrier du peuple brésilien ! ", avant de l'écouter faire l'éloge du mouvement altermondialiste.

    Celui-ci est venu fêter ses dix ans dans la grande ville du sud brésilien, qui avait accueilli la première édition du FSM, en 2001. Cette année-là, Lula da Silva, encore leader de l'opposition de gauche, avait été un des héros de la rencontre. Pour la dernière édition du FSM, en 2009 à Belém, en Amazonie brésilienne, il avait partagé la vedette avec ses quatre homologues de la gauche radicale sud-américaine : Evo Morales (Bolivie), Rafael Correa (Equateur), Fernando Lugo (Paraguay) et Hugo Chavez (Venezuela).

    Ton électoral

    Il était cette fois le seul chef d'Etat présent. Fort d'une popularité au zénith - 83 % d'opinions favorables - alors qu'il quittera le pouvoir à la fin de l'année, il a donné à cette soirée un ton électoral, vantant son bilan et faisant applaudir celle qu'il s'est choisie comme dauphine, Dilma Rousseff.

    Le président brésilien sera dès vendredi l'hôte du Forum économique mondial de Davos où il recevra le prix de " l'homme d'Etat mondial ". Le FSM était pour lui le lieu idéal pour ironiser sur le rendez-vous annuel du gotha : " J'ai conscience que Davos n'a plus le même glamour qu'en 2003 - année de sa première visite - . Le système financier ne peut plus passer pour exemplaire parce qu'il vient de provoquer, par son irresponsabilité, la plus grave crise de ces dernières années. "

    Il a consacré une partie de son discours à Haïti, pays où il se rendra, a-t-il annoncé, le 25 février, et pour lequel le Brésil a débloqué une aide d'urgence de 145 millions d'euros. Il s'est bien gardé de critiquer l'intervention militaire humanitaire américaine, qualifiée d'" occupation " ou même d'" attaque " par les plus radicaux des militants du FSM.

    Le président Lula a cependant accusé " le monde développé " d'être " responsable de ce qui s'est passé en Haïti " pour avoir trop longtemps négligé ce pays : " Ce tremblement de terre va peut-être mettre mal à l'aise les gouvernants de cette planète et permettre de faire ce qu'il aurait fallu faire il y a quarante ou seulement dix ans. "

    S'adressant aux dirigeants du FSM assis aux premiers rangs, il les a encouragés à proclamer 2010 " année de la solidarité " avec Haïti. " Il n'y aurait rien de pire que de terminer une rencontre comme la vôtre avec des résolutions qu'on rangerait dans un tiroir sans mettre en oeuvre toutes les bonnes choses que vous avez envisagées ", a-t-il conclu. Un conseil qui résonnait comme un encouragement à l'action.

    Jean-Pierre Langellier


    votre commentaire

  • votre commentaire