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  • Emprunts toxiques : Saint-Etienne assigne  Deutsche Bank   

    La municipalité stéphanoise, qui veut faire annuler un emprunt dont le taux va grimper à 24% au printemps 2010, envisage d’autres actions en justice.

    DE NOTRE CORRESPONDANTÀ SAINT-ÉTIENNE.

    Maurice Vincent, le maire PS de Saint-Etienne, a annoncé hier que sa ville va assigner la semaine prochaine <st1:personname productid="la Deutsche Bank" w:st="on">la Deutsche Bank</st1:personname> devant le TGI de Paris pour faire annuler un « emprunt toxique » de 20 millions d’euros. Saint-Etienne est la première ville française à annoncer une telle évolution contentieuse dans la relation avec ses créanciers. Elle espère que cette action,« que nous envisageons d’étendre à d’autres banques », aura un impact sur la« posture peu coopérative »de la plupart de ses prêteurs. Notamment de Dexia, qui représente à lui seul 55 % des 400 millions d’euros d’encours de la dette stéphanoise. Le produit financier en cause, souscrit auprès de la première banque allemande, est un swap adossé à l’évolution de la parité de la livre sterling sur le franc suisse.« L’effondrement de la monnaie britannique portera à partir d’avril 2010 à 24 % le taux d’intérêt, contre 4,3 % actuellement, pour cet emprunt qui court jusqu'en 2022, soit un surcoût de 3,7 millions d’euros par an, équivalant à une augmentation de 4 % des impôts locaux », s’est insurgé le maire de Saint-Etienne, qui a augmenté cette année la fiscalité locale de 7,5 %. L’élu estime qu’il y a eu un« défaut d’information de la part de <st1:personname productid="la Deutsche Bank" w:st="on">la Deutsche Bank</st1:personname> sur ce produit complexe ». Il ajoute que« la réglementation existante ne donnait pas à mon prédécesseur à la mairie le pouvoir de signer de tels contrats portant sur des produits spéculatifs ».« Les négociations menées depuis dix-huit mois avec d’autres organismes bancaires ont permis de faire descendre de 70 % à 49 % le taux des emprunts à risques »,a précisé l’adjoint aux finances de la ville, Jean-Claude Bertrand. Ainsi, Calyon, filiale du groupe Crédit Agricole qui souhaite continuer à travailler avec la capitale du Forez, a effacé la moitié de la soulte exigible pour deux emprunts « snowballs ». Les trois derniers produits à effet cumulatif de cette nature dont la ville essaie de se défaire ont été souscrits auprès <st1:personname productid="la Royal Bank" w:st="on">la Royal Bank</st1:personname> of Scotland, pour un montant de 25 millions d’euros. Une négociation sur ce sujet avait lieu hier soir entre la collectivité et RBS.Des discussions se poursuivent aussi avec Natixis et Depfa, et bien sûr avec Dexia. Déçu des résultats de sa rencontre avec Pierre Mariani, l’administrateur délégué de la banque franco-belge, le maire de Saint-Etienne, annonce avoir« saisi la semaine dernière le ministre de l’Intérieur chargé des collectivités territoriales ainsi que le ministre des Finances pour obtenir des négociations sérieuses de la part de Dexia, permettant d’aboutir à une baisse considérable des risques pour Saint-Etienne sur le long terme, notamment en ’capant’ les taux ».Le 2 novembre, lors du débat d’orientation budgétaire de sa commune, le maire proposera« de porter de 400.000 à 6 millions d’euros les provisions pour risques liés aux emprunts toxiques », alors que leur valorisation négative est aujourd’hui de 82 millions.

    DENIS MEYNARD

     

    Non-initiés et emprunts toxiques 


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  • En cas de croissance anémique et de remontée des taux longs, les États-Unis et le Royaume-Uni pourraient perdre leur notation financière AAA, la meilleure évaluation octroyée par les agences.

    Confrontés à la faillite de Lehman brothers et à la chute de l'activité, les États développés ont dû intervenir en s'endettant massivement, au point que c'est leur propre solidité financière, plombée par les plans de soutien et la baisse des recettes fiscales, qui est mise en question.

    Après avoir annoncé que son déficit budgétaire atteindrait 12,5 % de son PIB en 2009, <st1:personname productid="la Grèce" w:st="on">la Grèce</st1:personname> a ainsi vu sa notation financière abaissée jeudi dernier d'un cran par Fitch Ratings, de A à A?. Steven Hess, le chef analyste de Moody's outre-Atlantique, a averti dans la foulée que « la note Aaa des États-Unis n'est pas garantie », indiquant que « s'ils ne ramènent pas d'ici trois ou quatre ans leur déficit à un niveau supportable, la note sera menacée ». Le déficit fédéral a atteint plus de 1.400 milliards de dollars sur l'exercice 2008-2009, soit 9,9 % du PIB, et Washington anticipe des déficits de plus de 1.000 milliards pour les deux prochains exercices.

    La pression sur les notes financières des États les mieux notés n'est pas nouvelle, mais elle s'intensifie. Standard and Poor's avait abaissé de stable à négative la perspective sur les notes de la dette britannique en mai dernier, tandis que l'Irlande avait perdu son AAA auprès des trois grandes agences de notation en juillet dernier. « Les États les plus avancés sont les plus affectés par la crise économique, et ce sont ceux qui ont le plus augmenté leur endettement rapporté au produit intérieur brut », explique Pierre Cailleteau, directeur général du groupe risque souverain chez Moody's. « Aucune dégradation n'est à prévoir dans l'immédiat, mais la question de la résistance des notes Aaa des pays les plus solides est posée », ajoute-t-il, car « l'impact de la crise actuelle sur l'endettement des États développés est équivalent à celui d'une guerre ».

    ligne rouge

    Les États notés AAA devraient connaître un bond de plus de 35 points de pourcentage de leur ratio de dettes sur PIB entre 2006 et 2010, contre une baisse d'environ 10 points pour les pays notés seulement B, selon Moody's. L'Irlande caracole en tête, avec une hausse de 85 points, suivie du Royaume-Uni (+ 37 pts) de l'Espagne (+ 25 pts) et des États-Unis (+ 22 pts).

    Pour jauger de la solvabilité des États, Moody's introduit notamment dans son analyse des critères mesurant la charge de la dette (le poids des remboursements dans les recettes fiscales) et la capacité à emprunter massivement sans augmenter le coût de financement. Selon le scénario macroéconomique médian à horizon 2012 retenu par l'agence, les États-Unis et les grands États européens devraient réussir à rester dans les clous du AAA.

    Mais dans la plus sévère hypothèse, qui correspond à une croissance anémique de seulement 0,5 % de 2010 à 2012 et une remontée de 1 % des taux longs, la charge de la dette des États-Unis et du Royaume-Uni pourraient alors dépasser respectivement 14 % et 12 %, la ligne rouge synonyme d'abaissement de notation. J. B.


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  • Manhattan porte encore les stigmates de la récession : les panneaux " A louer " ornent tous les gratte-ciel de bureaux et nombre de boutiques ont baissé leur rideau de fer


    New York Envoyé spécial

                REPORTAGE

    Un an après la disparition de Lehman Brothers, l'effondrement de Wall Street et le début d'une récession mondiale, Manhattan porte encore les stigmates de la crise.

    " Regardez, on ne compte plus les offres de location de bureau ", dit Lena Berkmann, agent immobilier sur Amsterdam Avenue. Sur Lexington Park, sur la 7e, la 8e, les vitrines vides et les grilles de boutique baissées continuent à enlaidir les rues. A tous les carrefours, les panneaux " A louer " défigurent les premiers étages des gratte-ciel.

    John, un robuste Afro-Américain vendeur de tapis d'Orient sur Madison, liquide les stocks. " Avant la crise, les gens rentraient et cédaient à une impulsion. Aujourd'hui, ils ne rentrent même plus. " Alors John cède le stock : " 60 % à 70 % de réduction. "

    New York tout entier brade. Yona, elle, ce sont ses tee-shirts " I love NY " qu'elle solde au coin de Houston et Broadway. " Le business ne va pas fort ! Mais il irait mieux si vous m'en achetiez cinq pour 10 dollars. " Or sur la 5e Avenue, on en trouve à 10 dollars... les dix.

    C'est dans l'immobilier que la baisse des prix devient spectaculaire. Ce merveilleux penthouse de huit pièces au 935 Park Avenue, vendu en 2005 pour 4,5 millions de dollars (3 millions d'euros), remis sur le marché à 5,9 millions de dollars en mars <st1:metricconverter productid="2008, a" w:st="on">2008, a</st1:metricconverter> fini par trouver preneur début 2009. Mais à 3,6 millions seulement (- 39,4 % par rapport au prix demandé). Moins chic, ce quatre pièces de la 79e rue Est, a été vendu pour 765 000 dollars en septembre 2008, à l'orée du crash. Deux mois plus tard, le même appartement dans le même immeuble, restait invendu à 570 000 dollars (- 25,5 %). Il a été retiré du marché en mars.

    Selon Fiserv, une société spécialisée dans l'information financière, le prix médian des transactions observées à Manhattan a chuté de 21,7 % en un an à 375 000 dollars. Une nouvelle baisse de 17,4 % est attendue d'ici à juin 2011.

    Les surfaces commerciales aussi se négocient à la baisse. La demande pour des locations de boutiques de vente au détail avait augmenté de manière continue (+ 54 %) entre 2001 et 2008, indique une étude de <st1:personname productid="la Chambre" w:st="on">la Chambre</st1:personname> syndicale de l'immobilier de New York avec des prix allant de 84 à 129 dollars le pied carré (<st1:metricconverter productid="0,30 m2" w:st="on">0,30 m2</st1:metricconverter>). Aujourd'hui la demande est en baisse de 11 %, avec des prix qui ne dépassent pas 115 dollars. Bien sûr, il s'agit là de moyennes. La baisse de la demande est de 29 % dans le quartier de Flatiron (sud de Manhattan). Sur Broadway, entre la 72e rue Ouest et la 86erue, la baisse de prix est de 24 % à 293 dollars le pied carré. A l'été 2008, dans cette zone, les commerces s'écoulaient sans peine à 384 dollars. Vers Herald Square, entre la 5e Avenue et la 7e, les prix ont chuté de 23 % à 508 dollars.

    Il n'y a pas que les biens immobiliers qui chutent. Les salaires aussi. Nelly a été promue à un poste de direction administrative au sein de la banque Goldman Sachs au début de l'année. Mais son salaire a baissé, et elle n'a perçu aucun bonus en décembre 2008. " C'était la crise et il fallait être solidaire avec les départements les plus touchés par l'effondrement des marchés. " Nelly n'a pas protesté. Voilà quelques jours, elle a lu dans le Wall Street Journal qu'en décembre prochain, des bonus énormes allaient être distribués. Elle en a discuté avec ses collègues : tous se posaient la même question : " Aurons-nous notre part ? "

    Une étude du Centre des statistiques du travail a montré qu'au premier trimestre les salaires ont baissé de 23 % à New York City, contre - 10 % seulement à Mecklenbourg (Caroline du Nord) et - 11 % à Fairfield (Connecticut). Au plan national, les salaires ont baissé de 3 %.

    Curieusement, le secteur financier semble le moins touché par la crise. Certes, le New York Times rappelle de temps en temps que des traders de l'ex-Lehman Brothers sont devenus pompistes en Floride, mais Philip, spécialiste de l'analyse des risques des produits dérivés chez Calypso, assure avoir vécu la crise par journaux interposés : " Mon style de vie n'a pas changé, mes amis ont gardé leur job, mon salaire est payé. " Ses bonus ont sauté en 2008, mais il s'est partiellement rattrapé en renégociant le taux de son crédit immobilier. De 6,125 %, celui-ci est passé à 5,125 %.

    David, 32 ans, est le survivant d'une cellule de dix personnes spécialisée dans le financement du cinéma au sein d'une des grosses banques de la place. " Les investisseurs abondaient, on levait de l'argent facilement, mais les bons films étaient préemptés par les studios à Los Angeles. Alors, quand la crise a éclaté, les pertes sont devenues évidentes. " La cellule a été dissoute, le personnel licencié, mais David est resté. Avec son ancien patron, ils se taillent une part sur le marché de la restructuration d'entreprise. " Vu le nombre de faillites, c'est là qu'est le marché. On est payé par les créanciers au pourcentage des dettes qu'on récupère. " David a remarqué que ses ex-collègues se sont tous recasés dans une banque. Il en a profité lui aussi pour renégocier le loyer de son appartement sur Battery Park. De 3 000 dollars par mois, celui-ci est tombé à 2 700 dollars.

    Pendant la crise, Craiglist, le site mondial de petites annonces gratuites, a doublé son audience en un an, passant de 10 à 20 milliards de pages vues. Explication : beaucoup d'Américains bradent maison, vaisselle ou ordinateur pour rembourser leurs dettes.

    Yves Mamou


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