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Par emile11111 le 17 Octobre 2010 à 09:17
Pollution : le cas hongrois loin d'être isolé en Europe
Malgré l'existence de nombreux sites menaçants, l'Union ne modifie pas pour le moment son arsenal législatif
Alors que l'urgence s'éloigne en Hongrie, après la marée rouge de boues industrielles toxiques qui a dévasté la région d'Ajka, l'inquiétude s'étend à l'ensemble de l'Europe. Evacués depuis une semaine, les habitants de Kolontar ont regagné, vendredi 15 octobre dans l'après-midi, leur village, désormais protégé par des digues.
Au même moment, le gouvernement ordonnait le redémarrage de l'usine d'aluminium MAL, où la rupture d'un réservoir, le 4 octobre, a lâché la vague de 700 000 m3 de boue empoisonnée. " Les décisions du gouvernement sont irresponsables, puisque les raisons exactes de l'accident n'ont pas encore été clarifiées ", dénonce Greenpeace, qui s'alarme aussi de la pollution de l'air, à mesure que sèche la boue qui recouvre le village et ses environs.
Mais les organisations écologistes regardent désormais au-delà d'Ajka. Selon elles, l'Europe n'est pas à l'abri d'une nouvelle catastrophe. Ailleurs en Hongrie, à Almasfuzito, ou en Roumanie, à Tulcea, et dans la plupart des anciens pays communistes, d'immenses bassins chargés de millions de mètres cubes de boues toxiques sont autant de bombes à retardement qui menacent le Danube.
La plupart des 150 exploitations minières dans les Balkans présentent des " risques sérieux pour l'environnement ", s'est aussi inquiétée, vendredi, une porte-parole du Programme des Nations unies pour l'environnement, Isabelle Valentiny. " La région est remplie de sites qui ont souvent été abandonnés lors du conflit en ex-Yougoslavie, qui n'ont pas été proprement fermés et qui n'ont plus de propriétaire ", a-t-elle expliqué, estimant que " les problèmes de pollution sont à certains endroits vraiment très sérieux ".
Apportant sa voix à ce choeur alarmiste, l'agence allemande de notation environnementale Oekom assure que la catastrophe en Hongrie " n'est pas un cas exceptionnel ", mais au contraire " symptomatique de l'industrie minière et métallurgique ", dans un rapport publié jeudi 14 octobre. " Plus de 50 % des compagnies minières que nous avons analysées ont été responsables de graves dommages à l'environnement ", souligne Kristina Rüter, directrice de recherche chez Oekom.
Face à cet état des lieux, WWF et d'autres associations écologistes jugent la législation européenne " insuffisante " : la boue rouge, issue de la transformation de la bauxite en aluminium, est considérée non comme un déchet dangereux mais comme un résidu " inerte ", bien qu'elle contienne de la soude caustique et soit légèrement radioactive. " Ce classement est le fruit des efforts du lobby de l'aluminium ", dénonce Jacky Bonnemains, président de l'organisation Robin des bois.
Résultat : la stricte directive sur les déchets dangereux ne s'applique pas aux bassins de boue rouge. Ces sites sont couverts par les directives sur les déchets de l'industrie extractive - qui ne prévoit l'introduction de conditions sévères pour les industriels qu'en 2012 - et sur la maîtrise et la prévention des pollutions. En vertu de ces textes, la délivrance des permis d'exploitation aurait dû prendre en compte la sécurité des bassins, le respect de l'environnement, l'information et la protection du public, la provision de sommes couvrant les dépenses en cas d'accident... Autant d'éléments visiblement absents sur le site d'Ajka.
" Prématuré "
Modifier la législation sur les déchets industriels serait " prématuré ", a pourtant répondu, jeudi, le commissaire européen à l'environnement, Janez Potocnik. " Je tiens à rappeler qu'il ne suffit pas d'avoir une législation, encore faut-il la mettre en oeuvre et surveiller cette mise en oeuvre ", a plaidé le Slovène.
Dans l'entourage du commissaire européen, on précise que la Commission pourrait lancer une procédure de sanction contre Budapest s'il apparaissait que le pays n'a pas appliqué les règles en vigueur. " Nous avons demandé à la Hongrie un rapport précisant de quelle façon elle a transcrit les normes européennes dans sa législation et comment elle les a fait respecter sur le terrain ", précise un collaborateur de M. Potocnik.
Des photos aériennes prises en juin ont montré que le réservoir fuyait depuis des mois. Selon le quotidien hongrois Nepszabadsag, la police a collecté des témoignages d'ouvriers attestant que la direction de l'usine était au courant de ces fuites depuis des semaines. Chacun se demande comment l'inspection conduite sur place par les services régionaux de l'environnement, le 23 septembre, n'a rien décelé d'anormal. " Il serait plus satisfaisant pour l'Europe de pouvoir mener des inspections indépendantes sur ces sites industriels ", reconnaît-on au cabinet de M. Potocnik. C'est pour l'instant impossible.
Grégoire Allix
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Des ravages à long terme
Bilan La coulée de 700 000 m3 de boue rouge, lundi 4 octobre, en Hongrie, a fait 9 morts, dévasté sept villages, pollué les sols sur 1 000 hectares, tué les plantes et détruit l'écosystème des rivières, probablement pour des années.
Polluants La transformation de la bauxite en aluminium produit chaque année 70 millions de tonnes de boues rouges extrêmement alcalines, contenant de l'arsenic, de la soude caustique et de nombreux métaux lourds.
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Des ravages à long terme
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Par emile11111 le 17 Octobre 2010 à 09:13
Pesticides et microbes sur les étals de Phnom Penh
Légumes au sulfite et viandes au formol se retrouvent sur les tables cambodgiennes, affirme l’hebdomadaire francophone de la capitale.
Natural Agri-Product Marketing Project (NAP) - du Centre d’études sur le développement agricole du Cambodge (CEDAC)
Sur les marchés du pays, il n’est pas rare d’entendre dire que les fruits et légumes locaux sont bien meilleurs que ceux importés de Thaïlande et du Vietnam. Conséquence du passé troublé de ces dernières décennies, les sols cambodgiens ont été relativement épargnés par les engrais et les pesticides. Mais, dans sa marche effrénée vers le progrès, le pays est en train de rattraper son retard. “De plus en plus d’entreprises importent des pesticides et font de la publicité pour leurs produits”, analyse Keam Makarady, directeur du Programme santé environnement au Centre d’études sur le développement agricole du Cambodge (CEDAC). En 2008, sur 147 engrais chimiques disponibles au Cambodge, 40 à 50 d’entre eux étaient nocifs pour les utilisateurs et les consommateurs ; 51 % des engrais étaient importés du Vietnam, 37 % de Thaïlande. Le Conseil pour le développement du Cambodge notait qu’en l’an 2000 le pays avait dépensé quelque 50 millions de dollars en engrais et pesticides. La même année, une enquête conduite par le CEDAC montrait que sur les 933 agriculteurs interrogés, 67 % utilisaient des pesticides.
Potentiellement létaux
Si le Cambodge a bien signé, en 2001, la Convention de Stockholm sur les polluants organiques persistants (POP), l’absence de contrôle aux frontières pose question.
Sieng Huy, directrice exécutive de l’Association des chimistes du Cambodge (ACC), assure que les autorités font leur travail mais que les trafiquants innovent sans cesse pour commercialiser leurs produits. Au sein de l’association, plusieurs chimistes se sont penchés sur leur assiette. Des substances interdites comme le parathion-méthyle, un insecticide, ou l’acide salicylique sont souvent utilisées pour une dizaine de légumes tels que le brocoli de Chine, le haricot, le liseron d’eau ou encore le céleri doux. Le parathion-méthyle est l’une des substances les plus dangereuses au monde. Quant à l’acide salicylique, il a la particularité de donner une belle couleur aux fruits et légumes et de les conserver plus longtemps, mais, utilisé en trop grande quantité, il peut être mortel. Dans un autre genre, l’hydrosulfite de sodium, un agent blanchissant, se trouve dans les pousses de soja, le gingembre, la citronnelle, la noix de coco, ainsi que dans le sucre de palme. “Ce produit peut entraîner des baisses de tension, des douleurs au ventre, des vomissements et, dans certains cas, la mort”, ajoute Sieng Huy.
Parmi les étudiants du chercheur Chrun Rithy à la faculté agro-industrielle, certains n’oseront sûrement plus manger de porc. L’étude qu’ils ont réalisée cette année, intitulée “Contamination microbienne de la viande de porc crue”, a également de quoi faire froid dans le dos. “Nous avons récupéré de la viande arrivant sur dix des marchés de Phnom Penh, en provenance directe des abattoirs, indique Chrun Rithy. Pour huit d’entre eux, la viande était impropre à la consommation. Elle est transportée sans précaution, ce qui permet aux bactéries de proliférer. Et encore, elle contient probablement davantage de microbes lors de l’achat, car elle n’est pas conservée au frais sur les marchés.”
Une visite nocturne dans un abattoir de Phnom Penh confirme cet état des lieux : la rusticité des moyens ne permet que d’utiliser la méthode traditionnelle d’égorgement. Le sol ruisselle de sang, les employés travaillent avec leurs habits de tous les jours ou torse nu, sans gants. Les bêtes abattues sont découpées et les morceaux attachés sur des motos qui partent en direction des marchés. Le vétérinaire, qui n’arrive sur place que vers 4 heures du matin, vérifie la viande à l’œil nu – quand celle ci n’a pas déjà été vendue. “Les abattoirs ne sont pas aux normes internationales”, reconnaît Chieng Chum Ly, chef des vétérinaires de Phnom Penh. “Un tel investissement coûterait une vingtaine de millions de dollars par abattoir.” Quant aux accusations de corruption des vétérinaires, qui ont la fâcheuse réputation d’accepter des petits billets pour fermer les yeux sur la viande de mauvaise qualité, le chef des vétérinaires les infirme et défend ses confrères : “Ils ont le sens du devoir et des responsabilités.”
D’une fraîcheur douteuse
Chez les commerçants, l’utilisation du formol – ou formaldéhyde – comme conservateur reste fréquente alors qu’elle est formellement interdite. Selon Sieng Huy, cette substance peut provoquer des évanouissements, des problèmes respiratoires, des diarrhées, voire être létale. Le formaldéhyde a été classé comme cancérigène par le Centre international de recherche sur le cancer, une branche de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Le borax, un sel, est également utilisé pour conserver les poissons, la viande ou les nouilles sèches alors qu’on le soupçonne d’avoir des effets néfastes sur la vessie, la peau et les voies digestives. Le salut viendra-t-il des coquillages, poissons et crustacés ? Rien n’est moins sûr. “Nous avons de gros doutes sur la qualité des produits de la mer”, indique Mao Dareth, chef du bureau de la santé alimentaire et des médicaments à Phnom Penh. Ici aussi, ce sont les conservateurs, comme le formol, qui sont en cause.
De leur côté, les commerçants du marché central de Phnom Penh se défendent radicalement de tout traitement chimique pour les fruits de mer. “La consommation de fruits de mer est devenue très importante dans la capitale, et il est primordial d’avoir des produits de qualité”, estime une responsable de l’entreprise de vente en gros Keang You Seafood, dont le siège est à Sihanoukville et dont l’une des succursales se trouve à Phnom Penh.
Restent malgré tout de nombreuses zones d’ombre sur la qualité et la fraîcheur des produits de la mer vendus à Phnom Penh. “Ils viennent pour la plupart du Cambodge, mais certains sont importés du Canada, de Thaïlande ou du Vietnam”, explique Sokhom, vendeuse au marché central. “En d’autres termes, les temps de transport sont exorbitants comparés à ce qu’ils devraient être étant donné la chaleur et l’humidité en Asie du Sud-Est.”
Si, sur les étals des marchés, les produits ont visiblement une apparence normale, il n’est pas interdit de penser que certaines méthodes de conservation n’ont rien de très naturel. Les Phnompenhois continuent à acheter ces denrées et font confiance aux commerçants, à défaut d’autre solution. Parole de Khmer, mieux vaut quand même consommer poissons et fruits de mer sur le littoral.
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Par emile11111 le 17 Octobre 2010 à 09:05
Boues rouges : ces vies volées au nom du profit
Premiers responsables : les patrons peu soucieux de sécurité. Mais l’Etat, les ONG et les médias ont aussi un rôle à jouer pour éviter de nouveaux drames.
Róbert Braun | Hírszerzö
Le 4 octobre dernier, à 12 h 30, Etelka Stump s’apprêtait à déjeuner lorsque sa porte a cédé sous la pression d’une boue rouge qui a tout envahi. Quarante-cinq minutes plus tard, elle réussissait à s’échapper de la maison, dans laquelle elle a perdu tous ses biens. Les propriétaires de MAL Zrt [l’usine d’aluminium dont le bassin de décantation a cédé], un patrimoine qui les place parmi les Hongrois les plus fortunés, ont exploité la vie d’Etelka Stump, ainsi que celle de plusieurs milliers d’habitants de Kolontár et de Devecser. Ils leur ont pris leurs maisons, leurs biens et leur avenir sans les prévenir. Etelka et ses compagnons d’infortune paient le prix fort, mais nous – habitants d’Ajka, de Gyr, de Budapest – nous apportons également notre contribution : avec nos impôts, il faudra décontaminer les terres, dédommager les sinistrés et contribuer aux aides sociales de ceux qui ont perdu leur emploi. La fabrication de l’aluminium aurait dû mourir avec la fin du communisme. L’aluminium hongrois est de mauvaise qualité, son extraction coûte cher, il n’est pas compétitif sur le marché. Dans d’autres pays, les frais de stockage des produits toxiques et leur neutralisation élèvent considérablement le prix du produit ; mais pas en Hongrie : l’aluminium hongrois a pu rester compétitif au prix de la vie d’Etelka Stump et de ses compagnons. Mais les propriétaires de MAL ne sont pas les seuls responsables. C’est l’Etat – ses commis et ses politiciens – qui leur a permis de ne pas se conformer aux réglementations qui obligent à réinvestir. La municipalité encaissait les taxes (s’élevant à des milliards de forints) sans prendre de mesures préventives.
La presse aurait dû parler plus tôt de Kolontár. Elle aurait dû parler d’Etelka Stump et de ses proches durant les trente années où elle a travaillé à l’usine d’aluminium et était soumise aux risques de ce qu’elle vient de perdre. La responsabilité collective est un concept auquel peu de gens s’intéressent. Mais derrière ce concept, il y a des vies, de l’argent et des risques. On ne parle pas ici de dons ni de conscience écologique, mais de la vie d’Etelka Stump.
Ailleurs aussi, il a fallu des catastrophes pour que la responsabilité des entreprises soit mise en avant. Rappelons-nous les ravages causés par Union Carbide à Bhopal ou la marée noire provoquée par l’Exxon Valdez au large de l’Alaska.
Nous aurions dû être plus intelligents et profiter des erreurs des autres. Il n’est pas trop tard, il y a des milliers de Kolontár à travers le pays. Les entreprises ne peuvent pas résoudre ce problème seules, nous devons les aider, autant que nous sommes : l’Etat, en réglementant et en incitant ; les ONG, en faisant pression ; les médias, en révélant et en dénonçant. Les PDG et propriétaires d’entreprise doivent quant à eux être attentifs aux risques et les intégrer dans le fonctionnement de leur usine.
C’est au prix de l’estimation des risques que le profit se justifie. Les chefs d’entreprise doivent comprendre que, derrière des installations au rabais, il y a des vies humaines, souvent proches (comme celles d’Etelka Stump et de sa famille), parfois lointaines (comme celles des travailleurs chinois et cambodgiens tenus en esclavage), parfois encore plus lointaines (comme nos enfants pas encore nés).
Quant à savoir si le sacrifice des habitants de Devecser restera une note de bas de page dans l’histoire du précapitalisme hongrois ou s’il marque le début d’un management durable et responsable, cela ne dépend que de nous. Le drame et la crise sont l’occasion de changer de méthodes et de choisir de vivre dans un pays meilleur et plus heureux.
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Par emile11111 le 17 Octobre 2010 à 09:01
IRLANDE • Une nouvelle vague d’exilés
La crise profonde dans laquelle se débat le pays pousse les jeunes les mieux formés à s’expatrier.
David Sharrock | The Independent
Cette expérience, toutes les familles irlandaises l’ont vécue, mais elles la croyaient reléguée dans le passé : le trajet jusqu’à l’aéroport de Dublin, les adieux, et puis l’exil économique. Il y a quelques jours, Frank O’Brien, maître de conférences en relations d’affaires internationales, a dit au revoir à ses fils dans le hall des départs. Sa femme, Mary, était trop émue pour les accompagner. “Le plus dur est que mes garçons sont ce qu’il y a de mieux”, explique Frank O’Brien, la voix brisée par l’amertume et la colère. “Nous les avons bien élevés, ils ont décroché d’excellents diplômes. Le travail ne leur fait pas peur. Et ce sont eux qui doivent s’en aller.”
Tous ses voisins font eux aussi le déprimant trajet entre Greystones, une banlieue de classes moyennes au sud de Dublin, et le terminal flambant neuf de l’aéroport. “C’est un monument au nouveau Grand Exode, une sorte de folie victorienne. Il faut voir tous ces gens qui s’embrassent en pleurant. Nous avons construit des musées consacrés à l’histoire de notre émigration en pensant que c’était fini, mais maintenant c’est le retour à la case départ. Mes amis de l’autre côte de la rue, leurs trois fils sont partis, et, un peu plus loin, il y a une autre famille dont un garçon et une fille sont partis aussi.” Quant aux enfants de Frank, Michael, 29 ans, et Stephen, 23 ans, ils vivent maintenant à Vancouver, au Canada.
Ce sont les meilleurs qui partent
“Quand Michael m’a annoncé son projet, je lui ai dit : ‘Mon fils, si j’avais un billet d’avion, je m’en irais ce matin même, ça ne sert plus à rien de rester ici.’ Une vingtaine de ses amis sont déjà installés à Vancouver. Mais quelles sont les chances de voir mes enfants revenir ? Faibles, vu les 50 milliards d’euros nécessaires pour sortir le pays de la panade. Nous perdons les meilleurs éléments de toute une génération.”
La diaspora est célébrée avec mélancolie dans la poésie et les chansons irlandaises, qui souvent mettent la mauvaise fortune des Irlandais sur le compte des Britanniques, leurs anciens maîtres coloniaux. Mais, quand le récit de cette nouvelle vague d’émigration sera archivé sur Facebook et Twitter, les futurs historiens sauront qu’il faudra en faire porter la responsabilité au gouvernement irlandais et à la cupidité créée par une énorme bulle immobilière.
“Je suis déjà passé par là, se souvient Frank. Dans les années 1950, quand j’avais entre 12 et 17 ans, j’ai rarement vu mon père – il travaillait comme monteur en Angleterre. Ensuite, dans les années 1980, Mary et moi avons travaillé quatre ans aux Etats-Unis. Mais nous avons osé croire que tout ça, c’était fini. Je disais de Michael qu’il était ‘un grand bébé du tigre celtique’. Il a trouvé un bon emploi dans une banque deux jours après avoir terminé ses études et, moins d’une semaine après, tout son service passait le week-end à Chypre. Nous avons tenté de le prévenir que ça n’était pas normal. Je crois que c’est le jour où j’ai remarqué dans le quartier une petite maison mitoyenne mise en vente pour 350 000 euros, il y a cinq ans, que j’ai réalisé que tout ça ne pouvait pas durer.” Le cadet, Stephen, a également choisi de travailler dans la banque.
32 % du PIB
Deux ans après l’engagement pris par le gouvernement de garantir les créances des cinq principales banques du pays, qui avaient octroyé des prêts à tort et à travers durant le boom de l’immobilier, la facture est tombée : il faudra 50 milliards d’euros pour les renflouer, soit l’équivalent de 32 % du PIB.
On estime que 100 000 personnes en âge de travailler auront quitté l’Irlande à la fin de l’année. Le taux de chômage officiel est de 13,6 %. D’après les syndicats, il est en réalité de 20 %.Fuite des cerveaux
“Les cerveaux quittent le pays”, annonçait fin septembre Jyllands-Posten. Chaque année, 20 000 à 22 000 diplômés quittent en effet le Danemark. Dans les années 1960, 66 % de ces émigrés qualifiés rentraient au pays après deux ans. Aujourd'hui, ils ne sont plus que 49 % à revenir après deux, six ou dix ans à l'étranger.
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Par emile11111 le 17 Octobre 2010 à 08:57
ÉTATS-UNIS • Non, les immigrés ne volent pas nos emplois
Loin d’être une menace, l’afflux de travailleurs étrangers stimule l’économie américaine et fait grimper les salaires, affirme un rapport. Interview de l’auteur.
Mark Engler | Foreign Policy in Focus
Giovanni Peri, professeur associé à l’université de Californie à Davis, a publié fin août, pour le compte de la Réserve fédérale régionale de San Francisco, un rapport sur les conséquences économiques de l’immigration. “En chiffres nets, conclut le chercheur, les immigrés accroissent la capacité de production des Etats-Unis, stimulent l’investissement et favorisent la spécialisation, ce qui à long terme accroît la productivité. Et, conformément à ce qu’ont déjà montré des travaux antérieurs, ce processus n’a pas de conséquences négatives pour l’emploi des personnes nées aux Etats-Unis.”
En d’autres termes, les immigrés ne volent pas des emplois qui seraient revenus à des Américains. Les conclusions de Giovanni Peri ont été très commentées – et critiquées – sur les blogs politiques aux Etats- Unis. On leur a notamment reproché de contredire la théorie de l’offre et de la demande.
Si l’apport de travailleurs à bas salaires dans l’économie augmente, pourquoi cela ne fait-il pas baisser les rémunérations ?
Giovanni Peri Tout le monde semble comprendre la loi de l’offre et de la demande. Ce qui est peut-être un peu plus difficile à saisir, c’est l’opposition entre complémentarité et substitution, qui est une notion tout aussi fondamentale en économie. Si deux travailleurs sont identiques, la loi de l’offre et de la demande s’applique – de même que, si l’on met plus de maïs sur le marché, son prix va baisser. Mais, lorsque deux personnes qui ne font pas le même travail se spécialisent dans des tâches complémentaires, cela peut accroître les salaires et la productivité de l’une et de l’autre.
Prenons un exemple extrême. Si vous avez seulement un ingénieur, vous n’allez pas pouvoir faire grand-chose. Mais avec un ingénieur et un ouvrier vous pouvez construire un bâtiment. Ainsi, la productivité de l’ingénieur monte en flèche. Et les salaires des deux travailleurs augmentent. En fait, l’afflux d’immigrés incite certains autochtones à exercer des métiers complémentaires. Cela peut avoir des effets positifs.
Il n’empêche que nombre d’Américains ne se perçoivent pas comme complémentaires. Ils se sentent simplement menacés.
Un autochtone a généralement une meilleure connaissance de la langue, ce qui, en soi, différencie les tâches qu’il peut accomplir. Dès que l’on examine les statistiques relatives aux types de professions exercées depuis quarante ans, en particulier dans les Etats comptant beaucoup d’immigrés, on observe que les Américains de souche tendent à occuper des emplois de chef de chantier ou de répartiteur de taxis plutôt que d’ouvrier du bâtiment ou de chauffeur. En moyenne, cela s’est traduit par des gains. Pour revenir au plan individuel, un Américain de souche qui a débuté il y a trente ans comme ouvrier agricole en Californie et qui cueille encore des fraises aujourd’hui peut se sentir perdant. Mais il faut vraiment chercher pour trouver un Américain qui fait encore ce genre de boulot. Il est bien plus courant de voir d’anciens ouvriers agricoles occuper des postes situés un peu plus haut dans l’échelle – chef d’exploitation, par exemple.
A mon avis, la confusion vient en partie du fait que les gens perçoivent l’économie comme ayant un nombre d’emplois fixe, limité.
Tout à fait. Or le marché du travail aux Etats-Unis est particulièrement dynamique. Chaque mois, des centaines de milliers d’emplois disparaissent, mais il s’en crée des centaines de milliers de nouveaux. Bien entendu, en période de crise, les destructions sont plus nombreuses que les créations. Mais, en général, quand il y a davantage de travailleurs dans une économie, il y a plus de créations d’entreprises, une offre accrue, une augmentation du nombre de salariés et donc une demande plus importante. Lorsqu’un équilibre est atteint, l’économie est en expansion.
Il n’y a aucune raison qu’à long terme un travailleur supplémentaire fasse baisser les salaires. Pendant les quarante dernières années, aux Etats-Unis, le nombre d’actifs a été multiplié par deux. Et sur la même période les salaires ont progressé de 30 % ou 40 %. Reste à savoir au bout de combien de temps l’ajout d’un travailleur génère l’investissement nécessaire de la part de l’entreprise et finit donc par créer de la demande, de telle sorte qu’un travailleur supplémentaire entraîne une expansion de l’économie au lieu de priver d’emploi un autochtone. D’après mes travaux, ces mécanismes sont relativement rapides. Sur un an ou deux seulement, il n’y a déjà guère de pertes d’emplois ; les Etats à plus forte immigration connaissent simplement une expansion un peu plus rapide de leur économie. Et, au bout de quatre ou dix ans, l’investissement supplémentaire est réalisé et le capital par travailleur n’augmente plus beaucoup. On obtient donc un gain de productivité.
Mais, aux Etats-Unis, les salaires réels dans les métiers subalternes ont pratiquement stagné depuis trente ou quarante ans.
Les salaires des travailleurs très instruits ont nettement progressé. Ce sont ceux des moins instruits qui sont restés à la traîne. Les économistes essaient de comprendre pourquoi. Les retombées de la technologie, du commerce international et des délocalisations sont des explications envisagées. Nous sommes quelques-uns – avec par exemple David Card, de Berkeley, et Christian Dustmann de l’University College de Londres – à explorer aussi la piste de l’immigration. Or nous ne constatons pas d’impact négatif de l’immigration sur les salaires. Pour être précis, certaines études concluent que l’effet est nul sur l’emploi et légèrement positif sur les salaires. Et les données agrégées montrent qu’il n’y a aucun effet de substitution.
Votre constat, ce n’est pas tant que les nouveaux arrivants pénalisent les autochtones, mais qu’ils se retrouvent eux-mêmes tout au bas de l’échelle des salaires.
A certains égards, les immigrés sont en concurrence entre eux. Les nouvelles vagues de travailleurs étrangers, dans une certaine mesure, font du tort à ceux qui sont arrivés juste avant eux. Mais, si leur rémunération est faible à l’aune des Etats-Unis, elle reste tout de même très élevée par rapport à ce qu’ils toucheraient dans leur pays d’origine.
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