• Culemborg, aux Pays-Bas, a donné carte blanche à des architectes, des urbanistes et 80 familles pour bâtir un " écoquartier " en tenant compte des besoins et des exigences des habitants

     





    Une autre ville est possible. Marleen Kaptein l'a inventée. A Culemborg, au centre des Pays-Bas, dans ce " coeur vert " auquel les Néerlandais tiennent tant, la dynamique sexagénaire fait de bonne grâce visiter son oeuvre : le quartier de Lanxmeer, petite merveille d'urbanisme, d'humanisme et de nature mêlés, qui renvoie la plupart des essais de " villes durables " au rang de grossières ébauches. Une visite rafraîchissante, au moment où les écoquartiers bourgeonnent dans toute l'Europe, notamment en France - pas moins de 160 candidats ont répondu au " concours écoquartiers " du ministère de l'écologie, dont les vainqueurs devraient être annoncés à l'automne.

    Ce qui frappe d'abord à Lanxmeer, c'est l'extraordinaire qualité du cadre de vie : des grappes compactes de petits immeubles poussés dans un désordre apparent, un dédale de chemins qui serpentent dans un fouillis savant de jardins luxuriants et d'étangs envahis de roseaux. Pas de voitures, pas de clôtures : une nature habitée. Mais l'essentiel ici est invisible : le quartier de Lanxmeer, avec ses <st1:metricconverter productid="24 hectares" w:st="on">24 hectares</st1:metricconverter>, sa ferme biologique, ses espaces verts en pagaille, ses <st1:metricconverter productid="40 000 mètres carrés" w:st="on">40 000 mètres carrés</st1:metricconverter> de bureaux, ses trois écoles et ses 250 logements, est entièrement voulu, conçu, géré et entretenu par ses 800 habitants.

    L'histoire commence en 1994, à Amsterdam. Costumière de théâtre formée à l'architecture bioclimatique et convertie à la permaculture, cette discipline venue d'Australie qui s'attache à réconcilier activité humaine et écosystèmes naturels, espaces urbains et agricoles, Marleen Kaptein est atterrée par les projets urbains des Pays-Bas. " Le gouvernement prévoyait de construire 800 000 logements, avec des budgets et des critères de qualité très réduits malgré le souci affiché du développement durable ", se souvient-elle.

    Convaincue que " les gens aiment être responsables de l'endroit où ils vivent ", elle décide de " démontrer par l'exemple la viabilité d'un mode de vie écologique et d'une alternative aux logements standards qui nous sont imposés sans qu'on ait notre mot à dire. "

    Bâtir de toutes pièces un modèle de ville alternative ? Beaucoup auraient renoncé. Pas Marleen Kaptein. A force d'énergie et de conviction, elle crée une fondation, EVA, et attire sous sa bannière un groupe de spécialistes - architectes, urbanistes, scientifiques, experts des questions d'eau et d'énergie - et pas moins de 80 familles prêtes à se lancer dans l'aventure !

    De réunions en discussions, la petite bande se prend au jeu et dessine une ville idéale fondée sur la permaculture, mêlant lieux de vie, de travail et de loisirs dans une architecture en harmonie avec la nature, où le cadre de vie favorise l'épanouissement de chacun et l'éveil des enfants.

    Ne reste plus qu'à trouver une municipalité assez folle pour leur donner carte blanche. Ce sera Culemborg. Cette ville de 30 000 habitants souhaite alors urbaniser un terrain sensible situé à deux pas de la gare, sur un site de captage d'eau potable. Pas question de laisser la moindre pollution s'infiltrer dans la nappe en sous-sol. Le projet EVA tombe à pic. Pendant des mois, des ateliers de design urbain réunissent équipe municipale, spécialistes de tout poil, promoteurs et futurs résidents. En 1998, enfin, le quartier est dessiné. Pour la toute première fois aux Pays-Bas, un plan urbain a été conçu par ses habitants.

    Depuis, il a fait la preuve de sa réussite. Les premiers bâtiments, des immeubles collectifs formant cercle autour de jardins ouverts, datent d'il y a dix ans. Les derniers, de séduisantes villas doublées d'une immense véranda en forme de serre horticole, sont en cours d'achèvement.

    Côté écologie, la géothermie, des panneaux solaires et de petites éoliennes permettent un recours minimal aux énergies fossiles - avec en point de mire l'autosuffisance énergétique. Eaux de pluie et eaux usées sont récupérées et purifiées de manière naturelle dans les bassins étanches qui rythment le terrain. Les constructions, parfaitement isolées, font la part belle à l'architecture bioclimatique, aux matériaux non polluants. Les voitures sont tenues à l'écart sur un parking en bordure du quartier qui offre moins d'une place par foyer - mais un système d'autopartage est là pour dépanner.

    " Lanxmeer est une démonstration de ce qu'on peut faire pour améliorer l'approche environnementale dans l'urbanisme et la construction, mais ce n'est pas une fin en soi, tempère Marleen Kaptein. L'important c'est que cela forme un paysage agréable et un milieu vivant, dans lequel nous aimons habiter. Nos bassins de rétention d'eau et de filtrage sont efficaces, c'est important, mais ce sont d'abord de beaux étangs. "

    Côté vie sociale, là aussi, contrat rempli. De la centrale de chauffage à l'entretien des jardins, de la conception des squares à la gestion de l'eau, les habitants s'occupent de tout, en commissions professionnelles ou en groupes informels, aidés par des subventions de la ville de Culemborg là où les services municipaux interviennent d'habitude. Dans la ferme urbaine qui fournit le quartier en produits bio, familles et écoliers viennent s'éduquer aux joies du jardinage et de l'écologie, partager binettes et cueillette, pique-niquer au milieu des moutons.

    Une communauté ? Surtout pas. " Je me réjouis de connaître plus de 300 personnes par leur nom à Lanxmeer grâce à ce que nous faisons tous ensemble, alors qu'un Européen moyen est capable de nommer moins de vingt de ses voisins. Mais on n'a pas besoin d'être bons copains, bons voisins, assure la bonne fée du quartier. Personne n'est forcé de participer. Pour ma part, je suis très individualiste... Les quelques insatisfaits qui sont partis ne critiquaient pas le côté participatif, au contraire : ils regrettaient le manque de vie communautaire ! "

    Une réserve de bobos ? Pas tant que ça. Les prix de l'immobilier sont les mêmes qu'ailleurs à Culemborg. Et pas moins de 30 % de logements sociaux sont disséminés dans le quartier, dont les locataires s'investissent dans la vie collective au même titre que les propriétaires. " On a beaucoup moins de turnover ici que dans le reste de notre parc, remarque Jan van Wiggen, le bailleur social. Les gens s'habituent très vite à ce fonctionnement participatif. Cela démontre que c'est un mode de vie normal, et non un acte militant. "

    Dans le monde enchanté de Lanxmeer, on trouve encore une résidence pour personnes âgées, fondée et entièrement autogérée par une brochette de jeunes retraités amis depuis l'université. Une école au profil bizarre, construite brique après brique par les voisins, et une foule d'amis de passage au fil d'un chantier resté dans les mémoires comme un joyeux bazar. Toutes sortes de jeux et de petits coins pour enfants, les plus petits passant leurs commandes aux adultes par l'intermédiaire des plus grands.

    Le conte de fées, c'est la loi du genre, a ses méchants et ses regrets. " Le projet a été retardé, tout ça a pris trop longtemps ", soupire Marleen Kaptein. " Quelques promoteurs pressés de vendre ont détourné la règle et imposé des logements avec stationnement, ramenant la voiture au coeur du quartier. " Sans oublier que la centrale censée convertir les eaux usées en biogaz n'a jamais vu le jour, pas plus que l'ambitieux complexe dédié au développement durable, avec centre de conférences, hôtel et restaurant. Trop cher.

    Surtout, constat amer, malgré les milliers de visiteurs reçus chaque année, bien peu d'émules ont propagé le modèle de Lanxmeer : dans beaucoup d'écoquartiers, seule une mince couche de vert camoufle un urbanisme gris ordinaire et la participation des habitants se résume à de soporifiques réunions d'information.

    Lanxmeer n'est pourtant pas complètement isolée. D'autres écoquartiers coopératifs existent, comme ceux de Süd-Stadt à Tübingen, en Allemagne. Et dans toute l'Europe, des dizaines de villes et des milliers de citoyens prennent en main leur destin urbain, favorisant les transports non polluants, les énergies renouvelables et les produits locaux, encourageant la mobilisation collective et la démocratie participative.

    En Italie, quatre municipalités ont créé il y a dix ans, sur le modèle du " slow food " (mouvement anti-fast-food), le réseau des " villes lentes ", qui fédère aujourd'hui cent adhérentes du monde entier. Leurs élus refusent le gigantisme, bannissent les hypermarchés, repoussent l'automobile, interdisent les OGM, multiplient les espaces verts et les équipements collectifs.

    En Grande-Bretagne, la permaculture a inspiré à des militants associatifs le mouvement des " villes en transition ". Ses animateurs se préparent dans l'allégresse à la double échéance de la fin du pétrole et du changement climatique en embarquant qui le veut dans la quête citoyenne de l'autarcie énergétique et alimentaire.

    La vague s'est formée en 2006 à Totnes, petite ville anglaise de 8 000 habitants, avant d'irriguer une centaine d'initiatives, des Etats-Unis au Japon en passant par l'Australie.

    A quand un Lanxmeer français ? Des projets de coopératives d'habitants fleurissent sur tout le territoire, portés par des citadins désireux de dessiner ensemble les contours de leur logement et de leur quartier, dans un esprit d'écologie, de solidarité et de rejet du marché. Seul problème : ce modèle de propriété collective et de gestion partagée, courant en Suisse, au Danemark ou au Québec, est interdit en France depuis la loi Chalandon en 1971. Pas si facile de changer de mode de ville.

    Grégoire Allix



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  • Le monde d'après Chaque jour, cet été, nous interrogeons un grand témoin sur sa vision de l'après-crise. Pour André Orléan, un monde nouveau suppose une remise en cause radicale de la finance de marché, l'abandon de la recherche du rendement maximal et des sociétés moins inégalitaires.

    interview André Orléan économiste

    La crise actuelle va déboucher, dit-on, sur un monde nouveau. Y croyez-vous ?

    Mon sentiment est que, dans l'état actuel des mentalités, le monde ne changera pas beaucoup. Prenez la transformation de l'architecture financière. Elle est très ambitieuse puisqu'elle concerne les normes comptables, la régulation des marchés, les agences de notation, la doctrine monétaire. Et pourtant je reste sceptique. Ce n'est pas la première fois qu'on réfléchit à ces questions. Pourquoi aujourd'hui réussirait-on à réformer le système ? En quoi a-t-on trouvé de nouvelles solutions ? Je n'en vois aucune. Mon idée est qu'il y a eu une erreur de diagnostic. On s'attaque à ce qui est périphérique en disant : les produits étaient opaques, les notations mal faites, la régulation mal conçue. À mon sens, ce qui est au centre de la crise est bien plus profond, c'est la primauté donnée à la finance de marché. C'est de là que vient l'instabilité financière, et cette primauté n'est nullement remise en cause. Pour cette raison, je ne vois pas se dessiner de grands bouleversements. On va reproduire le même capitalisme dominé par la finance. La situation est très différente de celle de la crise de 1929. Nous n'en sommes pas à 25 % de chômeurs. Les acteurs du système peuvent ainsi croire que le choc sera digéré et que ça va recommencer comme avant. Cela ne pousse pas au changement.

    Quels seraient à vos yeux les trois changements principaux qui feraient vraiment émerger un nouveau monde ?

    Tout d'abord, la remise en cause de la finance de marché. Aujourd'hui, on reste dans l'idéologie de la liquidité. Le capital est fongible, il peut passer sans coût d'un endroit à l'autre, d'un actif à l'autre. L'idée que c'est une bonne chose reste très ancrée. Or, pour moi, transformer le système consiste d'abord à restreindre cette toute-puissance de la liquidité. Il faudrait revenir à plus de segmentation dans les activités financières. Soit en en spécialisant les acteurs financiers sur certains métiers, soit en séparant la banque de dépôts et la banque d'investissement, comme dans le Glass Steagall Act de 1933. Cela ferait obstacle à la propagation universelle des déséquilibres qui est au cœur de la crise actuelle.

    Quel serait le deuxième changement ?

    S'affranchir de la tyrannie du rendement maximal. Nous en sommes arrivés à une abstraction de la valeur qui a favorisé l'illimitation du désir de profit. Il faut s'opposer à cette vision prométhéenne du profit. Pourquoi ? Parce la recherche du rendement maximal est en fait destructrice. La règle d'or de l'économie, ce n'est pas que le profit soit le plus haut possible, mais qu'il soit égal au taux de croissance. Des rendements de 20 % prélevés sur une économie qui croît à 4 % en moyenne, ça n'est pas tenable. Cela crée des déséquilibres profonds, par exemple dans la formation des revenus salariaux et de la consommation. La crise des subprimes est le reflet d'une société déséquilibrée.

    Et le troisième changement ?

    Parvenir à des sociétés moins inégalitaires. Si l'on continue à admettre de tels écarts de revenus, c'est le système démocratique lui-même qui est mis en danger : l'égalité entre les hommes se trouve niée de facto. Nous devons absolument créer un monde moins polarisé.

    Quels sont les nouveaux risques que vous entrevoyez pour l'avenir ?

    À mon sens, le risque de l'instabilité financière reste entièrement présent. Mais il n'est pas nouveau. Le risque nouveau majeur est le risque écologique, celui du réchauffement climatique. La crise financière nous l'a fait quelque peu perdre de vue, mais il est bien présent et il sera de plus en plus présent.

    Quelles sont, selon vous, les leçons qui n'ont pas été tirées ?

    Eh bien, les réformes du G20, à mon sens, manquent leur cible. Elles continuent à croire que la concurrence financière a les mêmes propriétés d'autorégulation et d'efficacité que la concurrence sur les marchés de biens ordinaires. Or la présente crise montre qu'il n'en est nullement ainsi. La concurrence financière est fortement instable. Elle peut faire monter les prix trop haut dans la phase d'euphorie et inversement. Sur un marché de biens, cela ne peut pas arriver : quand le prix monte, la demande diminue de telle sorte que le prix cesse de croître. Sur les marchés financiers, on constate au contraire des processus cumulatifs de hausse comme de baisse qui expliquent le caractère récurrent et systématique des crises financières, et cela depuis que ces marchés existent.

    Que faire, alors ?

    Cesser de considérer que la concurrence financière est un bien absolu. Il faut inventer une architecture financière qui respecte la spécificité des métiers, en recréant des cloisonnements selon les marchés. Aujourd'hui, tous les acteurs peuvent intervenir sur tous les marchés. Cela a produit une homogénéisation extrême dans laquelle chaque participant achète les mêmes titres et suit la même stratégie. Elle rend le système très fragile et explique l'amplitude de la crise. Comme dans la vision darwinienne, il ne faut pas que les populations soient trop homogènes, sinon un même choc peut détruire simultanément tous les individus. C'est ce qui est arrivé aux banques d'investissement de Wall Street : elles ont toutes disparu parce qu'elles faisaient toutes la même chose. Il faut récréer de l'hétérogénéité.

    Propos recueillis par Sophie Gherardi


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  • Publié par Slate.fr

    La dégringolade de <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname> de Shanghai montre que l'économie chinoise, trop fragile, ne peut pas être le moteur de la croissance mondiale.

    Fin 1996, Alan Greenspan, le patron de <st1:personname productid="la Federal Reserve" w:st="on">la Federal Reserve</st1:personname> américaine (Fed), observait une «exubérance irrationnelle» sur les marchés boursiers mais décidait qu'il n'y pouvait rien. La  banque centrale de Chine se retrouve aujourd'hui dans la même situation. La croissance revient nettement mais elle s'accompagne d'une encore plus nette flambée du prix des «actifs», comme les actions et les logements. Que faire? Crever la bulle risque de ralentir la reprise. La laisser gonfler risque de nourrir l'inflation et, surtout, laissant s'installer l'exubérance, de déboucher sur un krach faisant perdre aux autorités la maîtrise de la situation.

    A Shanghai, subissant la crise mondiale, les valeurs en Bourse ont d'abord chuté de 70% par rapport à leur pic de la fin 2007 pour se reprendre de 80% ensuite. Les actions se vendent actuellement plus de 30 fois les profits ( PER ou price earning ratio) soit le double des autres pays émergents (The Economist du 13 août).

    Cette flambée s'explique simplement. Face à la crise mondiale qui touche <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> puissance exportatrice, le gouvernement de Pékin, assis sur des réserves considérables de dollars, a décidé d'un plan de relance qui est en volume relatif le plus important du monde. Ce plan a marché plutôt bien si on en croit la reprise amorcée dès le début 2009 et le retour d'une croissance nationale autour de 9% cette année, selon Goldman Sachs. Mais une partie des liquidités dont il a arrosé le pays (un cinquième, selon certaines estimations), a été soustraite et détournée des investissements réels pour se mettre en bourse tirant les indices vers le haut. La hausse a ensuite provoqué la hausse en attirant les investisseurs chinois lesquels n'ont en vérité pas de véritable alternative, les autres marchés financiers restant étroits et contraints. S'est constitué une bulle, avec une surévaluation des cours de 50 à 100%, selon l'économiste indépendant Andy Xie. Le même phénomène, plus limité, se retrouve sur le marché foncier, avec une forte remontée du prix des habitations.

    Que doit faire <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">la Banque</st1:personname> centrale de Chine? Des rumeurs de resserrement du crédit par les autorités monétaires ont provoqué une chute brutale des cours depuis plusieurs jours. Le recul atteint 20% depuis le 4 août. Du coup, <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname> de Shanghai a plombé toutes les autres places mondiales. Et si on s'était enthousiasmé trop vite et trop sur la vigueur asiatique et sur sa capacité à devenir le nouveau moteur du monde? La joyeuse hausse des places boursières cet été, au son du clairon de la reprise générale, s'est cassée d'un coup sur la découverte que les nouvelles venant de la merveilleuse Chine n'étaient peut-être pas si roses. Et si le dragon avait soufflé la prochaine bulle? Et si le gouvernement allait la crever?

    Bien malin qui sait en vérité où en est Pékin dans ses considérations sur la politique économique et monétaire à tenir dans les mois qui viennent. Comment le gouvernement peut-il s'y prendre? Il ne devrait pas inverser sa politique générale de relance pour l'instant, la politique de crédits faciles reste à l'ordre du jour. Seule le retour d'une forte inflation pourrait le contraindre à changer cette ligne. Mais Pékin va néanmoins «gentiment» resserrer les conditions de crédit (Barclays Capital Global Economic Weekly, 7 août). Exiger par exemple des apports plus importants lors d'un achat immobilier (40% du prix).

    <st1:personname productid="la Banque" w:st="on">La Banque</st1:personname> de Chine ne peut guère aller plus loin car si l'économie repart vite tandis que l'Amérique peine encore, si la croissance se «découple» comme disent les économistes, il n'en est pas de même de la politique monétaire qui reste «collée» à celle de <st1:personname productid="la Fed. A" w:st="on">la Fed. A</st1:personname> cause de l'accrochage du yuan sur le dollar, Pékin ne peut pas avoir des taux d'intérêt plus fort que Washington sans attirer immédiatement des milliards de capitaux internationaux, or les capitaux sont déjà surabondants comme en témoigne la flambée de <st1:personname productid="la Bourse" w:st="on">la Bourse</st1:personname>!

    On notera que ce découplage milite pour un abandon de l' «arrimage» au dollar et une réévaluation du yuan. Si les économies occidentales restent moroses pendant plusieurs années, <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> et l'Asie avec elle, pourraient voir leur modèle exportateur remis en cause. Pour prendre leur autonomie et redevenir durablement une zone de croissance forte, il faut que la consommation interne prenne le relais des exports. Un yuan élevé était un inconvénient dans la période exportatrice, un yuan élevé enrichirait aujourd'hui utilement les habitants nourrissant  leur consommation.

    Mais nous n'en sommes pas là. <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">La Chine</st1:personname> n'est pas encore l'Amérique. Elle n'a pas encore consolidé son nouveau modèle comme les yo-yo de la bourse de Shanghai l'indiquent. Ensuite les ordres de grandeur n'y sont pas. La consommation privée chinoise ne représente que 35% du PIB (Produit intérieur brut) contre 61% dans les pays de l'OCDE. La consommation asiatique totale ne pèse qu'un gros tiers de celle des Etats-Unis. Le dragon n'a pas la taille de l'aigle.

    Mark Leonard, ancien conseiller de Tony Blair explique que «l'Etat chinois est sorti des rails qui semblaient le mener vers une situation économique et politique de type occidental» (Que pense la Chine? ). « Le fil d'argent qui relie entre elles les nouvelles idées de <st1:personname productid="la Chine" w:st="on">la Chine</st1:personname> sur la mondialisation, poursuit-il, c'est la recherche du contrôle. Les penseurs chinois veulent créer un monde où les gouvernements nationaux soient maîtres de leur destin sans être soumis aux caprices de la finance globale ou de la politique étrangère américaine». Cette thèse est sûrement très contestable. Mais en tous cas, Pékin tire une leçon de la crise: toujours éviter le laisser-faire à <st1:personname productid="la Greenspan." w:st="on">la Greenspan.</st1:personname>

    Eric Le Boucher


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    Par Stéphanie Salti, à Londres

    le 18/08/2009

     

     

     

    De janvier à juin, les transactions ont reculé de 80 % dans le monde, laissant présager une fin d’année 2009 difficile

     

     

    Le private equity poursuit cette année le ralentissement entamé en 2008. Selon une étude publiée par l’IFSL (International Financial Services London), un institut indépendant assurant la promotion des établissements financiers britanniques, les investissements en matière de private equity ont décliné de 80 % dans le monde à 24 milliards de dollars au cours des six premiers mois de l’année 2009, soit la performance la plus médiocre enregistrée depuis douze ans.


    Dès lors, les transactions soutenues par les fonds de private equity n’ont représenté de janvier à juin que 3,5 % du volume de l’ensemble des opérations de fusions-acquisitions enregistrées au niveau mondial. A titre de comparaison, ce pourcentage était de 7 % en 2008, soit le niveau le plus bas depuis 2001.


    Les niveaux de levées de fonds sont également fortement en baisse : alors que 2008 avait enregistré un déclin de 8 % à 450 milliards de dollars, moins de 100 milliards de dollars ont été levés au cours du premier semestre 2009. Durant cette période, 30 projets de levées de fonds ont été abandonnés, soit le même nombre qu’en 2008 et deux fois plus qu’en 2007 (14).


    Dans un secteur en proie aux difficultés, les fonds secondaires, qui se spécialisent dans l’acquisition des positions détenues par des institutionnels dans des fonds de capital-investissement, parviennent à tirer leur épingle du jeu : selon l’IFSL, près de 15,6 milliards de dollars ont été levés sur ces marchés entre janvier et juin cette année, marquant ainsi déjà un nouveau record annuel (7,4 milliards de dollars en 2008). Mais en dépit du montant de ces levées de fonds, la valeur des opérations sur ces marchés secondaires n’a atteint que 2 milliards de dollars jusqu’à présent, « les vendeurs potentiels devant encore s’adapter aux prix bas que les acheteurs offrent actuellement » selon l’IFSL.


    Dans l’ensemble, le cabinet d’études table sur la poursuite du ralentissement des investissements au deuxième semestre : « Bien que les banques resteront les plus gros prêteurs des sociétés de capital-investissement, d’autres participants pourraient entrer sur ce marché dans la mesure où quelque 500 milliards de dollars de prêts sur les transactions existantes devront être refinancés au cours des prochaines années », conclut Marko Maslakovic, auteur de l’étude.


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  • Un nombre accru de banques américaines ont un bilan fragilisé

     

    Par Virginie Deneuville

    le 17/08/2009

     

     

     

    Cent cinquante établissements affichent un taux de créances douteuses supérieur à 5 % à fin juin, soit deux fois plus qu'il y a un an .

     

     

    Le seuil de 5 % de créances douteuses rapportées à l’ensemble des prêts, considéré auparavant par les régulateurs comme un risque de faillite, est aujourd'hui dépassé par un nombre élevé de banques américaines. Selon des données de Bloomberg, 150 établissements cotés affichaient un taux supérieur fin juin 2009, un nombre qui a plus que doublé en un an. 300 banques affichaient par ailleurs un taux supérieur à 3 %, contre 50 établissements accusant un taux de plus de 10 %.

    « Face à un pourcentage de 3 %, je serais inquiet sur l’existence de problèmes sous-jacents. A 5 %, le risque est que les régulateurs classent les banques dans une catégorie d’établissements non-sains et fragiles », estime Walter Mix, dirigeant du cabinet de conseil LECG. Les principales banques dépassant le seuil de 5 % incluent la société Marshall & Ilsley du Wisconsin et le groupe Synovus Financial en Géorgie.

    Les ratios de 5 % ne conduisent pas systématiquement à la faillite, les banques conservant des matelas de sécurité en termes de capitaux. Ces derniers leur permettent d’établir des réserves servant à absorber les créances douteuses. « Les banques présentant un plus fort ratio de capitaux rapportés à l’ensemble de leurs actifs (equity to assets ratio) sont mieux armées pour supporter ce type de pertes », rappelle un économiste.

    Les régulateurs comparent dès lors le ratio de prêts non-rentables au ratio capitalistique d’une banque pour discerner celles qui sont le plus en difficulté. Trois des huit banques ayant fait faillite en août, à savoir <st1:personname productid="la First Bank" w:st="on">la First Bank</st1:personname> de Floride, <st1:personname productid="la Community National" w:st="on">la Community National</st1:personname> Bank et <st1:personname productid="la Community First" w:st="on">la Community First</st1:personname> Bank de l’Oregon, présentaient ainsi des pourcentages de créances douteuses supérieurs à 6 % et des ratios « equity to assets » inférieurs à 4,5 %.

    Toutefois, « alors qu’un taux de 5 % peut être fatal pour les sociétés de crédit immobilier aux particuliers, les prêteurs dans l’immobilier commercial peuvent soutenir des taux plus élevés », explique un professionnel, indiquant que les prêts commerciaux sont assortis de taux d’intérêt plus importants en raison d’un risque accru.

    L’absence de paiement de la part des consommateurs et des petites entreprises a conduit 77 prêteurs à déposer le bilan cette année, soit le plus haut niveau depuis 1992, selon Bloomberg.

     

     

     


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