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  • Voila le Marché du "temple du capitalisme"


    MIF : liberté, inégalité, opacité Pierre-Angel Gay éditorialiste de la Tribune


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    Considéré comme l’un des sages de Wall Street, le président de Henry Kaufman & Cie plaide aujourd’hui pour un démantèlement des grands établissements bancaires.

    Pourquoi vous montrez-vous si hostile, dans votre dernier livre, aux grands établissements bancaires?

    La concentration des banques n’a cessé de se poursuivre aux Etats-Unis. En 1990, les 10 plus grandes banques américaines détenaient 10 % des actifs financiers du pays. Aujourd’hui, elles en contrôlent plus de 60 %. La concentration s’est encore accélérée au cours de l’an passé, à la suite de fusions encouragées par le gouvernement, et cette consolidation est toujours en cours. Le problème est que les larges conglomérats ont de multiples conflits d’intérêts en interne, ce qui revient à dire que l’allocation efficace de crédit est perturbée.De plus, on sait très bien que ces grandes institutions n’ont pas su servir d’ancrage à la stabilité du système financier. Elles ont été moteur dans l’innovation financière et ont poussé la titrisation, les marchés de dérivés, les « credit default swaps » (assurances sur un risque) et autres instruments à une échelle encore jamais vue et avec des niveaux de risque sans précédent. Elles ont aussi transformé la notion de liquidité – qui reposait jusqu’alors sur les actifs, les encours et leur relation aux engagements de la banque – pour n’en faire qu’une question d’accès au crédit.

    A l’instar du gouverneur de la banque centrale du Royaume-Uni, pensez-vous que, si une banque est trop grande pour faire faillite, c’est d’abord qu’elle est trop grande?

    Je suis en faveur d’une doctrine qui consiste à dire qu’aucune institution n’est trop importante pour faire faillite. Cela veut donc dire qu’il faut réduire leur taille…, qu’elles vendent des actifs, qu’elles ne s’engagent plus dans certaines activités comme les investissements pour leur compte propre. C’est la seule façon d’assurer que l’allocation du crédit sera déterminée par le marché. Il y a un an, si le gouvernement n’était pas intervenu, toutes les plus grandes institutions auraient disparu. Elles ne sont pas libres de revenir à la façon dont elles se comportaient précédemment.

    C’est pourtant l’impression qu’elles donnent…

    La question est  : comment éviter les problèmes que nous avons eus ces derniers temps. Une façon de le faire est que les banques réduisent leur taille afin qu’elles puissent faire faillite. L’autre façon est de les transformer en « utilités publiques » et de circonscrire leurs champs d’activité. En les empêchant d’avoir des comportements à trop fort risque, elles vont se retrouver dans des activités qui vont leur rapporter des revenus plus modestes.

    Exiger que les banques ne fassent plus d’investissements pour leur propre compte, est-ce que cela vaut pour une banque d’investissement comme Goldman Sachs?

    Goldman Sachs est une société holding, désormais, et elle a des dépôts ! Elle s’est précipitée l’an dernier pour le devenir et recevoir du financement garanti par les pouvoirs publics !

    Que pensez-vous de la controverse sur les bonus?

    Les bonus sont le reflet de l’augmentation substantielle de la profitabilité des banques, en particulier des grands conglomérats financiers. Au cours des dix, quinze dernières années, jusqu’en 2007 et 2008, les bénéfices des établissements financiers ont crû pour représenter un pourcentage significatif du produit intérieur brut. Le volume des transactions financières a énormément progressé, comme la taille de la dette et du crédit, tandis que les institutions financières ont augmenté leur effet de levier de façon extraordinaire.Je pense qu’il est très difficile d’imposer des plafonds sur les rémunérations. Comment trouver le bon instrument de mesure ? Il y a une autre manière de s’y prendre, et c’est celle que je recommande. Il faut augmenter les exigences de niveau de fonds propres des banques. Il faudra qu’ils soient supérieurs. Comme cela, on réduira la profitabilité de l’établissement et, par conséquent, les rémunérations.

    Cela suscite beaucoup de résistances…

    Ce n’est pas inhabituel. Il faut garder en mémoire que, si le gouvernement et <st1:personname productid="la Réserve" w:st="on">la Réserve</st1:personname> fédérale n’étaient pas intervenus avec autant de force cette dernière année, 15 à 20 des plus grands établissements bancaires américains auraient disparu aujourd’hui, et sans doute plusieurs européens. Il y a une vraie question sur le niveau de risque que peut prendre un établissement financier.

    Pensez-vous que l’aléa moral a totalement disparu du marché?

    <st1:personname productid="la Réserve" w:st="on">La Réserve</st1:personname> fédérale a maintenant admis qu’il existe des établissements que l’on ne peut pas laisser disparaître. Une fois qu’un tel aveu a été fait… Le gouvernement a été naïf en pensant qu’en laissant couler une institution, en l’occurrence Lehman Brothers, cela encouragerait les autres à prendre les actions nécessaires pour stabiliser leur bilan. Ils savaient que les pouvoirs publics viendraient à leur secours.

    Craignez-vous pour les petites banques?

    Elles vont jouer un rôle significativement plus limité dans notre économie et c’est toutà fait regrettable. Quand nous sommes dans une période de contrainte monétaire, les grands établissements sont protégés. Si bien que la contrainte va peser davantage sur les plus petites banques. Certaines devront accepter de fusionner ou bien feront faillite. Du coup, on continue à diminuer le nombre de banques qui « peuvent » faire faillite.

    Pensez-vous que vos préconisations, et notamment l’élagage des plus grandes banques pour revenir à des tailles plus modestes, peuvent se concrétiser?

    C’est une question qui va être débattue aux Etats-Unis au cours des six prochains mois. Je pense que les actions que je propose seront difficiles à suivre. D’abord parce les conditions de marché se sont améliorées, <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname> est en hausse, les taux d’intérêt sont bas, la spéculation sur les matières premières est repartie… Tout cela réduit la pression sur le gouvernement pour agir. Il y avait beaucoup plus d’intensité pour régler ces questions au début de l’année 2009. Les dernières grandes lois concernant le secteur bancaire ont été passées en 1933 et 1935, pendant une dépression ! La situation est différente aujourd’hui.

    C’est une opportunité manquée,selon vous?

    De mon point de vue, c’est un risque… Quoi que le Congrès décide, il devrait néanmoins parvenir à diminuer la création rapide de crédit. Mais à quel niveau ? Et comment est-ce que les institutions financières vont essayer de circonvenir les nouvelles restrictions ? Si le Congrès n’agit qu’avec modération, on retrouvera une crise de crédit dans les quatre ou cinq prochaines années. Dans la législation qui se prépare aux Etats-Unis, il y aura sûrement quelques exigences nouvelles en termes de niveaux de capitaux, on imposera que ceux qui titrisent prennent une partie du risque à leur charge… Cela va tenir un peu le système, mais l’étendue des exigences n’est pas encore claire.

    Pourtant les régulateurs ont bien conscience que la réglementation a fait défaut. Le cas du marché des CDS, qui a crû sans aucune contrainte de zéro à 62.000 milliards de dollars en l’espace de sept ans, le montre bien…

    Nous n’avions pas compris que nous avions créé un instrument de crédit qui était beaucoup plus étendu que la dette à laquelle il se rapportait. Soixante mille milliards de « credit default swaps », quand la dette couverte ne représentait peut-être que 15.000 milliards ! Cela vous montre l’étendue de la spéculation à cette époque. On a la même problématique avec la titrisation. Son objet est de mettre sur le marché quelque chose qui ne peut l’être a priori. On passait d’un prêteur qui dispose d’actifs qu’il ne peut vendre, et doit les surveiller jusqu’à leur maturité, à un produit perçu comme prêt pour le marché. Les règles du jeu avaient été abolies. C’est ça le problème. Elles l’ont été parce que les profits étaient mirifiques ! Tout le monde s’est servi au passage. Il doit y avoir des règles du jeu, sinon vous cannibalisez le système.

    Les deux précédentes administrations, celles de Clinton puis de Bush, ont-elles été excessivement favorables aux banques à vos yeux?

    Le problème de ces dernières années a été la perception retardée de ce qui se passait. Quand le Trésor est finalement intervenu avec beaucoup de force pour arrêter un enchaînement désastreux, c’est tout à son crédit. Mais il n’avait pas vu l’émergence du problème. Je leur donne une très bonne note pour leur réaction à la crise, pas pour ce qui a précédé celle-ci.Dans les années 1990, nous avions une administration démocrate qui a autorisé la disparition du Glass-Steagall Act (séparation des activités de banque commerciale et de banque d’investissement). A l’époque, le président de <st1:personname productid="la Réserve" w:st="on">la Réserve</st1:personname> fédérale était un républicain, Alan Greenspan, et ils ont suivi des politiques économiques libertaires qui peuvent se résumer à ceux qui réussissent prospèrent, les autres échouent. <st1:personname productid="La Fed" w:st="on">La Fed</st1:personname> a fourni du crédit en abondance et tout le monde en a profité, mais elle n’a pas tenu les rênes aux grandes institutions.Je suis convaincu qu’une part significative de nos problèmes sur les marchés financiers est due aux manquements de la politique monétaire. La croissance du crédit est contrôlée par la banque centrale. Même s’il y a un développement de la titrisation, des marchés de dérivés, il doit y avoir une surveillance de ces instruments. Selon <st1:personname productid="la Réserve" w:st="on">la Réserve</st1:personname> fédérale à l’époque, ces instruments permettaient de distribuer le crédit de façon plus large et surtout stabilisaient les conditions de crédit. Mais c’était faux, comme on a pu le constater ces deux dernières années

    Comment voyez-vous Wall Street dans deux ans ?

    Tout dépendra de la réforme du secteur financier. Je pense que beaucoup de l’activité bancaire va partir offshore et pas nécessairement vers l’Europe. Mais plutôt dans des pays où les attitudes seront plus libérales. Cela va se faire graduellement.

    PROPOS RECUEILLIS PAR VIRGINIE ROBERT(À NEW YORK)

    Brendan McDermid/REUTERS


    Encore un et .........Mais pourquoi ne fait on rien ?

    Que faire pour éviter que tout recommence comme avant ? 


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  • La mise au point effectuée par Éric Woerth dans « <st1:personname productid="La Tribune" w:st="on">La Tribune</st1:personname> » a fortement irrité le président de <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> des comptes. À son tour, il met les points sur les « i ».

    Finances Publiques

    L'orage gronde entre la rue Cambon, adresse de <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> des comptes, et Bercy, où sont situés les bureaux d'Éric Woerth. Le ministre du Budget en voulant, dans les colonnes de « <st1:personname productid="La Tribune" w:st="on">La Tribune</st1:personname> », mettre un terme à la polémique née du rapport sévère de <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> des comptes sur le coût de la présidence française de l'Union européenne, a déclenché la colère du Philippe Séguin, le premier président de la juridiction financière. Éric Woerth accuse <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> d'avoir « une conception dépassée de la protection des intérêts des Français » lorsque celle-ci estime que les dépenses occasionnées par l'aménagement du Grand Palais à l'occasion du sommet de l'Union pour <st1:personname productid="la Méditerranée" w:st="on">la Méditerranée</st1:personname> (UPM) auraient pu être évitées si l'État avait conservé le Centre des conférences internationales de l'avenue Kléber. Ces attaques passent mal et Philippe Séguin riposte : « L'État a vendu l'immeuble de l'avenue Kléber pour financer le regroupement des services du ministère des affaires étrangères [?]. Il a, ce faisant, poursuivi une logique de court terme. Pour l'immeuble de l'avenue Kléber, dont la vente a été conclue en avril 2007, l'État n'a pas su profiter de la hausse du marché parisien de l'immobilier d'entreprise, faute d'avoir assuré la confidentialité de l'opération. À cette même date, l'État a racheté à quatre fois son prix de cession le bâtiment de la rue de <st1:personname productid="la Convention" w:st="on">la Convention</st1:personname>, immeuble qu'il avait vendu deux ans auparavant. » Et de conclure, ironique, « <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname>, en regrettant ces faits, s'en tient à la ?conception dépassée de la protection des intérêts des Français? qui lui est prêtée ».

    Polémique

    Quand Éric Woerth explique que le sommet de l'UPM s'est tenu au Grand Palais, non parce que l'État a vendu le Centre Kléber, mais parce que celui-ci était occupé, Philippe Séguin confirme, mais en soulignant qu'après la vente intervenue en avril 2007, les services du ministère des Affaires étrangères sont restés dans les lieux jusqu'en avril 2009, moyennant des « loyers intercalaires de 33 millions d'euros » et, « dans ce contexte, depuis avril 2007, aucune opération d'aménagement n'était envisageable dans ces lieux »?

    Quant à la facture des aménagements événementiels ? 16 millions pour l'UPM ?, Philippe Séguin rappelle que « les ministres étant eux-mêmes ordonnateurs, mais pas justiciables devant <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname>, et ayant la possibilité de couvrir leurs subordonnés pour des actes irréguliers au regard des règles comptables et budgétaires, aucune responsabilité ne peut être recherchée suite aux constats de <st1:personname productid="la Cour" w:st="on">la Cour</st1:personname> sur l'absence de mise en concurrence et d'engagement préalable ». Le ton est donné. Anne Eveno


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