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  • christine lagardeministre de l’Économie, de l’industrie et de l’emploi

    « Nous allons simplifier et rendre plus efficaces les aides fiscales à l’accession à la propriété »  

    La réforme des dispositifs d’aide à l’accessionà la propriété, prévuedans le budget 2011, est-elle arrêtée ?

    Les grands principes sont décidés, mais je voudrais d’abord rappeler pourquoi le ministère de l’Economie suit ce dossier de près, en lien étroit avec Jean-Louis Borloo et Benoist Apparu. D’abord, la construction constitue un secteur clef, à fort effet multiplicateur sur l’économie. C’est ensuite un domaine qui fait intervenir de nombreux leviers fiscaux. L’objectif est d’améliorer l’accession à la propriété, sachant qu’il n’y a que 58 % de Français propriétaires contre 66 % en Europe. Il y a aujourd’hui un maquis compliqué d’aides. Le dispositif a montré son coût, mais pas son efficacité.

    Outre le crédit d’impôt sur les intérêts d’emprunt immobilier que vous allez supprimer,il y a le prêt à taux zéro,sous condition de ressources,et le Pass-Foncier…

    Nous allons passer à un seul et unique outil, qui sera un prêt à taux zéro renforcé. Le nouveau prêt à taux zéro sera universel, c’est-à-dire sans condition de ressource, mais il sera réservé aux primo-accédants. L’aide sera concentrée en fonction de trois critères : elle sera accentuée pour les faibles revenus, les zones géographiques d’habitation en forte tension (zone A) et les achats dans le neuf. Sans exclure pour autant les ventes dans l’ancien et les zones B et C. De même, nous allons cibler les faibles revenus, mais aussi les classes moyennes, trop souvent exclues. Les barèmes précis seront finalisés et annoncés par le ministère du Logement à la rentrée, pour une entrée en vigueur début 2011.

    Quel sera le coût du nouveau dispositif ?

    Aujourd’hui, le prêt à taux zéro et le crédit d’impôt représentent un coût de 2,8 milliards d’euros, dont 1,6 milliard pour le seul crédit d’impôt. Le nouveau dispositif coûtera 2,6 milliards par an en régime de croisière. Un mécanisme prévoira, si l’on constate un dérapage en cours d’année, d’ajuster automatiquement les barèmes afin de « refroidir » le système.

    Y aura-t-il plus de bénéficiaires ?

    Oui, car aujourd’hui les banques ne prennent pas en considération le crédit d’impôt pour accorder un prêt. L’argent redéployé sur le nouveau prêt à taux zéro, avec des plafonds à la hausse, va accroître la solvabilité des ménages.

    Avez-vous eu des états d’âme en supprimant le crédit d’impôt, une mesure emblématique de la loi travail, emploi, pouvoir d’achat de 2007 ?

    Non, car on ne tourne pas du tout le dos à la valeur travail. Il s’agit de simplifier et d’être plus efficace. Une chose importante : les bénéficiaires actuels continueront de bénéficier du crédit d’impôt, qui dure cinq ans.

    Allez-vous revoir les conditions de financement du PTZ avecles banques ?

    Nous allons leur demander de faire un effort, notamment sur les frais de commissionnement.

    Comment fluidifier le marché de l’immobilier ?

    J’ai réuni récemment les acteurs de la filière afin d’envisager les moyens fiscaux d’accélérer les mutations des propriétés immobilières et d’éviter la rétention des terrains à bâtir. Le gouvernement travaille sur deux pistes. La première concerne la taxe sur les plus-values de cession des maisons, immeubles et terrains. Aujourd’hui, plus vous vendez tôt le bien acquis, plus vous payez d’impôt. Cela incite à conserver son bien le plus longtemps possible. Nous réfléchissons à inverser l’ordre des priorités. En clair, la taxe irait croissant dans le temps. Deuxième piste : la taxe foncière. Elle peut être majorée pour les terrains à bâtir, mais c’est une option à la discrétion des communes. L’idée serait de rendre cette majoration systématique, afin d’inciter les propriétaires à construire ou à vendre.

    Les professionnels s’inquiètent d’un relèvement du taux de TVA à 5,5 % sur les travauxde rénovation des bâtiments…

    En matière de niches, tous les sujets sont ouverts, y compris celui-ci. Nous sommes en phase d’expertise et la question ne sera pas tranchée avant septembre. Une chose est sûre : il faut conserver un mécanisme simple, qui n’incite pas à la fraude.

    Propos recueillis parantoine boudet, Étienne lefebvre
    et dominique seux

    Christine Lagarde.Jose Giribas/ROPI-REA


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  • La Serbie tente depuis des mois d'enrayer la glissade de sa monnaie

    Depuis le début de l'année, le dinar a perdu plus de 12 % de sa valeur. La banque centrale continue d'intervenir en puisant dans ses réserves de change.

    « La Slovénie fait déjà partie de l'Union européenne, la Croatie est en bonne voie pour y accéder d'ici à 2012, le Monténégro a déjà intégré l'euro, et nous, nous attendons ». Comme le déplore cette professeur à Belgrade, la Serbie qui, comme l'Albanie au sud des Balkans, aspire à rejoindre l'UE devra encore patienter. Outre les aspects politiques qui freinent son cheminement vers l'Europe - celui-ci est conditionné à la capture d'un criminel de guerre -, le pays peine à s'extraire de la récession et à endiguer la chute de sa monnaie. Depuis septembre 2008, le dinar a perdu un tiers de sa valeur, dont 12 % face à l'euro depuis janvier. Lundi, il a touché un plus bas de 107 dinars. « Au vu des données macroéconomiques, le dinar est clairement sous-évalué », regrette le vice-gouverneur de la Banque centrale, Bojan Markovic qui attribue cette faiblesse à « des facteurs psychologiques ». Cette dérive de la monnaie fait craindre aux autorités serbes de ne pas pouvoir tenir leurs engagements en matière d'inflation, l'objectif étant de la maintenir entre 4 % et 8 % cette année. Ou encore de voir le système bancaire déstabilisé par une augmentation du nombre de défauts d'emprunteurs. Un tel scénario n'aiderait en rien le pays à remplir ses engagements à l'égard du FMI qui, en échange d'une aide de 3 milliards d'euros, réclame une réduction des dépenses publiques et du déficit budgétaire sous la barre des 4,8 % du PIB.

    « Une telle parité monétaire ne contribue plus à la stabilité de notre économie », poursuit Bojan Markovic. Pour l'heure, la banque centrale continue d'intervenir en puisant dans ses réserves de change. L'institut monétaire a cédé pour plus de 1,5 milliard d'euros (dont 40 millions lundi) depuis le début d'année. Et souhaite, à l'instar du gouvernement, renforcer le rôle du dinar dans une économie où d'autres monnaies lui font de l'ombre. Les transactions entre banques se font encore à 70 % en devises étrangères. Et les ménages serbes dont l'épargne a été rongée par l'hyperinflation et les dévaluations dans les années 1990 gardent également des devises. « La banque centrale continuera d'intervenir pour soutenir le dinar, tout en mesurant les risques de voir la hausse des taux directeurs hypothéquer la reprise de la croissance (attendue à 2 % cette année) », a confié Dejan Soskic le nouveau président de l'institut monétaire qui est entré en fonction la semaine dernière. «Il est notamment essentiel si l'on veut rendre la politique monétaire du pays plus efficace de doper la liquidité du marché de dette locale ». Marjorie Bertouille


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  • Les banques doivent repenser leur relation aux clients PME

    Une étude de Finalta et de l'Efma s'interroge sur la pertinence du recours systématique aux conseillers spécialisés et propose des pistes pour optimiser la relation aux PME.

    ÉTUDE

    Les 40.000 conseillers spécialisés dans les clients PME représentent un coût annuel de 2 milliards d'euros pour les banques européennes, mais cet investissement est loin d'être toujours pertinent. C'est la conclusion centrale d'une étude publiée ce mardi par le cabinet de conseil Finalta et l'Association européenne de management et marketing financiers (Efma). Réalisé auprès de 90 établissements dans 27 pays d'Europe, ce travail analyse en détail l'activité de ces conseillers spécialisés, partagée entre le crédit, la vente et la conquête, et enfin le développement de la relation client.

    Premier enseignement, l'intensité des relations entre conseillers spécialisés et PME laisse à désirer. Dans les pays d'Europe du nord et occidentale (hors Espagne et Italie), les chargés de clientèle entrent en contact avec chaque PME 2,4 fois par an, contre un objectif fixé en moyenne à 3,3 contacts. En matière d'octroi de crédit, la moitié des prêts font l'objet d'une décision centralisée, contre 42 % accordés au niveau local et 8 % au niveau régional. Dans ce contexte, l'étude pointe du doigt les délais d'octroi de crédit, qui atteignent en moyenne 9 jours pour un prêt garanti dans la moitié occidentale du continent, et même 15 jours en Europe centrale et orientale, alors que les meilleures pratiques sont de trois jours. « Néfastes pour le client et inefficaces pour la banque », ces délais ne s'expliquent pas seulement par des « divergences de philosophie et de stratégie », mais aussi par « des différences dans la pertinence des processus d'octroi de crédit », qui sont souvent « mal conçus ou mal gérés », et dont l'amélioration permettrait d'alléger la charge de travail des conseillers.

    Convertir les patrons

    Autre activité essentielle des conseillers PME, la conquête de clients et la vente. Pour les PME aux besoins sophistiqués, les plus rentables, l'étude conseille de limiter le recours aux spécialistes aux tâches à haute valeur ajoutée, comme l'octroi de crédit ou d'autorisation de découvert, et d'affecter les autres tâches (ouverture de comptes courants, vente de cartes de paiement) aux non spécialistes. Quant aux 90 % des jeunes pousses dont « les besoins sont limités, et ont toutes les chances de le rester », elles pourront se contenter de conseillers non spécialisés, donc moins onéreux. La troisième mission des conseillers, axée autour du conseil et du développement des relations avec les clients, apparaît comme essentielle pour convertir les patrons de PME en clients particuliers « bonne gamme ». Les trois quarts des banques ont des conseillers dédiés pour chaque type de clientèle, et, parmi elles, seules 43 % fixent aux conseillers PME des objectifs de contacts transmis aux conseillers particuliers (32 % en sens inverse). Et parmi les banques qui utilisent un seul et même conseiller, seules 30 % fixent un objectif pour les patrons de PME à convertir en clients particuliers.

    Par Benjamin Jullien


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