• <st1:personname productid="La Terre" w:st="on">La Terre</st1:personname> est toujours plus surexploitée par l'homme

    " L'empreinte écologique globale " a augmenté de 22 % en dix ans. Cet indicateur, jugé utile, est néanmoins débattu

     

                Une planète Terre et demie ou presque : c'est la surface qu'il faudrait à l'humanité pour produire les ressources qu'elle consomme en un an pour se nourrir, se vêtir, se déplacer, se chauffer, et absorber ses déchets, si les terres et les écosystèmes étaient exploités de manière durable. L'image, destinée à frapper les esprits, a été créée et popularisée par l'organisation non gouvernementale Global Footprint Network (GFN), installée en Californie, qui calcule chaque année depuis <st1:metricconverter productid="2003 l" w:st="on">2003 l</st1:metricconverter>'empreinte écologique de l'humanité, c'est-à-dire sa consommation de ressources rapportée à la capacité de production et de régénération moyenne de la planète.

    Selon ses derniers calculs, rendus publics mardi 24 novembre, cette empreinte a augmenté de 2 % entre 2005 et 2006, et de 22 % par rapport à la décennie précédente, à la fois du fait de l'augmentation de la population mondiale, et de la croissance de la consommation par habitant. " Nous utilisons trop rapidement les ressources que <st1:personname productid="La Terre" w:st="on">la Terre</st1:personname> peut fournir, et nous produisons plus de déchets qu'elle ne peut en absorber, commente Mathis Wackernagel, créateur du concept et président du GFN. Nous en constatons tous les jours les effets : déforestation, perte de terres arables, surexploitation des ressources marines, stress hydrique, accumulation de CO2 dans l'atmosphère. " Selon le GFN, les besoins de l'humanité ont commencé à excéder les capacités productives de <st1:personname productid="La Terre" w:st="on">la Terre</st1:personname> en 1986. Depuis, l'homme vit au-dessus de ses moyens.

    Le concept d'empreinte écologique a été inventé au début des années 1990. Son unité est " l'hectare global ", dont les capacités de production ou d'absorption des déchets correspondent à la moyenne mondiale des " performances " des terres agricoles et des écosystèmes (biocapacités). L'empreinte écologique d'un pays correspond au nombre d'hectares globaux nécessaires pour fournir les denrées alimentaires et les fibres textiles consommées par sa population, pour construire ses villes et ses infrastructures, et pour absorber ses déchets, gaz à effet de serre compris. Les émissions de CO2 sont converties en nombre d'hectares de forêt requis pour les absorber.

    Le concept a fait l'objet de nombreux travaux en France, dans le cadre de la réflexion sur l'élaboration de nouveaux indicateurs de bien-être. Ni la commission Stiglitz sur la mesure de la performance économique et du progrès social ni le Conseil économique, social et environnemental (CESE) n'ont préconisé de l'utiliser en priorité. Ils lui ont préféré le bilan carbone, jugé plus simple et plus robuste. " L'empreinte écologique est un concept séduisant et pédagogique, mais il présente des limites, note Philippe Le Clézio, rapporteur d'un avis du CESE sur le sujet en juin. Par exemple, il ne prend pas en compte les pollutions. L'utilisation d'engrais augmente la productivité des sols, donc diminue l'empreinte écologique, mais elle crée aussi une pollution. "

    Alain Grandjean, membre du comité stratégique de <st1:personname productid="la Fondation Nicolas" w:st="on">la Fondation Nicolas</st1:personname> Hulot fait partie des sceptiques. " C'est un indicateur pionnier, qui a permis de montrer que l'humanité prélève plus que ce que les ressources renouvelables peuvent fournir, mais il pose des problèmes méthodologiques, explique l'économiste. Il veut mesurer avec une unité commune des données incomparables. Les émissions de gaz à effet de serre se mesurent en tonnes, pas en hectares. La capacité d'absorption du CO2 par les forêts est un sujet très débattu, les écarts entre les estimations peuvent être importants. "

    L'économiste Jean Gadrey, qui a participé aux travaux de la commission Stiglitz, défend le concept. " Il existe peu d'indicateurs aussi performants pour sensibiliser les personnes qui ne sont pas spécialistes, affirme-t-il. Il nous montre que nous dépendons de territoires qui peuvent se trouver loin de nous. Il a un intérêt pour réfléchir plus largement que sur la seule question du carbone. " M. Wackernagel répond aux critiques que son concept est " une comptabilité qui repose sur des outils scientifiques et mesure une question précise, à savoir quelle biocapacité nous utilisons. "

    L'intérêt majeur de l'indicateur est de mesurer l'évolution des consommations de ressources dans le temps. Il met aussi en relief les inégalités entre modes de vie.

    Les habitants des Emirats arabes unis, qui consomment chaque année l'équivalent d'environ <st1:metricconverter productid="11 hectares" w:st="on">11 hectares</st1:metricconverter> globaux, ont l'empreinte écologique la plus élevée. Suivent le Qatar et les Etats-Unis. Les pays d'Europe de l'Ouest figurent parmi les trente premiers, aux côtés du Canada, d'Israël et du Japon - les Français, avec <st1:metricconverter productid="5 hectares" w:st="on">5 hectares</st1:metricconverter> globaux par personne, sont au 22e rang mondial. Chaque Chinois consomme en moyenne <st1:metricconverter productid="2 hectares" w:st="on">2 hectares</st1:metricconverter> globaux, autant que les Maliens ou les Péruviens. Les habitants d'Haïti, de <st1:personname productid="la R←publique" w:st="on">la République</st1:personname> démocratique du Congo, de l'Inde, du Cambodge, ou de <st1:personname productid="la C￴te" w:st="on">la Côte</st1:personname> d'Ivoire figurent parmi les plus petits consommateurs de ressources au monde, avec moins de <st1:metricconverter productid="1 hectare" w:st="on">1 hectare</st1:metricconverter> global.

    Gaëlle Dupont

    L'agriculture européenne comble le puits de carbone

    En Europe, la capacité des prairies et des forêts à stocker le CO2 émis par les activités humaines est compensée par les pratiques agricoles intensives, selon une étude internationale publiée le 22 novembre dans Nature Geoscience. Ce bilan des flux de gaz à effet de serre montre que les écosystèmes terrestres européens n'absorbent que 2 % des émissions domestiques, industrielles et dues aux transports. Ce puits de carbone potentiel est déjà comblé par l'oxyde nitreux dû à l'emploi d'engrais et le méthane émis par les ruminants.


    votre commentaire
  • Faut-il punir les banques ?

    Elie Cohen

    Lorsque la crise se développe, que le chômage gagne en ampleur, que des PME disparaissent et que les banques sauvées par les pouvoirs publics reprennent leurs habitudes, on peut comprendre que des élus soient animés d’une volonté répressive. Il faut y résister car un enjeu plus important se joue, celui de l’invention d’une nouvelle régulation pour une finance complexe, interconnectée, globale et qui a révélé d’étonnantes fragilités dans un passé récent.

    L'amendement Migaud a été adopté puis rejeté. Est-ce un acte manqué, une erreur technique ou un moment d’audace suivi d’un profond remord ? À la vérité cela importe peu. La volonté de punir les banques est largement partagée : comment justifier que celles-ci reprennent si vite leurs comportements à risque, qu’elles accumulent les bénéfices et distribuent des bonus alors que leurs résultats doivent tout à l’intervention publique et bien peu à leurs mérites ? Faut-il rappeler qu’il y a peu encore ces banques ont été sauvées de la faillite par des recapitalisations publiques, par le sauvetage de contreparties comme AIG, par un accès simplifié et illimité à la liquidité des banques centrales, par le maintien de taux très bas… Bref, comme le dit Georges Soros, les bénéfices bancaires doivent tout à l’État.

    Il faut pourtant résister à cette tentation, et ce pour trois raisons. La première est qu’il ne faut jamais recourir en matière fiscale aux mesures prises à chaud. De plus il ne faut pas traiter sur le plan national un problème qui est global. La deuxième est qu’il y a de bonnes raisons de repenser à terme la rémunération de l’État pour prix de la garantie qu’il apporte aux banques. La troisième enfin est qu’il convient de traiter sérieusement la question de l’assurance des institutions systémiques, celles qu’on ne peut laisser faire faillite : la précipitation est ici ennemie de l'efficacité. Si l’on veut sortir d’une situation où, de fait, l’État garantit gratuitement l’ensemble du système financier, il faut prendre le temps de trouver une solution durable et partagée.

    Dire cela c’est reconnaître la légitimité des motivations des élus, c’est accepter même le projet Lagarde d’une taxe prélevée sur les institutions financières pour financer une régulation plus mordante, mais c’est surtout refuser de traiter à chaud et avec des instruments inappropriés le problème de la régulation financière pour l’après-crise.

    Trois lignes d’argumentation en effet s’opposent sur la justification de la taxation des banques pour infléchir leurs comportements. Considérons les plus en détail.

    La première obéit à une triple motivation : confisquer une part des profits bancaires indus, désinciter les banques à distribuer généreusement des bonus, et les inviter à moins développer les activités « casino ». En fait tout se passe comme si les élus, saisis d’un soudain remord, voulaient revenir sur les conditions de la recapitalisation des banques. On sait qu’à l’époque, le gouvernement avait renoncé à acquérir les actions fortement dépréciées des banques pour prix de son aide à la recapitalisation. Ce que les Émirats ou le gouvernement britannique ont réussi en cédant à bon prix les actions acquises au cœur de la crise, le gouvernement français l’a raté. La taxe est un moyen de corriger ex post cette erreur de jugement qui devient erreur politique quand les banques remboursent l’État. En surtaxant les banques, les pouvoirs politiques veulent envoyer un deuxième message : l’argent public n’a pas été distribué pour que les banques développent les activités produits dérivés et plus généralement la finance de marché qui reste plus rentable que le crédit aux PME. Enfin en taxant les banques l’État tarit une part des bénéfices redistribuables. Les actionnaires comme les hauts salariés devraient en pâtir, ce qui devrait les inciter à des comportements moins risqués. 

    Cette première ligne de justification de la surtaxation n’est guère convaincante, et ce pour deux raisons. La première est qu’on ne peut pas changer les règles du jeu en cours de partie. L’État Français, comme l’a dit Mme Lagarde, n’entendait pas spéculer en aidant les banques à traverser une mauvaise passe. Tant mieux pour les actionnaires qui se sont enrichis. Tant pis pour le contribuable français qui a raté une occasion d’en profiter. Par ailleurs l’État n’a pas conditionné ses aides à un type d’opérations, il n’a pas ciblé les usages de l’argent public en interdisant par exemple les opérations dites spéculatives sur les marchés. Si les banques ont pu bénéficier d’un financement bon marché, d’une recapitalisation non dilutive, d’une autonomie de gestion totale, et si elles ont réussi à se redresser plus vite que prévu, on ne peut que saluer le désintéressement des autorités publiques et s’en tenir là. Quant à l'action sur les incitations, elle est perdue d’avance car sur des marchés ouverts où la compétition est forte l’État français ne peut ni agir seul, ni changer seul les règles du jeu, ni a fortiori peser sur les normes professionnelles.

    La deuxième ligne d’argumentation porte sur la nécessité de développer les moyens d’une régulation efficace. Taxer pour réguler fait sens. Il ne faut pas prendre cela sur le mode de la dérision car on a besoin d’une régulation plus mordante et donc plus compétente, mieux équipée et sachant attirer et fidéliser des financiers et des juristes d’aussi bonne qualité que ceux d’en face. En d’autres termes la première condition d’une bonne régulation est que le contrôleur soit aussi compétent que le contrôlé. Il est légitime dans ces conditions de faire financer les contrôles par les contrôlés. Le problème surgit quand la nouvelle taxe est en fait une mesure de diversion imaginée dans la hâte pour calmer des députés incontrôlés qui sont en fait dans une logique punitive. La meilleure preuve est que nous sommes toujours dans la phase de questionnement sur l’architecture institutionnelle et la substance de la future régulation. On ne sait toujours pas quels dispositifs retenir pour éviter le retour de la grande crise financière que nous vivons encore. Faut-il dans l’esprit du Glass-Steagall Act de 1933 séparer banque-commodité et banque-casino ? Faut-il plutôt augmenter sensiblement les ratios de solvabilité et revoir les Accords de Bâle pour désinciter les banques à abuser des effets de levier et des opérations de titrisation de crédits ? Faut-il confier à <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">la Banque</st1:personname> centrale le contrôle des banques systémiques ? Le débat reste ouvert et, à ce stade, créer une nouvelle taxe pour financer une régulation qui se cherche n’est guère justifié.

    La troisième ligne d’argumentation, suggérée par le Britannique Lord Turner (le président de <st1:personname productid="la Financial Services" w:st="on">la Financial Services</st1:personname> Authority), est que pour combattre l’hypertrophie financière il faut réinventer la taxe Tobin sur les transactions financières. La thèse est bien connue. C’est en taxant, même faiblement, les transactions financières, notamment sur les produits dérivés, qu’on parviendrait à limiter la folle expansion de produits spéculatifs qui ne servent pas l’économie réelle. La taxe Turner obéit au même principe que la taxe Migaud : taxer pour obtenir des financiers un changement de comportement. Cette thèse est discutée : pourquoi taxer quand on peut obtenir le même résultat par des normes prudentielles mieux adaptées aux institutions financières ? On peut en effet moduler les ratios prudentiels selon la taille des établissements, la phase du cycle, la nature des activités. Par ailleurs le gouverneur de <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">la Banque</st1:personname> centrale britannique, Mervyn King, propose une autre piste qui consiste à faire payer aux banques le prix de la garantie offerte par le prêteur en dernier ressort. Cette assurance peut même être conçue de telle sorte qu’elle entraîne le démantèlement automatique d’une banque qui du fait d’activités trop risquées ne peut plus faire face à ces obligations. Il ne s’agit pas ici de trancher la question. Les options Migaud, Turner ou King sont à considérer dans les scénarii de sortie de crise. À ce stade notre seul propos est de montrer que le débat porte sur des enjeux sérieux, qu’il ne s’agit pas de logique punitive et que, de plus, tous les pays développés se posent les mêmes questions, ce qui accroît les chances d’une solution coopérative.

    Lorsque la crise se développe, que le chômage gagne en ampleur, que des PME disparaissent et que les banques sauvées par les pouvoirs publics reprennent leurs habitudes, on peut comprendre que des élus soient animés d’une volonté répressive. Il faut y résister car un enjeu plus important se joue, celui de l’invention d’une nouvelle régulation pour une finance complexe, interconnectée, globale et qui a révélé d’étonnantes fragilités dans un passé récent.

    Elie Cohen

    Directeur de recherche au CNRS et membre du Conseil d’analyse économique


    votre commentaire
  • La politique industrielle renait de ses cendres

    Michael Boskin

     

    PALO ALTO – Redonner vie à la « politique industrielle » fut l’une des pires réponses que les responsables politiques ont donné à la crise financière et à la profonde récession. Une fois de plus, les gouvernements préfèrent recourir aux subventions, aux mandats, aux règlementations et à l’investissement de capital afin de déterminer quels seront les industriels gagnants et lesquels seront perdants plutôt que d’adopter une approche plus large et plus équitable.

    Ils sont nombreux à se pourvoir d’une politique industrielle : des économies développées comme les Etats-Unis et <st1:personname productid="la Grande Bretagne" w:st="on">la Grande Bretagne</st1:personname>, qui ont pourtant longtemps résisté à ses pires excès ; mais aussi <st1:personname productid="la France" w:st="on">la France</st1:personname>, qui fait depuis longtemps la promotion de ses propres « champions » nationaux ainsi que les économies émergentes comme le Brésil et <st1:personname productid="la Chine. Le" w:st="on">la Chine. Le</st1:personname> président français, François Sarkozy prévoit par exemple un grand emprunt de 52 milliards d’euros pour soutenir des industries qui, selon l’analyse de son gouvernement, seront des « industries de croissance ». Même les banques centrales, surtout <st1:personname productid="la Réserve Fédérale" w:st="on">la Réserve Fédérale</st1:personname> américaine, ont apporté leur soutien à certaines entreprises et types d’actifs du fait de la crise financière.

    Les politiques industrielles sont très utiles aux politiques qui peuvent ainsi favoriser certaines catégories sous couvert de soutenir l’ensemble de l’économie. Mais les conséquences sont en général plus préjudiciables que bénéfiques.

    L’aspect le plus litigieux est le rôle des gouvernements dans le domaine de la recherche et du développement (R&D). Les gouvernements ont un intérêt évident dans le secteur de R&D militaire, mais les marchés fonctionnent mieux lorsque les retours sur investissement sont effectivement perçus et les risques assumés par les acteurs du privé. Dans le cas de la recherche fondamentale, les retours potentiels seront bénéfiques pour tous, qu’ils aient ou non contribué à son financement ou assumé les risques d’échec de cette recherche. Le secteur privé investi trop peu dans le domaine de la recherche fondamentale car les investisseurs privés ne peuvent pas être assurés d’en percevoir les retours.

    C’est pourquoi les économistes, quelle que soit leur appartenance politique, sont convaincus du fait que les gouvernements devraient investir dans les sciences et les technologies fondamentales. Lorsque je présidais le bureau des conseillers économiques du Président George. W. Bush, nous avons doublé le budget de <st1:personname productid="la Fondation Nationale" w:st="on">la Fondation Nationale</st1:personname> des Sciences. Les gouvernements préfèrent se ruer sur <st1:personname productid="la R" w:st="on">la R</st1:personname>&D du secteur privé, dont les entreprises pourraient intégralement percevoir les retours, non seulement par l’utilisation du fruit de ces recherches mais aussi en commercialisant brevets et licences d’exploitation.

    L’implication gouvernementale devrait se limiter au stade précompétitif et générique des sciences et technologies. Les gouvernements devraient financer <st1:personname productid="la R" w:st="on">la R</st1:personname>&D jusqu’au l’étape où les entreprises privées pourraient s’approprier (le gros des) bénéfices. La recherche devrait aussi se faire de manière générique pour être sur un pied d’égalité avec le potentiel d’applications commerciales.

    Par exemple : la technologie de liaison informatique à l’origine de l’internet fut financée par le ministère de la défense américain. Mais il serait insensé que le gouvernement finance tel ou tel moteur de recherche ou plateforme de réseau social.

    Les gouvernements ne devraient pas entrer dans le jeu consistant à utiliser les subventions, les impôts, les réglementations, les mandats, les emprunts ou les investissements pour nommer tel ou tel vainqueur. Cela ne fonctionne pas ainsi et pire encore, cela freine les technologies potentiellement porteuses.

    Dans les années 80, les partisans de la politique industrielle ne tarissaient pas d’éloges pour le Japon et pour ses recours systématiques aux politiques industrielles. Mais la volonté des puissants lobbys industriels et du commerce japonais combinée à celle des ministres de l’économie de micro-manager l’économie est l’une des causes principales de la bulle financière japonaise : dix ans de perdu, trois récessions et de loin le plus fort pourcentage d’endettement dans le PIB de toutes les économies développées.

    A l’époque, les « pro » politique industrielle américains, souvent appelés les « démocrates Atari » d’après feu le fabriquant des premiers jeux informatiques, n’avaient pas une vision véritablement complète ni correcte de la situation japonaise. Il y avait bien une « cinquième génération » de projets informatiques, dont l’un sur TVHD, mais la plupart des subventions japonaises ne bénéficiaient pas aux nouvelles technologies mais aux industries anciennes, plus porteuses en termes d’emplois, telles que l’agriculture, l’industrie minière et l’industrie lourde.

    Des problèmes économiques similaires sont apparus au cours des dernières années, en Corée du sud, en Europe de l’ouest et aux Etats-Unis. En 1980, le président Jimmy Carter se présentât pour la seconde fois aux élections présidentielles avec un programme de « reconstruction nationale du système bancaire », une politique industrielle et un bureau de conseillers composé d’éminents responsables du monde du travail et des affaires qui auraient la responsabilité d’attribuer quelques 10 milliards de dollars de fonds publics. Il fut battu par le chantre de l’économie de marché, Ronald Reagan.

    Mais la politique industrielle fait un grand retour même aux Etats-Unis. Le président George W. Bush a dépensé des milliards pendant des années en faveur de la voiture à hydrogène. Cela n’a mené nulle part et bien que l’hydrogène puisse devenir viable à terme pour des sources fixes, son utilisation pour le transport nécessite encore de nombreux ajustements importants (dont son inflammabilité et sa combustibilité qui par ordre de grandeur sont bien plus importants que ceux des systèmes à essence.)

    L’énorme programme de relance américain de 787 billions de dollars, soit disant destiné à combattre la récession et à créer des emplois (quoique qu’inefficace jusqu’à présent) comprenait des montants considérables de subventions pour des secteurs industriels et technologiques spécifiques : près de 40 billions de dollars uniquement pour les programmes d’énergies propres, par exemple. Tandis que les entreprises et les investisseurs acceptent ces fonds d’aide, le financement privé pour les projets commerciaux d’énergies alternatives est largement disponible ; un nombre conséquent de fonds de capital risque partout dans le monde s’intéresse aux énergies alternatives et propres.

    Le gouvernement devrait établir un cadre d’objectifs généraux pour l’énergie et l’environnement puis laisser les entrepreneurs, les investisseurs et les consommateurs décider de la meilleure manière d’y parvenir. Il devrait financer la recherche et les technologies fondamentales applicables dans ces domaines. Mais il n’est de politique sensée qui ne soit soutenue à long terme par le gouvernement.

    Quels que soient les soi-disant mérites ponctuels d’une politique industrielle décidée lors d’une profonde récession, les gouvernements ont besoin d’une stratégie de sortie avant que ces programmes ne s’enracinent trop et ne développent de puissants groupes d’intérêts dont le seul objectif est de récupérer une rente. D’importantes dépenses financées par la dette entrainent à terme une hausse des impôts. Le capital et le travail se trouvent alors détournés d’activités à valeur supérieure et qui ne nécessitent pas du soutien des sauvetages répétés des gouvernements.

    Les politiques industrielles furent un véritable échec dans les années 70 et 80. Autoriser les gouvernements à déterminer qui seront les industries gagnantes et perdantes demeure une aussi mauvaise idée aujourd’hui qu’elle ne l’était hier.

    Copyright: Project Syndicate, 2009.
    www.project-syndicate.org
    Traduit de l’américain par Frédérique Destribats

    Michael J. Boskin, qui fut à la tête du Bureau des conseillers économiques de la présidence américaine, est professeur d’économie à l’université de Stanford et membre de l’Institut Hoover.

    On peut aimer ou pas mais le fond du discours mérite que l’on y réfléchisse.


    votre commentaire
  • Dominique Strauss-Kahn : d'"importantes pertes" bancaires n'ont pas encore été dévoilées

     

    Dominique Strauss-Kahn estime qu'il reste "d'importantes pertes" bancaires "non dévoilées" dans le monde. "Cinquante pour cent sont peut-être encore cachées dans les bilans", déclare le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) dans un entretien au "Figaro" de mercredi.

    D'après lui, "on peut aujourd'hui considérer que la crise financière est à peu près maîtrisée", mais la reprise est "fragile" et une rechute ne peut être totalement exclue.

    La "proportion" des pertes bancaires qui n'ont pas été dévoilées "est plus forte en Europe qu'aux Etats-Unis", affirme Dominique Strauss-Kahn, notant que "l'histoire des crises bancaires, notamment au Japon, démontre qu'il n'y aura pas de croissance vive et saine sans un nettoyage complet du bilan des banques".

    Ne plaidant pas pour "imposer des tailles limites", il juge en revanche que "si une banque prend des risques tels qu'elle présente un danger pour le système financier tout entier, il n'est pas illégitime de lui demander une contribution financière".

    Interrogé sur l'avancement de la reprise économique mondiale, Dominique Strauss-Kahn estime qu'elle "est là" en Asie mais "se profile seulement" ailleurs. "Selon le FMI, elle viendra au premier semestre 2010. Mais la reprise est fragile", prévient-il.

    "Nous ne croyons pas à une rechute (...) mais nous ne pouvons pas complètement l'exclure", poursuit Dominique Strauss-Kahn, insistant sur la nécessité de "maintenir les soutiens publics car la demande privée reste faible et le chômage va continuer à augmenter encore assez longtemps".

    Au sujet de l'Europe, il souligne que le FMI considère que "l'euro est sans doute un peu fort". "Mais il est très difficile de déterminer de façon incontestable la valeur d'équilibre des devises", dit-il. A ses yeux, les Européens doivent "mieux affirmer leur stratégie économique s'ils ne veulent pas laisser le couple sino-américain dominer le débat mondial des vingt prochaines années".

    "L'Europe élargie a une population importante, avec 500 millions d'habitants, mais sur le plan technologique, les choses n'ont pas suffisamment avancé depuis qu'on a lancé la stratégie de Lisbonne en 2002", juge-t-il. AP

     

    On le savait. Mais les médias (télévision, journaux financier, etc..), les politiques, les acteurs (banquiers, assureurs, etc..) eux ont semble-t-il fermé la parenthèse. Hier soir 24 novembre j’ai assisté à une réunion organisé par un de ces acteurs financiers et animé par le rédacteur en chef d’un magazine financier, le titre : l’heure est au changement, préparez vous à l’après crise. Ma surprise beaucoup de monde (300 personnes environ). Mais après avoir clairement, pédagogiquement fait l’historique de la crise en la qualifiant de systémique, et après avoir fait un sondage en direct dans la salle (qui pense que la crise est finie, 80% NON ,  ), on passe au choses « sérieuse » . Banques, assurances solides plus de problèmes et on vante « intelligemment ses produits », dans une optique « patrimoniale »

    Mais pas de réponses à la question de départ, les conséquences on ne voulait pas les « faires ». En « off » avec un  questionnement de ma part, ils les ont faites. Cela va être difficile pour tout le monde.


    votre commentaire
  • Le gouvernement nippon demande à <st1:personname productid="la BoJ" w:st="on">la BoJ</st1:personname> de se réveiller

    Reuters24.11.09 | 09h10

                Par Stanley White

     

     

    TOKYO (Reuters) - Des ministres japonais accroissent les pressions sur <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">la Banque</st1:personname> du Japon (BoJ) pour qu'elle prenne des mesures contre la déflation, l'un d'entre eux accusant la banque centrale de s'être "endormie au volant".

    Un conflit oppose le gouvernement à <st1:personname productid="la BoJ" w:st="on">la BoJ</st1:personname> sur la meilleure façon de conduire l'économie alors que le pays a été officiellement déclaré en déflation pour la deuxième fois en moins de dix ans, dans un rapport publié la semaine dernière par l'exécutif. (Pour plus de détails, voir

    Chacun estime que l'autre devrait faire davantage pour lutter contre la baisse des prix, susceptible de plomber l'économie de l'archipel pendant plusieurs années, voire de provoquer une nouvelle récession. Pourtant, aux yeux des analystes, leurs options sont limitées.

    Le gouvernement accuse notamment la banque centrale d'être trop optimiste dans ses prévisions économiques et le ministre chargé des services financiers, Shizuka Kamei, a lancé mardi une nouvelle salve de critiques.

    "La situation est grave", a dit le ministre qui est un farouche critique de la banque centrale.

    "<st1:personname productid="la Banque" w:st="on">La Banque</st1:personname> du Japon est endormie au volant comme d'habitude", a-t-il dit à la presse à l'issue d'une réunion du gouvernement. "Comme <st1:personname productid="la BoJ" w:st="on">la BoJ</st1:personname> est indépendante, nous ne pouvons pas simplement la secouer pour la réveiller. Du fait de ce contexte, le rôle du gouvernement est très important".

    L'exécutif, plombé par une dette publique sans égale parmi les pays industrialisés représentant 170% du produit intérieur brut, a peu de marges de manoeuvre pour stimuler l'économie avec des mesures de relance.

    MARGES DE MANOEUVRE LIMITÉES

    <st1:personname productid="la BoJ" w:st="on">La BoJ</st1:personname>, de son côté, pourrait accroître ses rachats d'emprunts d'Etat, ce qui aurait pour effet d'injecter davantage d'argent dans l'économie, mais les économistes doutent de l'efficacité d'une telle mesure pour réduire l'écart entre l'offre et la demande qui pèse sur les prix.

    Deux représentants du gouvernement assistent aux réunions de la banque centrale. Ils ne peuvent pas voter mais ils peuvent demander un délai pour certaines prises de décisions.

    "La politique monétaire est la principale responsable de la tendance des prix", a souligné le ministre des Finances, Hirohisa Fujii, devant la presse.

    "La politique budgétaire ne peut être le principal instrument pour lutter contre le manque de demande au Japon", a-t-il ajouté.

    Naoto Kan, ministre de <st1:personname productid="la Stratégie" w:st="on">la Stratégie</st1:personname> nationale et vice-Premier ministre, a toutefois souligné que le gouvernement resterait en contact étroit avec <st1:personname productid="la BoJ." w:st="on">la BoJ.</st1:personname>

    <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">La Banque</st1:personname> du Japon a légèrement relevé son diagnostic sur l'économie vendredi au moment même où le gouvernement publiait un rapport déclarant officiellement l'économie japonaise en déflation, une première depuis 2006.

    La banque centrale a toutefois tenté d'atténuer les tensions avec l'exécutif en s'engageant à maintenir une politique monétaire particulièrement accommodante.

    "Le nouveau gouvernement opère un transfert des dépenses des infrastructures vers le social mais cela va prendre du temps avant d'avoir un impact", souligne Simon Wong, économiste à Standard Chartered.

    "A un moment donné, <st1:personname productid="la BoJ" w:st="on">la BoJ</st1:personname> va devoir augmenter ses rachats d'emprunts d'Etat japonais, car s'il y a une déflation d'un côté et que les rendements augmentent de l'autre, il y aura une hausse des taux d'intérêts réels pénalisante pour l'économie", ajoute-t-il.

    Version française Wilfrid Exbrayat et Gwénaelle Barzic

     

    Très compliqué, peu de moyens à leur disposition. La déflation n’a jamais vraiment était étudiée. A part la règle de Taylor (voir dans le Blog), mais le Japon devrait alors avoirs des taux d’intérêts négatifs !!! Les économistes appelle leur situation un « trou noir ».


    votre commentaire