• La France est la troisième terre d'élection pour les millionnaires

     


     

    L'Hexagone compte 2,2 millions d'individus entrant dans cette catégorie, soit 9 % du total mondial. Entre 2000 et 2007, la richesse moyenne par adulte a triplé, grâce à l'effet euro.

    Une ville comme New York suffirait à tous les accueillir. D'après une étude de Credit Suisse, le monde compte aujourd'hui 24,2 millions de millionnaires en dollar (actifs financiers et patrimoine cumulés, moins l'endettement). Ce club très fermé représente seulement 0,5 % de la population mondiale mais concentre entre ses mains 35,6 % de la richesse de la planète. En valeur absolue, leur fortune est évaluée à près de 70.000 milliards de dollars (50.228 milliards d'euros). Parmi eux, beaucoup de Français. L'Hexagone accueille ainsi 9 % des millionnaires dans le monde, soit 2,2 millions d'individus. Loin devant l'Italie (6 %), la Grande-Bretagne (5 %), l'Allemagne (5 %), le Canada (4 %) et la Chine (3 %), mais derrière le Japon (10 %) et, surtout, les Etats-Unis (41 %), qui compte 9,94 millions de millionnaires.

    À l'autre bout de l'échelle figurent les patrimoines inférieurs à 10.000 dollars. C'est à cet échelon que se trouve le commun des mortels. Ils sont 3,04 milliards à ce niveau de richesse, sachant que la banque helvétique, dans son calcul, n'a pris en compte que la population adulte, soit 4,4 milliards d'individus dans le monde (sur 6,78 milliards, d'après Populationdata.et). C'est le sous-continent indien qui est le plus représenté dans la catégorie des moins de 10.000 dollars, avec plus de 90 % de sa population concernée. Bien sûr, le coût de la vie y est bien moins élevé, comme le notent les équipes de Credit Suisse. « Pour un résident en Inde, par exemple, des actifs de 10.000 dollars sont équivalents à 30.000 dollars pour un Américain. »

    la Suisse, championne par tête

    Dans l'Hexagone, la richesse par adulte a triplé entre 2000 et 2007, avant de refluer de 15% depuis, d'après Credit Suisse. Ce bond a été permis par la forte appréciation de l'euro par rapport au dollar et le faible taux d'endettement des ménages. En termes de produit intérieur brut par habitant, la France, avec 56.052 dollars par tête, figure devant le Japon (50,414 dollars) et la Grande-Bretagne (46.857), mais derrière les États-Unis (65.593), l'Australie (72.414), le Danemark (75.213) ou encore la Suisse (88.590), pays le plus riche parmi ceux passés au crible par l'étude. Dans cette catégorie, la Chine, malgré son ascension irrésistible dans les classements internationaux, reste reléguée au rang des pays en voie de développement, avec 5.535 dollars par habitant. Singapour continue, en revanche, de combler son retard (52.568 dollars). Au cours des années 2000, la richesse moyenne par ménage y a bondi de 105.000 à 250.000 dollars.

    Alexandre Maddens


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  • Au fil des trimestres, la hausse des heures sup ne se dément pas

     

    Le nombre d'heures supplémentaires a atteint 10,2 heures par salarié à temps complet au deuxième trimestre 2010.

    Les Français font davantage d'heures supplémentaires. Selon les données publiées vendredi par le ministère de l'Emploi, le nombre « d'heures sup » déclarées par les entreprises d'au moins 10 salariés a augmenté au deuxième trimestre 2010 de 14,1 % par rapport à la même période de 2009 et de 6 % entre le premier et le deuxième trimestre. Leur nombre, en hausse constante depuis fin 2009, a atteint 10,2 heures par salarié à temps complet.

    Selon la Dares, cette hausse correspond aux fluctuations de la conjoncture mais également à la déclaration d'heures autrefois payées au noir. La loi Tepa du 21 août 2007 prévoit en effet une déduction forfaitaire de cotisations patronales et des exonérations de cotisations sociales et fiscales pour les salariés. La semaine dernière, la Cour des comptes a sévèrement critiqué le coût de ces exonérations (plus de 4 milliards d'euros par an), suggérant leur abrogation ou une adaptation qui supprimerait l'exonération d'impôt sur le revenu.

    Sur un an, le nombre d'heures supplémentaires augmente dans les entreprises de toutes tailles. Si elle est moindre dans les petites entreprises, notamment dans celles de 10 à 19 salariés (+ 3,9 %), et celles de 20 à 49 salariés (+ 8,7 %), elle est en revanche très forte dans les entreprises de 250 à 499 salariés (+ 23,5 %).

    Tous les secteurs ne recourent pas aux heures supplémentaires de la même manière. Ainsi le nombre moyen « d'heures sup » est en forte hausse dans le secteur de la fabrication de matériels de transports (+ 45,9 %), la fabrication de produits industriels (+ 26,9 %) ou les services administratifs et de soutien (+ 19,4 %). En revanche, il enregistre une baisse dans trois secteurs : les activités immobilières (- 26,1 %), le secteur de l'information et de la communication (- 13,6 %), ainsi que les activités financières et d'assurance (- 7,8 %). I. M.


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  • Le budget « rénovation » de l'Elysée s'envole littéralement

     


     

    L'Elysée fait supporter par des ministères certaines de ses dépenses, affichant ainsi la vertu budgétaire exigée de tous.

    En apparence, l'Elysée applique à lui-même la rigueur budgétaire exigée de l'ensemble de l'Etat. La dotation du « Château » pour 2011 ressort en baisse de 0,2 % par rapport à 2010, à 112,29 millions d'euros. Ceci résulte d'un effet de périmètre : après Marly-le-Roi et Rambouillet en 2009, la présidence de la République se sépare de Souzy-La-Briche. Depuis le 1er octobre, ce domaine n'est plus une résidence présidentielle. Sa gestion a été confiée au ministère de la Culture dans l'attente d'une vente, ce qui diminue de 235.000 euros le budget de L'Elysée. Une fois neutralisé ce transfert, la dotation ressort donc stable en valeur d'une année sur l'autre, et non en baisse.

    Par ailleurs, le budget de l'Elysée ne reprend pas à son compte le coût des déplacements qu'effectueront Nicolas Sarkozy et l'entourage du chef de l'Etat dans le cadre de la présidence française du G8-G20 cet automne et l'année prochaine. C'est au ministère des Affaires étrangères qu'il reviendra de supporter la facture. Dans ces conditions, rien d'étonnant à ce que l'enveloppe consacrée aux déplacements présidentiels baisse en 2011 de 2,3 % à 20,72 millions d'euros.

    Les charges de personnel s'inscrivent aussi en baisse à 66,95 millions d'euros, traduisant la réduction des effectifs. Au 31 août dernier, on dénombrait 929 personnes à l'Elysée contre 943 un an auparavant. Ce personnel, dont on a réduit la décoration florale dans les bureaux et le nombre de plateaux-repas, peut-on lire dans les documents annexés au projet de budget pour 2011, travaillera dans un environnement modernisé.

    Mise à niveau

    Le budget consacré aux équipements et travaux de l'Elysée s'envole : + 70 % à 4,23 millions d'euros. Il s'agit de mettre à niveau les moyens informatiques et de télécommunications du palais de l'Elysée, mais aussi de rénover et de réhabiliter un bâtiment plein de courants d'air. Anne Eveno


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  • Tous ces impôts qui partent en fumée

    Dans ce pays durement touché par la crise, il est un secteur qui se porte bien : le marché noir. Un journaliste en a fait l’expérience, armé de sa calculette.

    Marius Jokubaitis | Lietuvos Rytas

     


     

    Acheter du gazole aux chauffeurs biélorusses qui font un arrêt sur les aires de repos aux alentours de Vilnius, c’est plutôt facile. Mais ma voiture roule à l’essence. Je décide donc de chercher des vendeurs de carburant sur Internet.

    Les trois quarts des vendeurs y proposent du gazole. Pas compliqué de comprendre pourquoi : le gazole arrive en grande quantité dans les réservoirs des camions. L’essence, elle, est transportée dans des bidons cachés dans les voitures ou les minibus. En appelant plusieurs des numéros de téléphone indiqués, j’apprends tout d’abord que, en ce moment, l’essence est en rupture de stock. Mais, finalement, je réussis à m’entendre avec un vendeur, et nous convenons d’un rendez-vous.

    “Est-ce que tu sais où se trouve mon garage ?” Sa question laisse entendre que la majorité des acheteurs de cette essence importée frauduleusement sont des clients fidèles et loyaux. Les acheteurs occasionnels comme moi sont plutôt rares. Les vendeurs évitent d’avoir affaire à eux ; ils craignent qu’il ne s’agisse d’un policier ou d’un inspecteur des impôts sous couverture.

    Une Volkswagen bleue m’attend près du garage. A l’intérieur, un chien à l’air méchant est assis à côté du chauffeur. Est-il là pour flairer le guet-apens ?
    “Combien je vous en mets ?”
    Pour une première fois, 40 litres suffiront. D’où vient cette essence ?
    Est-elle de qualité ?
    Peut-être est-elle mélangée avec de l’essence 92 ? Je bombarde le jeune homme de questions.
    “Personne ne s’en est jamais plaint. Mes vendeurs sont fidèles. C’est de l’essence biélorusse, de la 95. Tu verras par toi-même que l’essence n’est pas mélangée”, m’explique-t-il d’un ton calme. J’espérais voir derrière les portes de son garage une petite station-service illégale, des jerricans remplis de carburant entassés jusqu’au plafond.

    Mais l’endroit est presque vide : quelques bidons d’essence, une pompe électrique et un tuyau. Le vendeur m’explique qu’il n’y entrepose jamais de grandes quantités. Si des inspecteurs le surprenaient, il pourrait expliquer que ces bidons sont destinés à son usage personnel. Combien est-ce que je lui dois ?
    Il me demande 3,40 litas [0,98 euros] pour un litre. Ce jour-là, dans les stations-service de Vilnius, le litre d’essence 95 est à 4,11 litas… A la pompe, ces 40 litres m’auraient coûté 28,4 litas de plus. [1 lita = 0,28 euro.]

    Si je venais faire le plein chaque semaine dans ce garage, j’économiserais 114 litas par mois. A la fin de l’année, j’aurais 1 370 litas de plus dans mon porte-monnaie. Quel préjudice ma transaction fait-elle subir à l’Etat ?
    Pour 1 litre d’essence vendue légalement, l’Etat perçoit environ 2,2 litas. En faisant le plein avec de l’essence de contrebande, je prive les caisses de l’Etat de 88 litas. Si je consommais ce carburant toute l’année, mon attitude ferait perdre 4 500 litas à l’Etat.

    Et pour le gazole, qu’en coûterait-il ?
    Le coût d’un litre de gazole importé illégalement est de 2,40 litas ; à la pompe, il s’affiche à 3,56 litas. Supposons qu’un conducteur consomme 700 litres de gazole par an. La TVA et les accises [impôt indirect sur la consommation] représentant 44 % du prix d’un litre de gazole, le manque à gagner pour l’Etat se monterait à 1 100 litas. Soit le coût annuel de la formation d’un élève.

    En Lituanie, le marché de la contrebande de cigarettes est encore plus important que celui des carburants. Mais les vendeurs de cigarettes sont encore plus prudents que les “pompistes” qui officient dans leur garage. Finalement, j’apprends qu’on peut en acheter dans l’un des immeubles du quartier Naujamiescio de Vilnius. La vente se déroule directement par l’une des fenêtres du rez-de-chaussée de l’un des immeubles à quatre étages de la rue Algirdo. Si des individus suspects approchent, les enfants du quartier préviennent immédiatement les vendeurs. “Il faut frapper au carreau”, me souffle un acheteur. Sans un mot, il glisse 3,30 litas au vendeur qui a passé la tête par la fenêtre et reçoit en échange un paquet de Saint George. La fenêtre se referme aussitôt.

    Dans un magasin, le même paquet coûte 6,40 litas. Les taxes et la TVA constituent 85 % du prix des paquets les moins chers. Dans ce cas, le budget de l’Etat lituanien a perdu 5,44 litas. Selon les données d’une enquête menée par JTI Marketing and Sale, grossiste en cigarettes, 62 % des fumeurs s’approvisionnent au marché noir. L’Etat y perdrait chaque année 550 millions de litas [159 millions d’euros].


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  • La finance, autre secret honteux du Vatican

    Au cœur d’un nouveau scandale, le Saint-Siège fait l’objet d’une enquête dans une affaire de blanchiment d’argent. La fin de l’impunité ?

    Rachel Donadio | The New York Times

     


    Le pape Benoit XVI et le président de la banque du Vatican Ettore Gotti Tedeschi, au Vatican, 26 septembre 2010.

     

    L’ouverture d’une enquête du parquet de Rome au sujet de la banque du Vatican témoigne certes de la volonté de l’Etat de contrôler l’Eglise, mais elle révèle également un défi majeur que le Saint-Siège va devoir relever : l’ouverture au monde moderne.

    Le Vatican s’est toujours considéré comme un Etat différent des autres, obéissant à d’autres lois. A ce titre, sa gestion des scandales pédophiles était déjà révélatrice. Cette fois-ci, c’est l’opacité de ses comptes qui est en cause puisque, pour la première fois, le Saint-Siège est prié de se plier aux normes très strictes de l’UE relatives au blanchiment d’argent.

    Lorsque l’Europe s’est reconstruite après la Seconde Guerre mondiale en équilibrant les pouvoirs grâce à des traités et des accords bancaires, le Vatican est resté une anomalie : la dernière monarchie absolue en Occident (!). Mais aujourd’hui, ses traditions se heurtent aux institutions laïques, qui considèrent de plus en plus l’Eglise catholique comme une multinationale ordinaire.

    “Le Vatican doit comprendre que le monde a changé, lance Donato Masciandaro, directeur du département économie à l’université Bocconi de Milan et spécialiste des lois sur le blanchiment d’argent. Sans cela, il risque d’enfreindre constamment les directives sur le blanchiment d’argent.” Cette enquête est un coup dur non seulement pour le Vatican mais aussi pour l’Italie, écartelée entre ses engagements envers l’UE et son réseau bancaire noyauté par le pouvoir.

    La déférence envers le Saint-Siège reste toutefois d’usage dans le pays : le contentieux entre l’Etat et l’Eglise que constitue l’ouverture de l’enquête du parquet, d’une ampleur sans précédent depuis au moins une dizaine d’années, n’a pas fait la une d’Il Sole 24 Ore. Le quotidien financier de référence en Italie a relégué l’information en page 18 avec un article complaisant sur la visite du pape en Grande-Bretagne.

    La partie visible de l’iceberg

    Tout a commencé le 20 septembre : le parquet de Rome a saisi 30 millions de dollars [22 millions d’euros] sur le compte du Vatican et ouvert une enquête mettant en cause Ettore Gotti Tedeschi, le président de l’IOR [Institut des œuvres religieuses, la banque du Vatican] et son directeur général, Paolo Cipriani. La justice leur reproche de ne pas avoir justifié deux transferts de fonds réalisés à partir d’un compte d’une autre banque, le Credito Artigiano. Pour le Saint-Siège, cette enquête est un “malentendu”. Pour Gotti Tedeschi il s’agit d’une erreur de procédure montée en épingle par les médias. Pour d’autres, en revanche, ce n’est que la partie visible de l’iceberg et la fin de l’impunité du Vatican.

    Le parquet a commencé à s’intéresser de près aux comptes du Vatican l’année dernière, à la demande de la Banque centrale italienne. Cette dernière avait déclaré pour la première fois que la banque du Vatican devait être traitée comme n’importe quelle autre banque extérieure à l’UE et donc soumise à une vigilance accrue selon les directives de 2007 contre le blanchiment d’argent. Déjà en 2003, dans le cadre d’une affaire relative à la nocivité des ondes électromagnétiques émises par Radio Vatican, la plus haute cour de justice italienne avait pris ses distances avec le Saint-Siège. Elle avait reconnu à l’Etat italien le droit de protéger ses citoyens contre des actions menées par des individus travaillant pour le Vatican. Mais cette décision n’avait pas fait jurisprudence et, si un magistrat décidait aujourd’hui de poursuivre la banque du Vatican, il faudrait s’attendre à une longue bataille juridique. Premier mystère de cette affaire : pourquoi la banque du Vatican a-t-elle demandé au Credito Artigiano un transfert de 30 millions de dollars [22 millions d’euros] en provenance d’un compte gelé par décision de justice en avril pour défaut de transparence dans des transactions précédentes ?

    Certains y voient une tentative délibérée de la part du Vatican. “Evidemment c’était un coup hasardeux”, estime Ignazio Ingrao, spécialiste du Vatican de l’hebdomadaire d’informations italien Panorama, qui a été le premier à révéler en décembre 2009 les enquêtes dont la banque du Vatican faisait l’objet. “Elle voulait lui forcer la main, en espérant que le Credito Artigiano l’aiderait.”

    Mais ce dernier était tenu de signaler cette opération suspecte à la Banque d’Italie. Celle-ci venait en effet de rappeler – pour la deuxième fois de l’année – à toutes les banques italiennes que les transactions de la banque du Vatican devaient être passées au peigne fin, sous peine de poursuites.

    Autre mystère : que s’est-il passé entre le 6 septembre, date de la demande de transfert, et le 14 septembre, date à laquelle le Credito Artigiano a alerté la Banque d’Italie ? Gotti Tedeschi a-t-il essayé de faire pression sur Giovanni De Censi, directeur de la société mère du Credito Artigiano, le Credito Valtellinese, également consul­tant pour la banque du Vatican ? De Censi s’est refusé à tout commentaire. Cette affaire intervient à un moment où le Vatican subit d’intenses pressions de la justice concernant de nombreuses affaires d’abus sexuels, notamment en Belgique, où les autorités ont effectué des descentes de police dans plusieurs propriétés de l’Eglise. Les ban­ques italiennes sont également sous le coup d’une tentative de prise de pouvoir par la Ligue du Nord de l’establishment bancaire catholique. L’IOR, banque ordinaire ?

    De son côté, le Vatican avait nommé l’année dernière Gotti Tedeschi, banquier et professeur d’éthique de la finance à l’université catholique de Milan, pour réorganiser et rationaliser ses finances, gérées par des entités disparates souvent déconnectées. Le Vatican est également en pourparlers avec l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique), qui fixe les normes de transparence, et le GAFI (Groupe d’action financière internationale), chargé d’organiser des mesures contre le blanchiment d’argent et le financement des organisations terroristes. Le but étant pour le Saint-Siège de réintégrer la “liste blanche” des pays exemplaires en matière de transparence…

    “Des discussions sont en cours”, reconnaît Jeffrey Owens, directeur du Centre pour la politique fiscale à l’OCDE. “Pour nous, le Vatican doit être traité comme n’importe quel autre Etat et se soumettre à la même surveillance. Le rythme des négociations dépend de lui.” Pourtant, avant de participer aux accords internationaux, le Saint-Siège devra résoudre une ambiguïté fondamentale concernant la définition de sa banque. Il maintient qu’il ne s’agit pas d’une banque ordinaire, mais plutôt d’une entité qui gère les biens de ses organisations religieuses, ce que récuse la Banque d’Italie. “Les enjeux de ce bras de fer sont particulièrement compliqués, estime M. Ignazio Ingrao. Et il risque de durer encore longtemps.”

    L'auteur

    D’abord journaliste au New York Observer puis à la New York Times Book Review, Rachel Donadio est depuis 2008 la correspondante en chef du New York Times à Rome. Elle livre ici un point de vue distancié sur les relations entre le Saint-Siège, l’Italie et l’Union européenne.

    Repère

    Surnommé “la banque des prêtres”, l’Institut des œuvres religieuses (IOR) a été fondé en 1942 par Pie XII pour assurer l’administration des biens de l’Eglise catholique. Son histoire est émaillée de divers scandales. L’un des plus retentissants, la faillite de la banque italienne Ambrosiano – dont l’IOR était le principal actionnaire –, remonte à 1982. L’enquête a montré que la banque Ambrosiano recyclait l’argent de la Mafia, mettant en cause le dirigeant de l’IOR à l’époque, Paul Marcinkus, dit “le banquier de Dieu”. Le patrimoine de la banque du Vatican est estimé à 5 milliards d’euros.


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