• Nourriture contre carburant

    par Brian Halweil
    traduit de World Watch
    Parfois, lorsque les humains essayent de résoudre un problème, ils finissent par en créer un autre. L’approvisionnement alimentaire mondial est déjà soumis à une pression importante : plus de 800 millions de personnes souffrent de la faim chaque jour, la population mondiale continue d’augmenter et un nombre croissant de gens dans les pays en voie de développement adoptent un régime plus occidental, plus riche en viande, qui nécessite plus de grain et d’eau par calorie que leurs régimes traditionnels. Une nouvelle source de tension potentielle se fait aujourd’hui sentir : les inquiétudes à propos des changements climatiques poussent de plus en plus de nations à s’intéresser à la conversion des cultures en biocarburants comme alternative aux combustibles fossiles. Cette transition peut-elle soustraire des terres à la production alimentaire et aggraver encore davantage le problème de la faim dans le monde ?

    -  Pour plusieurs raisons, certains analystes affirment que non, ou du moins pas dans un futur proche. Premièrement, ils soulignent que presque 40% de la production céréalière mondiale sert à nourrir le bétail, pas les humains, et que les prix mondiaux des céréales et des graines oléagineuses n’affectent pas toujours les prix de la nourriture pour les populations affamées, qui ne participent de toute façon généralement pas aux marchés officiels.

    -  Deuxièmement, du moins jusqu’à aujourd’hui, la famine a eu pour causes principales des revenus et une distribution inadéquate plutôt qu’une pénurie absolue de nourriture. De ce point de vue, une économie basée sur les biocarburants pourrait en réalité aider à réduire la pauvreté, et donc la faim. Selon un rapport récent de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, une utilisation accrue des biocarburants pourrait permettre de diversifier les activités agricoles et forestières, d’attirer les investissements vers de nouvelles petites et moyennes entreprises et de les accroître dans la production agricole, augmentant ainsi les revenus des plus pauvres.

    -  Troisièmement, dans l’avenir, les raffineries de biocarburants dépendront moins des cultures vivrières, et plus des déchets et des résidus organiques. Si l’on produit des biocarburants à partir de tiges de maïs, d’écorces de riz, de sciure de bois ou de papier usagé, il est peu probable que la production alimentaire en soit directement affectée. On peut également utiliser les herbes résistantes à la sécheresse, les arbres à croissance rapide et d’autres cultures énergétiques qui peuvent pousser sur des terres marginales inappropriées pour cultiver de la nourriture.

    -  Néanmoins, avec une demande grandissante à la fois en nourriture et en carburant, le potentiel à long terme des biocarburants pourrait être limité par la priorité donnée à la production vivrière si l’on ne parvient pas à harmoniser les systèmes bioénergétiques et les systèmes alimentaires. Les évaluations les plus optimistes du potentiel à long terme des biocarburants présument que la production agricole continuera d’augmenter et que la population mondiale et la consommation de nourriture vont se stabiliser. Mais les hypothèses à propos de la population peuvent être fausses. Quant à la production, biologique ou autre, elle pourrait ne pas augmenter suffisamment si l’agriculture est menacée dans l’avenir par le déclin des nappes phréatiques ou une mauvaise gestion des sols.

    Brian Halweil est chercheur à l’Institut Worlwatch et l’auteur de Eat Here : Reclaiming Homegrown Pleasures in a Global Supermarket.


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  • Scandale des taux variables : le Crédit Foncier reconnait ses fautes


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    Le Crédit Foncier a admis, devant le Tribunal de grande instance, s'être rendu coupable de pratique commerciale trompeuse. <o p="#DEFAULT"></o>

    Le Crédit Foncier reconnait ses torts. L'établissement a admis, devant le Tribunal de grande instance de Créteil, s'être rendu coupable de pratique commerciale trompeuse concernant plusieurs prêts à taux variables. Il a été condamné à verser une amende de 50.000 euros et à payer 10.000 euros à l'UFC-Que Choisir.<o p="#DEFAULT"></o>

    Pour l'UFC-Que Choisir, qui avait porté plainte le 18 janvier 2008, "cette sanction pénale est une importante victoire pour les consommateurs". Une importante victoire, mais pas une surprise. En effet, le Crédit Foncier avait déjà annoncé, en novembre dernier, qu'il allait verser 20 million d'euros d'indemnités aux clients lésés.<o p="#DEFAULT"></o>

    Entre le 1er juin 2005 et le 31 décembre 2007, plus de 150.000 emprunteurs avaient opté pour des crédits à taux variables, dont le taux n'était pas plafonné. Avec la brusque remontée des taux Euribor en 2007, nombre d'entre eux s'étaient retrouvés dans l'incapacité de faire face à l'augmentation des mensualités.<o p="#DEFAULT"></o>

    Un courrier d'information sera adressé, au plus tard le 31 janvier 2010, aux clients du Crédit Foncier ayant un prêt à taux révisable en cours, commercialisé directement ou indirectement par cet établissement.<o p="#DEFAULT"></o>


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    Je me souviens des clients auxquels j’expliquais vainement que leur simulation était fausse que c’était un prêt à taux variable « déguisé » en taux fixe.
    Mes clients (et ceux de mon équipe) le comprenait, mais les clients de « base » du réseau avaient vraiment du mal a me croire.
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    Aujourd’hui ces mêmes clients que je revois pour leur dire et maintenant, et bien maintenant rien Monsieur je ne me trompe pas moi le client. Oui dur d’admettre d’avoir tord même – et surtout- peut être quand j’ai était trompé.<o p="#DEFAULT"></o>

    Voila pourquoi cyniquement les grands réseaux font des choses parfaitement illégales.<o p="#DEFAULT"></o>

    Mais quid des organismes de contrôle que nous avons sollicité à l’époque, dont la seule réponse était un grand silence. Aujourd’hui pareil Silence. Silence on tond.<o p="#DEFAULT"></o>


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  • Les démocraties fossilisées  

    La chronique de  

    Jean-Marc Vittori

    Bon sang mais c’est bien sûr ! La vraie rupture de l’économie mondiale est là. Elle émerge peu à peu, à écouter les experts venus de Pékin, d’Istanbul, de São Paulo ou de Moscou, lors du colloque risque pays organisé par l’assureur-crédit Coface la semaine dernière : dans la crise, les pays émergents ont mené des politiques efficaces pour lutter contre le choc venu de Wall Street. Ils ont réduit leurs taux d’intérêt. Beaucoup d’entre eux ont aussi augmenté leurs dépenses publiques. En un mot, ils ont agi comme les pays riches.C’est un changement majeur. Jusqu’à présent, quand la crise survenait, ils montaient les taux d’intérêt pour éviter la fuite des capitaux, comme le conseillait le Fonds monétaire international. Ou ils fermaient les frontières, par réflexe. Maintenant, ils pratiquent une politique keynésienne, avec succès. Du coup, ils continuent de croître plus vite. Heureusement, d’ailleurs : comme le dit Pascal Lamy, le Français qui dirige l’Organisation mondiale du commerce,« les Etats-Unis, le Japon et l’Europe ont besoin d’un reste du monde qui les aide à sortir de la crise ».La rupture vient de la douleur. Les émergents ont tiré les leçons de la violente crise asiatique des années 1997-1998. A l’époque, la Thaïlande, la Corée du Sud, l’Indonésie et d’autres encore avaient attiré des nuées de capitaux à court terme, en promettant un avenir radieux. A la première inquiétude, ces capitaux se sont envolés comme des moineaux. Le FMI avait alors imposé une sévère politique d’austérité – exactement l’inverse de ce qu’ont fait les Etats-Unis depuis 2007. La production s’est effondrée.Les pays émergents ont juré qu’on ne les y reprendrait plus. Ils ont épargné, accumulé des réserves de change, serré les comptes publics, surveillé les mouvements spéculatifs. L’an dernier, le Brésil a même taxé les entrées de capitaux ! Ils ont aussi évité de s’endetter en devises étrangères. Pour leur malheur, l’Europe de l’Est était trop accaparée par sa reconstruction postcommuniste dans les années 1990 pour s’apercevoir qu’il y avait là un enjeu majeur. Ses dirigeants n’ont pas appris la leçon. C’est pour cette raison que ces pays sont aujourd’hui dans une situation calamiteuse. L’économiste en chef de Coface, Yves Zlotowski, propose l’acronyme « HELL » (enfer) pour regrouper Hongrie, Estonie, Lituanie et Lettonie, qui se débattent dans d’effroyables convulsions financières.Aujourd’hui, les grands pays émergents ont des finances pu bliques (et privées) en meilleure santé que les nôtres. Leur dette publique est en moyenne à 37 % du PIB contre 82 % pour les principaux pays riches. A la prochaine crise, ou au prochain acte de la crise actuelle, ils auront davantage de marge de manœuvre pour agir, sauf peut-être la Chine qui doit résorber une formidable bulle de crédits.Cette supériorité des émergents n’est pas seulement économique. Elle devient aussi politique. Par la démocratie ou par la dictature, ces pays parviennent à décider, à réformer, à impulser des changements. Lula II ne bouge plus beaucoup mais Lula I a réorganisé le Brésil comme jamais dans son  histoire. L’Inde s’ouvre. La Russie change même si c’est dans un chaos auquel elle semble condamnée. La Chine se met à la protection sociale et à l’écologie. Pendant ce temps-là, l’action politique patine dans les pays riches, sauf en cas d’urgence – plans de sauvetage de l’économie hier, secours à Haïti aujourd’hui. C’est évident aux Etats-Unis, où une minorité de 41 sénateurs sur 100 va bloquer une réforme de la santé en chantier depuis plus d’une décennie. Barack Obama sait qu’il aura aussi du mal à changer en profondeur les règles de la finance. Le Congrès est devenu une machine à bloquer. C’est frappant au Japon, où le nouveau Premier ministre, Yukio Hayotama, a comme principal fait d’armes… une hausse de 10 % des dépenses budgétaires. En Europe, l’échelon communautaire est inopérant. Et en France, le président le plus énergique de la Ve République ne parvient pas à faire beaucoup plus que des demi-réformes. Nos vieilles démocraties sont fossilisées. Trouverons-nous le moyen de les sortir de là avant une éruption volcanique ?


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  • La diaspora africaine à la rescousse

    Sanou Mbaye

    DAKAR – Pauvreté accrue, malnutrition, guerres civiles, mortalité… Sur la détresse de l’Afrique face à la crise financière mondiale, les bulletins d’information diffusent toujours à peu près la même rengaine déprimante. Partout ou presque, les médias transposent les résultats d’enquêtes, de façon à donner des descriptions saisissantes de brutalité et de désespoir de pays comme la Guinée et la République démocratique du Congo.

    Mais il y a une partie du tableau que les médias négligent honteusement. Ceux des pays africains qui se sont vu refuser l’accès des marchés internationaux des capitaux, pratiquement durant les cinq dernières décennies, ont en grande partie échappé au duo de malheur que sont la débâcle financière et la récession économique. Les économies du continent ont connu un ralentissement, mais pas une récession. Selon McKinsey & Company, l’Afrique se classe troisième, après la Chine et l’Inde, parmi ceux qui ont le plus fortement contribué à la croissance économique mondiale de 2009.

    De plus, plusieurs pays africains ont reçu, des agences de rating, des notations qui leur ont ouvert les places financières du monde. Dans certains cas, ces notations se sont avérées être supérieures, sinon égales, à celles de pays comme la Turquie ou l’Argentine. Des places boursières sont en train de s’établir à travers le continent.

    Qui plus est, l’exportation augmentant, des pays comme la Chine, l’Inde et le Brésil ont créé une plate-forme et ont permis d’inaugurer un modèle de coopération fondé sur le commerce, l’investissement et le transfert des technologies, plutôt que sur “l’aide.” A lui seul, le commerce entre la Chine et l’Afrique est passé de 10 milliards de dollars en 2000, à 107 milliards en 2008, et des milliards de dollars sont actuellement investis dans les activités pétrolière et minière, les transports, la production et la distribution d’électricité, les systèmes de télécommunication et autres infrastructures.

    Ces développements se sont si bien combinés, que les performances macroéconomiques des pays africains se sont améliorées de façon spectaculaire. L’inflation a été divisée par deux depuis les années quatre-vingt-dix, et les réserves de devises étrangères ont augmenté de 30%. Les finances publiques ont affiché un excédent de 2,8% du PIB en 2008, par rapport au déficit de 1,4% du PIB en 2000-2005. Les taux d’épargne se situent entre 10% et 20%, et la dette extérieure est passée de 110% du PIB en 2005 à 21% en 2008. Depuis 2000, les pays de l’Afrique subsaharienne ont réalisé une croissance économique de 5-7%.

    De nombreux facteurs ont contribué à cet essor. La demande des marchés émergents a fait grimper les prix des produits de base. L’urbanisation a fait naître un secteur informel dynamique. L’amélioration de l’administration, l’augmentation de la production alimentaire, l’accroissement du commerce entre régions, l’annulation de la dette, un meilleur usage de l’Aide publique au développement (APD), et l’expansion des marchés des télécommunications et du bâtiment ont compté également.

    Mais les transferts d’argent de la diaspora africaine ont été le facteur décisif. Une enquête, commandée par le Fonds international de développement agricole (FIDA) dont le siège est à Rome, indique que plus de 30 millions d’individus, vivant hors de leur pays d’origine, versent un montant annuel de plus de 40 milliards de dollars à leur famille et à la collectivité de leur pays d’origine. Pour les pays de l’Afrique subsaharienne, les envois de fonds sont passés, selon la Banque mondiale, de 3,1 milliards en 1995 à 18, 5 milliards en 2007, ce qui représente entre 9% et 24% du PIB et 80-750% de l’APD.

    Dans le marché des transferts, le comportement des migrants est lié avant tout aux réglementations et à la qualité – en termes de délais, coûts, sécurité et accessibilité – des produits et des services offerts par les banques, les sociétés de transfert d’argent, les institutions de microfinance et les agents informels. On distingue à cet égard trois stratégies en Afrique.

    La stratégie des pays anglophones s’attache à libérer le marché des transferts en faisant jouer la concurrence, en assouplissant les contraintes de réglementation pour les agents non-bancaires, en offrant des incitations financières, en favorisant l’innovation technique et financière et en encourageant les acteurs du marché à collaborer. Cette approche, adoptée également par l’Italie, contribue à réduire les coûts et à augmenter le volume général des fonds pour les bénéficiaires.

    L’approche hispanique privilégie la participation des migrants en leur offrant, à la fois pour le pays d’origine et pour le pays d’accueil, une gamme de produits spécifiques à leurs besoins, et des commissions faibles. Cette approche, très développée au Maroc et dans le monde hispanophone, s’illustre par la politique du taux de commission zéro, inaugurée par la banque espagnole Santander et par son homologue marocaine, Attijariwafa Bank.

    L’approche des pays francophones enfin, repose sur deux types de monopoles. Le premier est détenu par la société Western Union, qui contrôle jusqu’à 90% du volume total des transferts dans les 16 pays membres de la Zone franc. Pour les transferts en direction de ces pays, Western Union prend une commission qui s’élève jusqu’à 25%, alors que la norme moyenne mondiale s’élève à 5%, et cette société a exigé que les pays de la Zone franc signent des contrats d’exclusivité, empêchant, de ce fait, les bureaux de change, les bureaux de poste et les institutions de microfinance d’effectuer des transferts d’argent.

    Le deuxième monopole s’exerce sur le secteur bancaire. La France a un droit de veto aux conseils d’administration des deux banques centrales de la Zone franc, tandis que deux banques commerciales françaises, BNP-Paribas et la Société Générale, exercent un quasi-monopole sur les programmes de prêt, fondés principalement sur les financements commerciaux à court terme et sur les besoins des gouvernements, des sociétés publiques et privées et de l’élite. Toutes les autres banques locales ont adopté la même approche, rendant l’accès des services financiers plus que difficile aux ménages et aux entrepreneurs.

    Malgré le nombre croissant d’envois effectués depuis l’Italie, l’Espagne et les Etats-Unis, la plus grande part des fonds, en termes absolus, provient toujours de la France. Il y a par conséquent un réel besoin, pour la Zone franc, d’une institution financière qui puisse convertir les transferts des migrants en investissements productifs, générant ainsi emplois et richesses, et qui puisse ouvrir l’accès des services bancaires – emprunts-logement, produits d’assurance, plans de pension et assistance technique.

    Les statistiques officielles de 2009 sont susceptibles d’indiquer une diminution brutale des envois de migrants, la récession mondiale ayant considérablement amoindri les opportunités d’emploi à l’étranger. Il n’en est que plus important pour les pays africains, dont beaucoup ont apporté leur tribut aux fondations d’une croissance durable, qu’ils puissent se doter d’un système financier, capable d’imprimer aux transferts un réel effet de levier, prêt à entrer en action au moment de la reprise économique mondiale.
    Sanou Mbaye is a Senegalese economist and former member of the African Development Bank senior management team.

    Copyright: Project Syndicate, 2010.
www.project-syndicate.org
Traduit de l’anglais par Michelle Flamand


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